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Nestor Romero revient sur 35 années de ZEP et sur son livre "L’école des riches, l’école des pauvres. Les ZEP contre la démocratie" (2001)

16 juin 2015

Les ZEP contre la démocratie !
Par Nestor Romero

Ce texte vient d’être publié par l’excellente revue "Questions de classe(s)"

[...] « Une ZEP qui réussit est appelée à disparaître ». Tels furent les maîtres mots des années 1980, signifiant par là que l’objectif était bel et bien d’éradiquer les disparités (sociales et territoriales) d’accès au savoir.
Et telle est l’évidence que nous livrait en 2003 Patrick Saramont, auteur d’une thèse sur les ZEP reprise dans son livre « Panser ou repenser les ZEP » (L’Harmattan, 2003).

Car, en effet, si le collège P. Picasso de Garges-lès-Gonesse dans lequel je commençai mes pérégrinations dans l’institution éducative parvenaient en quelques années à obtenir des résultats comparables à ceux de n’importe quel collège du 5e, 6e ou 7e arrondissement de Paris grâce à l’investissement et à la pratique pédagogique des enseignants, il perdait son caractère « prioritaire » au profit d’un autre établissement en difficulté.

Bref la politique des ZEP, idéalement, était destinée à s’épuiser naturellement à mesure qu’elle atteignait ses objectifs.

Qu’en fut-il à la fin du siècle dernier et qu’en est-il aujourd’hui ?

Entre 1982-83 et 1990-91, le nombre de ZEP est passé de 362 à 554 pour se stabiliser à 563 en 1998. Ce qui signe évidemment l’échec de cette politique qui, selon la circulaire n° 81-238 du 1er juillet 1981 « n’a de sens que si elle s’inscrit dans une politique de lutte contre l’inégalité sociale. Son but prioritaire est de contribuer à corriger cette inégalité… ».

Mais qu’en est-il aujourd’hui, c’est-à-dire 34 ans après cette fameuse circulaire ? Nous en sommes à un total de 1084 collège en ECLAIR + RAR. Passons sur ces tripatouillages linguistiques caractéristiques de la stratégie idéologique dominante qui consiste à qualifier la réalité imprésentable par l’usage d’un lexique falsificateur : Ambition, Innovation, Réussite, par exemple, pour désigner l’école réservée aux catégories sociales dominées, c’est-à-dire l’école des pauvres. Passons et constatons simplement que la ségrégation dans l’institution scolaire n’a jamais été aussi importante (on peut voir sur le sujet le récent rapport de Nathalie Mons (cnesco), et l’inégalité jamais aussi criante. On peut également, à cet égard lire avec profit le « Que sais-je » de Georges Félouzis « Les inégalité scolaires ».

Mais remontons un petit peu dans le temps pour bien voir comment en fait… rien n’a changé ou plutôt tout s’est confirmé et aggravé.

Souvenez-vous, c’était le jeudi 5 avril 2001, Jack Lang alors ministre de l’EN présentait sa réforme dite, « pour un collège républicain ». Puis, 13 ans plus tard, vint la " réforme" Peillon. Et voici la petite dernière. Il suffit de comparer. Rien de véritablement nouveau. Toujours les mêmes « aides individuelles », les mêmes moments « d’autonomie pédagogique » où des bribes de pédagogie active (pédagogie du projet et interdisciplinarité obligent, comme devant) seront tentées par quelques enseignants par-ci, par-là tandis qu’ailleurs les murs des classes seront couverts de rutilantes expositions constituées de textes et de photos piqués sur internet qui auront fait passer le temps mais qui n’auront servi à rien, certainement pas en tout cas à s’approprier des savoirs pour en faire des connaissances, certainement pas à permettre aux plus démunis de prendre conscience de leurs capacités, de leurs talents (oui talent, je tiens à ce mot malgré sa captation et son détournement par le fascisme ambiant, fascisme auquel je vais revenir). La même démarche produira donc les mêmes effets : aucun quant à la lutte contre les inégalités scolaires et sociales.

Voici ce que j’écrivais ce printemps-là alors que je vivais mes derniers mois d’activité au terme de 35 années d’enseignement effectuées volontairement en ZEP (" l’école des riches, l’école des pauvres", sous-titré "les ZEP contre la démocratie", La Découverte et Syros, 2001.). On me pardonnera de citer ce livre qui n’est plus à vendre puisque depuis longtemps épuisé. Voici : [...]

Extrait de blogs.mediapart.fr du 08.16.15 : Les ZEP contre la démocratie

 

Note du QZ : Nous n’avons pas souvenir de réactions "furieuses" de membres de l’OZP à la publication du livre de Nestor Roméro et n’avons pas pu vérifier les messages forum déposés sur le site de l’OZP à cette époque car le forum OZP des années précédant 2005 a été écrasé par malveillance. Dommage ! Nous aurions bien volontiers repris, amicalement, ce débat près de 15 ans après.

Lire tous les messages forum 2005-2006

L’intervention de Claude Pair (journée OZP 2002)

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