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Pour 10 organisations, il faut redynamiser les ZEP

15 février 2005

Extrait de « L’Expresso » du 15.02.05 : copie à revoir, Monsieur Fillon !

Déclaration commune : ATD - Quart Monde ; FNARS ; La Ligue de l’Enseignement ; FCPE ; CSF ; CNAFAL ; JOC ; MRJC ; Confédération Etudiante ; CFDT

Veuillez trouver ci-joint une interpellation commune qui rassemble des associations de lutte contre l’exclusion et de la pauvreté, de parents d’élèves, de mouvements associatifs (école, jeunesse, famille), du syndicalisme (salariés et étudiants).

Ensemble, les signataires estiment que le projet de loi Fillon sur l’Ecole ne répond pas à l’exigence d’une Ecole plus juste et plus solidaire, qui refuse l’exclusion.

Chaque année, 160 000 jeunes, en grande majorité issus de familles défavorisées, sortent du système éducatif sans diplôme. Les auteurs de cette déclaration attendent de l’Ecole qu’elle n’aggrave pas les inégalités mais trouvent les moyens de les contrebalancer.

L’une des voies pour y parvenir est la mise en place d’un socle commun de connaissances et de compétences, base sur laquelle pourra se construire une formation tout au long de la vie réussie.

Le projet qui sera examiné à partir de mardi à l’Assemblée nationale n’est pas à la hauteur de l’ambition d’une école de la réussite pour tous. Il doit, pour les signataires, être profondément amendé.

S’engager réellement pour la réussite de tous

Quinze ans après la loi de 1989, le gouvernement veut faire voter une nouvelle loi sur l’Ecole, sans avoir dressé un bilan approfondi de la précédente. Les organisations signataires : Atd - Quart Monde, FNARS, FCPE, Ligue de l’enseignement, JOC, CSF, CNAFAL, Confédération Etudiante, MRJC, CFDT, considèrent que le projet de loi sur l’Ecole proposé par le Gouvernement ne s’attaque pas en profondeur aux conditions de la réussite de tous les élèves.

Un constat partagé

• 160 000 jeunes sortent chaque année du système éducatif sans diplôme : plus d’un million et demi en 10 ans ! Ce sont douze enfants « pauvres » contre un enfant de « cadre » qui se retrouvent à 17 ans dans cette situation !
• De très nombreux élèves ne trouvent pas leur place à l’école et s’y ennuient.

La pauvreté est un facteur déterminant. Bien sûr, l’Ecole ne peut pas tout : donner du travail aux parents, loger décemment les familles ; mais elle doit s’efforcer de contrebalancer les diverses inégalités (économiques, sociales et culturelles...), car la formation est un puissant levier pour l’insertion future dans emploi ; le développement personnel et l’exercice de la citoyenneté. Si elle ne fait rien, l’Ecole perpétue l’exclusion ou l’aggrave.

Qu’est-ce qu’une Ecole pour la réussite de tous ?

• C’est une Ecole qui croit et affirme que tout élève peut et doit réussir son parcours scolaire quelles que soient ses difficultés ;

• C’est une Ecole qui reconnaît qu’un élève peut avoir des facultés et des qualités dans d’autres domaines que ceux habituellement évalués par le système scolaire, notamment sur le plan de la culture technique et de la création. L’élève vient à l’Ecole avec des savoirs, des compétences et des valeurs propres à la culture que lui transmettent sa famille et son milieu : l’Ecole doit les reconnaître sans l’y enfermer.

• C’est une Ecole qui lutte contre les exclusions au lieu de les creuser. La gratuité de l’Ecole est fondamentale. De réels moyens doivent être donnés aux zones à difficultés particulières, notamment aux ZEP qu’il faut redynamiser. Les moyens sont à cibler là où les besoins sont les plus criants ;

• C’est une Ecole qui soutient l’engagement de chacun dans la communauté scolaire, valorise le vivre ensemble par l’élaboration et la mise en œuvre de projet d’école ou d’établissement. L’Ecole est indissociable de son environnement. Elle ne peut réussir seule, sans les parents, sans les partenaires nécessaires (élus, autres ministères, associations complémentaires....)

Qu’est-ce qu’une Ecole conçue pour tous ?

C’est une Ecole bâtie sur un socle commun de connaissances et de compétences nécessaires pour que l’enfant (et le jeune) devienne acteur de son propre devenir et de celui de la Cité.

Le projet de loi du Gouvernement, tout en l’évoquant, ne va pas du tout au bout de cette logique.

Un socle commun pour tous implique :

• Que le collège accueille tous les jeunes, sans exclusion, sans pré orientation précoce. C’est un enjeu majeur en terme de mixité sociale ;

• Que les pratiques pédagogiques soient renouvelées : il faut faire appel à des méthodes actives, à la participation des élèves, et à l’implication des parents ;

• Que des parcours de formation individualisés soient mis en place, afin de s’adapter à la diversité et à l’hétérogénéité des élèves ;

• Que dès la maternelle, et aussi longtemps que nécessaire, une aide soit apportée sous forme d’un soutien adapté à chacun, y compris aux élèves les plus en difficulté. Elle doit permettre que chaque élève progresse au milieu des autres. Cette aide ne peut se résumer au redoublement ni à la mise en place d’un Contrat Individuel de Réussite Educative qui risque de faire porter au seul élève et à sa famille la responsabilité de l’échec.

Pour définir le contenu du socle commun, il faut :

 Partir des finalités de l’Ecole, des objectifs à atteindre et non des disciplines, pour mettre l’accent sur les compétences et les connaissances qui doivent être acquises.

 Faire des choix entre les disciplines et définir clairement l’apport de chacune à l’acquisition du socle. Etablir des passerelles entre elles.

Au-delà des seules connaissances, le socle commun doit développer les compétences de chacun et des capacités telles que l’autonomie, l’initiative, le travail en équipe, la gestion du temps, la créativité. Tous ces éléments sont essentiels à l’appropriation de toute culture.

Loin d’être un « minimum culturel », le socle commun doit être la base sur laquelle pourra se construire une formation tout au long de la vie réussie.

La Nation doit s’engager à ce que chacun maîtrise effectivement ce socle, ce qui impose de revoir les modalités actuelles de l’évaluation pour prendre en compte autant les compétences que les connaissances. Cette évaluation doit également permettre à l’élève de mesurer ses progrès afin de développer chez lui le désir et le plaisir d’apprendre.

Tout cela suppose un autre type d’enseignement et donc de recrutement et de formation initiale et continue des enseignants. Cette formation doit comprendre une approche des relations avec les familles, et en particulier avec celles les plus éloignées de l’Ecole.

C’est un devoir prioritaire de chacun des acteurs, quelles que soient ses fonctions, de s’engager sur cette voie. Cette politique suppose d’autres moyens et d’autres pratiques.

Pour une Ecole plus juste et solidaire, qui refuse l’exclusion, votre copie, monsieur Fillon est à revoir !

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