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"Les élèves face aux outils pédagogiques : quels risques d’inégalités ?" Dossier de la revue Recherches en Education, n° 25, mars 2016 (numéro en ligne)

26 février 2016

Recherches en éducation, n° 25, mars 2016

Les élèves face aux outils pédagogiques : quels risques d’inégalités ?

sous la coordination de Stéphane Bonnéry, Jacques Crinon et Germain Simons

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Ce numéro envisage les outils pédagogiques (manuels, fiches, albums, carnets d’écriture…) en tant que supports de l’activité intellectuelle qu’ils sollicitent, comme des intermédiaires entre les évolutions curriculaires, les pratiques des enseignants et celles des élèves lorsqu’ils y sont confrontés. Les outils pédagogiques écrits ont connu des évolutions importantes et se caractérisent aujourd’hui souvent par leur complexité et leur hétérogénéité. Leur étude permet de s’interroger sur les dispositions attendues des apprenants. Elle renvoie à une évolution des formes de littératie scolaire et des exigences auxquelles sont soumis les élèves à travers la prégnance de l’environnement écrit dans la classe.

Ces exigences peuvent mettre en difficulté de manière sélective les élèves que leur socialisation familiale a le moins familiarisés avec les attentes de l’école en la matière lorsque les enseignants, pas toujours conscients des difficultés des élèves, considèrent leur usage comme transparent et allant de soi. C’est pourquoi l’analyse didactique et/ou sociologique de ce que les supports écrits contraignent ou laissent possible et de l’utilisation qui en est faite par les élèves, possède un fort enjeu en termes de compréhension des sources d’inégalités dans les apprentissages et potentiellement, en vue de la réduction de celles-ci.

SOMMAIRE

STEPHANE BONNÉRY, JACQUES CRINON & GERMAIN SIMONS - Edito - Les élèves face aux outils pédagogiques : quels risques d’inégalités ?

ÉLIANE PAUTAL - Usages différenciés de documents pédagogiques en sciences : études de quelques raisons

PATRICIA RICHARD-PRINCIPALLI & MARIE-FRANÇOISE FRADET - Le composite dans les albums de littérature de jeunesse et ses effets différenciateurs : un exemple en cycle 2

CATHERINE DELARUE-BRETON & JACQUES CRINON - Circulation, déambulation et textes hétérogènes

ARIANE RICHARD-BOSSEZ - La fiche à l’école maternelle : un objet littératié paradoxal

HELOÏSE DURLER - L’autonomie de l’élève et ses supports pédagogiques

CATHERINE BOYER, CORA COHEN-AZRIA & ABDELKARIM ZAÏD - Le Carnet d’expériences et d’observations au cycle 2 : un outil d’apprentissage scientifique pour l’élève ?

STÉPHANE VAQUERO - Raconter le travail scolaire. Effets cognitifs et sociaux de la tenue du carnet de bord de Travaux Personnels Encadrés

SÉVERINE DE CROIX & JESSICA PENNEMAN - Lire un dossier de documents à visée informative et y circuler : un « objet enseignable » au début du secondaire ?

GERMAIN SIMONS, DANIEL DELBRASSINE & FLORENCE VAN HOOF - Risques d’inégalités des apprentissages liés à certaines caractéristiques des manuels contemporains de langues modernes en Belgique francophone

VARIA

SYLVIANE BLANC-MAXIMIN - L’éducation au patrimoine à l’école primaire : une éducation citoyenne ?

GILBERT DAOUAGA SAMARI - La législation en faveur de l’enseignement des Langues et Cultures Nationales au Cameroun : mesure d’audience dans l’Adamaoua et implications glottopolitiques

ALAIN GARCIA - Mots scolaires et modèle éducatif

CLAIRE BONNARD, JULIEN CALMAND & JEAN-FRANÇOIS GIRET - Devenir chercheur ou enseignant chercheur : le goût pour la recherche des doctorants à l’épreuve du marché du travail

ÉMILIE OSMONT - Liberté, éducation et pouvoir. Lecture non-directive à partir des travaux de Daniel Hameline

Extrait de recherches en éducation.net de mars 2016 Les élèves face aux outils pédagogiques : quels risques d’inégalités ?

 

Les outils pédagogiques visant à favoriser l’autonomie des élèves à l’école primaire peuvent accroître les inégalités entre les enfants : c’est le constat d’Héloïse Durler, sociologue, chargée d’enseignement à la Haute École pédagogique de Lausanne, dans la revue "Recherches en éducation" datée de mars 2016. La chercheuse s’appuie sur les résultats d’une enquête ethnographique menée à l’école primaire.

Première observation : une pluralité d’utilisation de ces outils (listes de tâches à réaliser, bilans, auto-évaluations...) par les élèves. Mais certains usages donnent lieu à des discours négatifs de la part des enseignants. Ainsi, si certains enfants parviennent à réaliser "dans les temps" les activités demandées et se voient considérés comme autonomes, d’autres en revanche sont jugés "trop lents" et par conséquent moins autonomes. "Les enseignants se plaignent alors d’une population particulière d’élèves, selon eux en augmentation : les enfants qui ont besoin de plus de temps pour apprendre’", souligne Héloïse Durler.

Les élèves "tentent tant bien que mal de s’adapter à un univers peu familier"
Autre motif d’insatisfaction des enseignants : le "manque de concentration" de certains élèves qui les sollicitent trop souvent. Comment l’expliquer ? La sociologue suggère : "Pour reprendre l’hypothèse proposée par Bernard Lahire (1993), ces sollicitations et demandes d’information à l’enseignant ou entre élèves renvoient à des pratiques par lesquelles les élèves ne disposant pas de ressources suffisantes tentent tant bien que mal de s’adapter à un univers peu familier : ils ont constamment besoin d’un appui extérieur pour réaliser leur travail, il faut faire précéder la tâche d’un petit dialogue, poser des questions, etc."

Enfin, certains enfants ne "participent" pas et ne font pas un usage "actif ", autrement dit réflexif des supports pédagogiques. Sur ce point, Héloïse Durler rélève un paradoxe : "C’est la plupart du temps sur les élèves qui rencontrent les plus grandes difficultés scolaires que la pression à la participation est la plus grande, alors que ce sont précisément ces élèves-là qui ont, de par leur socialisation familiale, une plus faible probabilité de posséder des ressources pour entendre ce qui leur est implicitement ou explicitement demandé."

Des injonctions "étranges ou vides de sens"
Au nom de l’autonomie de l’élève, l’enseignant évite parfois d’indiquer très précisément une marche à suivre ou de donner des indices qui pourraient aider à effectuer le travail demandé. Or, "en l’absence de ressources constituées au sein de la famille (liées au langage, à l’habitude de s’exprimer sur son expérience, à la familiarité avec les concept scolaires d’apprentissage, etc.), il semble difficile pour une partie des élèves, en particulier lorsqu’ils sont issus de milieux populaires, de percevoir les indices utiles à la réalisation du travail scolaire à partir des supports pédagogiques observés", explique la chercheuse.

Et d’ajouter : "Les injonctions et conseils des enseignants, ainsi que les attentes contenues dans les supports pédagogiques, demandant aux élèves d’établir un rapport réflexif à leur travail scolaire, leur semblent alors étranges ou vides de sens".

La revue "Recherches en éducation" n° 35, mars 2016, est consultable ici (PDF)

Extrait de touteduc.fr du : Outils pédagogiques favorisant l’autonomie des élèves

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