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Où est passée la réussite éducative après le remaniement ministériel ? Interview de Jacqueline Costa-Lascoux (CNRS) par le Café

9 mai 2014

La réussite éducative va-t-elle survivre au départ de George Pau-Langevin, demande Jacqueline Costa-Lascoux, Directrice de recherche au CNRS (1). Pour elle, " certains préfèrent vilipender « tout ce qui ne va pas » : les institutions, les politiques, l’École qui discrimine, les moyens insuffisants… Pourtant, c’est un aggiornamento qui serait nécessaire pour construire une École de l’hospitalité et de la citoyenneté".

Avec le recul, selon vous, qu’a fait la ministre déléguée durant 18 mois en matière de « réussite éducative » ?

George Pau-Langevin a fait avancer les idées de la réussite éducative dans l’Education nationale, et cela malgré les controverses sur les rythmes scolaires qui brouillaient les messages. Il est donc regrettable que la réussite éducative ait disparu de l’organigramme du Gouvernement. Peut-être restera-t-il un « correspondant cabinet » dans tel ou tel ministère ? Pourtant, après un temps de concertation et de bilan des expériences de la réussite éducative, la ministre avait pris des mesures en faveur de l’égalité et contre les discriminations, tenu avec le Ministre de la Ville des assises nationales qui ont été un succès et des assises régionales avec l’ensemble des acteurs de la réussite éducative, favorisé la relation de l’Ecole aux parents, créé un Observatoire national de la réussite éducative et fait mettre à l’agenda politique la lutte contre l’illettrisme comme Grande cause nationale en 2013.

Ainsi, l’individualisation des réponses aux difficultés rencontrées par un nombre croissant de jeunes, l’ouverture de l’école aux parents, le travail en partenariat devenaient des axes de la Refondation de l’Ecole.

Autrement dit, les acquis du programme de la réussite éducative, initialement concentré sur les quartiers sensibles, pouvaient être intégrés à une politique d’intérêt général : le passage d’une démarche expérimentale au droit commun était rendu possible. Mais, là encore, les cloisonnements entre ministères et les administrations, les corporatismes et les frilosités des professionnels ont freiné ce qui aurait pu être une transformation substantielle du système éducatif. Cela est d’autant plus navrant que l’adhésion à cette évolution s’exprimait clairement lors des visites de la ministre dans les établissements scolaires. Aujourd’hui, l’effacement de la réussite éducative dans le nouvel organigramme gouvernemental fait craindre un retour à la « réussite scolaire ».

[...] Sur le site du ministère de l’Éducation, on trouve la définition suivante de la réussite éducative (3) : son champ d’action englobe un certain nombre de paramètres décisifs pour favoriser la mise en place des meilleures conditions aboutissant à la réussite de tous les parcours scolaires. Que pensez-vous de cette définition ?

Le jargon administratif a l’art de vider de sens les meilleures intentions ! La réussite éducative est une philosophie politique qui pose des finalités, un discours de la méthode et une démarche propre, des outils et des modes d’action, et non pas une addition de paramètres. C’est à croire que les réflexions antérieures, particulièrement fécondes, sont déjà passées à la trappe. Un détail significatif : le texte parle de « la réussite de tous les parcours scolaires », comme si c’était ce qui importait. Ce sont les élèves qui donnent la mesure de la concrétisation de leurs attentes, du développement de leurs compétences et capacités, le parcours étant une trajectoire à partir de laquelle les professionnels aideront à construire des choix individuels, y compris en offrant une deuxième chance ou une réorientation. Il s’agit d’encourager le désir d’apprendre, non de tracer des couloirs jusqu’à la ligne d’arrivée !

Actuellement le ministère de l’éducation annonce une dizaine de thématiques pour la réussite éducative (4). Quelle réflexion vous inspire cette liste ?

Chaque thématique a sa justification, mais cet inventaire « à la Prévert, » mêle des principes (égalité filles/garçon, par exemple), des préoccupations transversales (innovation dans le système scolaire) et des champs d’intervention (la santé, la culture !) L’Education nationale manque décidément de souffle et oublie d’ordonner ses missions.

Plus généralement, nous devons espérer sortir des fausses questions qui aboutissent à des échecs. Le rapiéçage n’est plus possible, parce qu’il ajoute des mesures qui profitent toujours aux mêmes. Il s’agit de travailler sur les fondamentaux dans les programmes, à la formation de tous les personnels, au fonctionnement démocratique des établissements. Il s’agit de changer de regard sur l’enfant, entendu dans sa globalité, doué d’intelligence et de parole, éduqué dans un environnement, qui est parfois hostile et ne partage pas toujours les valeurs de la république. Il s’agit de penser la fonction pédagogique au-delà de la transmission des savoirs et d’ouvrir les fenêtres de l’école sur le monde en partant de l’appétence des jeunes pour les nouvelles technologies, de développer l’esprit critique et la créativité individuelle. [...]

Extrait de cafepedagogique.net du 08.05.14 : Où est passée la réussite éducative après le remaniement ministériel ?

 

Note du QZ : Rappelons que le site de l’OZP, depuis la disparition du ministère délégué à la réussite éducative, a choisi de classer, au moins provisoirement, les articles sur "la réussite éducative" dans la rubrique "Dispositifs éducatifs de la politique de la Ville/ PRE et Réussite éducative.

Voir aussi sur le site de l’OZP le 9 avril 2014 :
La "réussite éducative" ne correspond plus à une attribution ministérielle. Les 9 thématiques du précédent ministère délégué (site du MEN, mise à jour avril 2014)

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