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- Les stéréotypes genrés dans la réussite des filles (conférence de Céline Darnon lors d’un webinaire EP du Carep de Poitiers) - Un rapport du CEE (ToutEduc) - Une enquête du Monde

31 janvier

Focale sur l’importance des stéréotypes genrés dans la motivation et la réussite scolaire des filles
Mme Céline Darnon ( webinaire éducation prioritaire du 9-01-25)

Madame Céline Darnon a mis en évidence lors du webinaire de l’académie de Poitiers l’impact des stéréotypes genrés sur la motivation et la réussite scolaire des filles. en particulier en éducation prioritaire.

Ces stéréotypes conduisent les filles à sous-évaluer leurs compétences, notamment en mathématiques, malgré des performances quasi égales à celles des garçons. Elles expriment davantage d’anxiété et valorisent moins les disciplines scientifiques, ce qui limite leur engagement et leurs choix d’orientation.

Par ailleurs, bien qu’elles surperforment en français, cette réussite est souvent moins reconnue dans un système éducatif valorisant davantage les sciences.

Les contextes compétitifs amplifient ces disparités, alors que des pratiques coopératives, la promotion de modèles féminins et la valorisation d’une intelligence malléable peuvent contribuer à réduire l’impact des stéréotypes et à favoriser l’égalité des chances.

1. Stéréotypes genrés et perception de soi

Les stéréotypes genrés influencent directement les perceptions que les filles ont d’elles-mêmes dans certaines disciplines académiques, notamment les mathématiques.

Les filles tendent à :

Sous-évaluer leurs compétences en mathématiques, malgré des performances égales à celles des garçons (Else-Quest, Hyde, & Linn, 2010).
Exprimer davantage d’anxiété dans cette discipline, ce qui réduit leur sentiment d’efficacité personnelle (Darnon et al., 2025).

Cette dévaluation impacte aussi la valorisation de la matière : les filles attribuent moins d’importance aux mathématiques que les garçons, renforçant ainsi les disparités dans les choix d’orientation.

2. Impact des stéréotypes sur les performances et les choix d’orientation

Les filles sont moins nombreuses à s’orienter vers les filières scientifiques et techniques en raison de l’internalisation des stéréotypes.

Cette internalisation provoque :

Une réduction de leur engagement dans les domaines considérés comme masculins, tels que les sciences, la technologie, l’ingénierie et les mathématiques (Batruch et al., 2019).
Un effet de cercle vicieux où des attentes sociales et académiques réduites renforcent la sous-performance perçue (Shutts et al., 2016).
Par exemple, les données de PISA 2018 montrent que les filles surperforment les garçons en lecture, mais sous-performent en sciences et en mathématiques, malgré une compétence égale.

3. Les filles en français : performances et perception de soi

En français, les filles obtiennent des résultats significativement supérieurs à ceux des garçons, reflétant leur surperformance générale en lecture et écriture (PISA 2018).

Cependant, malgré ces résultats positifs, elles ne traduisent pas toujours cette réussite en une perception élevée de leurs compétences.

Cette situation peut s’expliquer par :

Un contexte scolaire valorisant davantage les performances dans les matières scientifiques, reléguant les résultats en français à un second plan.
Une pression sociale qui incite les filles à exceller en français, perçu comme une matière plus "compatible" avec les compétences féminines stéréotypées.

Ainsi, bien que les filles aient un sentiment de compétence relativement élevé en français, cette perception reste inférieure à celle que les garçons peuvent avoir de leurs propres compétences dans des disciplines comme les mathématiques ou les sciences (Darnon et al., 2023).

4. Influence des contextes éducatifs sur les stéréotypes

Les contextes éducatifs jouent un rôle crucial dans l’entretien ou la réduction des stéréotypes de genre :

Environnements compétitifs : Ces contextes amplifient l’aversion des filles pour la compétition, limitant leur performance et leur engagement (Darnon et al., 2023).
Absence de modèles inspirants : Le manque de représentation féminine dans les domaines scientifiques renforce les barrières psychologiques.

5. Recommandations pour réduire l’impact des stéréotypes

Les travaux de Céline Darnon proposent plusieurs gestes efficaces pour contrer les stéréotypes genrés :

Promouvoir un climat coopératif en classe : Les pratiques coopératives permettent de réduire l’impact des stéréotypes et d’améliorer les performances des élèves, notamment les filles (Darnon et al., 2023).
Valoriser la plasticité de l’intelligence : Former les élèves à percevoir l’intelligence comme malléable, et non fixe, renforce leur sentiment de compétence (Dweck, 2019).
Augmenter la représentation féminine dans les sciences : Fournir des modèles féminins peut aider les filles à se projeter dans des carrières scientifiques.

Extrait de ac-poitiers.fr du 23.01.25

 

Supériorité des garçons en mathématiques : aucune fatalité (CEE)

L’écart entre les résultats des filles et des garçons aux évaluations nationales en mathématiques "sont très légèrement en faveur des filles en début de CP", mais ils évoluent progressivement en faveur des garçons dès la mi-CP et "la France est le pays de l’OCDE dans lequel les écarts filles-garçons sont les plus élevés à l’école élémentaire." Le CEE, Conseil d’évaluation de l’école, a constitué sur le sujet un groupe de travail qui a montré que les moyennes masquent la réalité des situations dans les quelque 17 500 écoles pour lesquelles les résultats aux évaluations de CE1 sont disponibles pour 2021, 2022 et 2023. Les écarts sont en effet en faveur des garçons dans 53 % des écoles, des filles dans 30,5 % des écoles et ils sont négligeables dans 16,5 % des écoles.

"Lorsque l’on étudie les résultats des élèves de CE1 sur les trois années considérées, on observe des écarts fluctuants dans 81 % des écoles, tantôt en faveur des garçons, tantôt en faveur des filles, tantôt peu significatifs." Autre facteur qui influe sur la perception du phénomène, dans une classe qui compte 24 élèves, un écart de 17 points résulte d’une situation où le nombre de garçons affichant une maîtrise satisfaisante en résolution de problèmes est supérieur de deux au nombre de filles affichant la même maîtrise. "Ce résultat montre la difficulté, pour les enseignants de ces écoles, de s’approprier le sujet des inégalités filles-garçons en mathématiques. Le diagnostic doit en effet être redéfini chaque année."

Une étude de terrain menée par trois IEN (inspectrices du 1er degré) de l’académie de Versailles a mis en évidence, "à la marge" la persistance de quelques stéréotypes genrés, du type "les garçons ont plus souvent la bosse des maths", stéréotypes qui peuvent apparaître aussi dans le règlement intérieur de l’école et les consignes portant sur les tenues vestimentaires, mais les observations de classe ont surtout révélé des réalités allant à l’encontre du sentiment d’enseignants très surpris de se rendre compte qu’ils ne donnaient pas la parole aux filles dans les mêmes conditions qu’aux garçons, mais aussi que certaines filles évitaient de se mettre en avant de peur d’être signalées à des "grands frères". A noter aussi que les demandes faites aux enseignants spécialisés des RASED témoignent d’une priorisation de la lecture...

Autre enseignement de l’étude des résultats de plusieurs milliers d’écoles, "c’est dans le secteur privé sous contrat que l’on voit le plus souvent une stabilité en faveur des garçons et en REP+ le moins souvent". Outre-mer,"les situations stables en faveur des filles ou de l’égalité sont plus fréquentes".

Le CEE met à disposition des enseignants des grilles d’observation de l’activité des élèves en français et en mathématiques.

Le site du CEE ici

Extrait de touteduc.fr du 30.01.25

 

Repenser l’éducation des garçons, un levier contre les violences et pour l’égalité
Par Claire Legros

Enquête. Contrairement à ce que l’on pense souvent, les garçons et les filles d’aujourd’hui ne sont pas éduqués de la même manière. Alors que les premiers reçoivent des injonctions à la performance, à la conquête et à l’accomplissement personnel, les secondes doivent se montrer attentives aux autres.

Extrait de lemonde.fr du 31.01.25

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