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Plan de travail : différenciation et autonomie de l’élève dans le travail personnel
Pourquoi appuyer le plan de travail sur un cours-noyau ? Durant un plan de travail, les élèves réalisent différentes activités afin de s’approprier et réactiver les connaissances construites tout au long du parcours. Cependant, les écarts de rythme et d’exigences de travail entre les élèves peuvent conduire à un certain nombre de difficultés pour l’enseignant, à commencer par les disparités qualitatives et quantitatives des productions personnelles des élèves. Le cours-noyau constitue un repère structurant et cohérent sur lequel les élèves pourront à tout moment s’appuyer, individuellement ou collectivement, en classe et en dehors, garantissant ainsi à chacun de disposer des éléments indispensables à leur progression.
Un article proposé par Dimitri Duteil, professeur d’histoire et géographie au collège [REP+] Elsa Triolet à Marseille et FAEP
Articuler un cours-noyau au plan de travail en histoire : l’exemple d’un plan de travail sur la guerre froide
Dimitri Dutheil, enseignant-formateur, collège Elsa Triolet, Marseille (13015)
1. Présentation du parcours d’apprentissage
Qu’est-ce qu’un plan de travail ?
Le plan de travail est une modalité de travail ancienne qui s’inscrit dans le courant des pratiques coopératives qui émergent dans le monde du travail durant la seconde moitié du XVIIIe siècle et au XIXe siècle. En France, la pratique du plan de travail est introduite dans l’enseignement par Célestin Freinet au cours des années 1930.
Sylvain Connac définit le plan de travail comme « support aux activités personnalisées dans la classe, à destination de chaque élève, le plan de travail est un document à partir duquel élève et enseignant s’entendent sur un parcours d’apprentissages résultant de la combinaison entre les choix de l’élève, ses capacités, les ressources de la classe, les obligations scolaires définies par l’enseignant. »1
Le plan de travail peut donc être défini comme un parcours dans lequel les apprentissages sont balisés par l’enseignant et individualisés selon les choix effectués par les élèves. Ces choix sont déterminés en fonction d’outils d’évaluation (fichier autocorrectif, auto-évaluation), du rythme et des modalités de travail fixées par les élèves (en classe, à la maison, en Devoirs Faits...). Le plan de travail est un outil au service de la différenciation des apprentissages. Il favorise le développement de l’autonomie des élèves qui sont acteurs de leurs apprentissages et décisionnaire de leur montée en compétences. Enfin, il est un puissant levier de motivation répondant aux trois besoins fondamentaux de l’autodétermination3.
Qu’est-ce qu’un cours-noyau ?
Le cours-noyau est une modalité pédagogique originale2 consistant à proposer comme première étape de travail une trace écrite contenant l’ensemble des connaissances (idées essentielles et exemples, repères spatio-temporels, vocabulaire). Afin de favoriser leur acquisition, des activités sont ensuite proposées aux élèves.
Le cours-noyau peut contenir l’ensemble des connaissances d’un chapitre voire d’un thème entier. Il prend de préférence la forme d’une feuille A3 sur laquelle figurent les éléments suivants :
à Titre (chapitre, thème)
à Objectif(s) et/ou problématique(s)
à Un espace de réactivation (les élèves réactivent ce qu’ils savent déjà du sujet)
à La leçon (2 à 3 parties qui condensent les idées majeures selon une logique thématique, chronologique ou chrono-thématique)
à Une partie consacrée au vocabulaire (les mots-clés du chapitre y sont définis)
à Carte et frise chronologique permettant de construire les principaux repères spatio-temporels du chapitre.
Le cours-noyau permet aux élèves de disposer dès le début du chapitre de l’ensemble des éléments structurants d’une leçon, ils peuvent donc se les approprier de façon progressive et cohérente.
Pourquoi appuyer le plan de travail sur un cours-noyau ?
Durant un plan de travail, les élèves réalisent différentes activités afin de s’approprier et réactiver les connaissances construites tout au long du parcours. Cependant, les écarts de rythme et d’exigences de travail entre les élèves peuvent conduire à un certain nombre de difficultés pour l’enseignant, à commencer par les disparités qualitatives et quantitatives des productions personnelles des élèves. Le cours-noyau constitue un repère structurant et cohérent sur lequel les élèves pourront à tout moment s’appuyer, individuellement ou collectivement, en classe et en dehors, garantissant ainsi à chacun de disposer des éléments indispensables à leur progression.
1 Connac Sylvain, Apprendre avec les pédagogies coopératives. Démarches et outils pour l’école, ESF, 2009.
2 Lire le e-magazine Cabotage, numéro 6, académie de Rennes, 2022.
3 cf. travaux de Edward Deci et Richard Ryan sur la théorie de l’autodétermination
2. Exemple de mise en œuvre en classe de 3e
Le plan de travail proposé porte sur le chapitre d’histoire « Un monde bipolaire au temps de la guerre froide »
(thème 2 : le monde depuis 1945, niveau 3e, cycle 4). Il est composé de trois blocs d’apprentissages et s’étend sur cinq séances d’une heure
Le premier bloc d’apprentissages, intitulé « Étape 1 : découvrir et comprendre », permet à l’élève de découvrir et s’approprier l’objet d’étude. Les élèves disposent d’une heure pour l’effectuer. Il renvoie directement au cours-noyau. Sur ce dernier, l’élève découvre l’objectif final du chapitre « Rédiger un développement construit sur l’organisation du monde à partir de 1945 en s’appuyant sur l’exemple de Berlin » et fait le lien avec ce qu’il sait déjà
au sujet de l’organisation du monde en 1945. Il y découvre la leçon en trois parties, les mots de vocabulaire à maîtriser, une frise chronologique et une carte de l’organisation du monde au temps de la guerre froide. Enfin, les élèves disposent d’un lien et d’un Qr code renvoyant à un genial.ly consacré au chapitre. Il est composé des documents utilisés au cours du chapitre en version améliorée puisque disposant d’interactions permettant des explications et des précisions supplémentaires, mais aussi de documents complémentaires permettant à chaque
élève d’approfondir ses connaissances sur cet objet d’étude. Cet outil numérique est pensé comme un support de remédiation et d’approfondissement consultable dans et hors la classe.
Le second bloc d’apprentissages, intitulé « Étape 2 : s’entraîner à partir d’un exemple », consiste à amener les élèves à manipuler la notion de guerre froide en travaillant sur l’exemple de la ville de Berlin. Ils disposent d’une séance (1h) pour expliquer pourquoi Berlin est un symbole de la guerre froide. Chaque élève choisit librement le type de production réalisée (carte mentale, présentation orale ou enregistrement audio) et les compétences
travaillées. Des aides peuvent être accordées selon la difficulté identifiée. Deux contraintes sont imposées : une contrainte de temps (une heure pour la réalisation de l’activité) et l’obligation de rendre le travail effectué (les élèves déterminent s’ils souhaitent être évalués). La seconde heure est consacrée à la mise en commun.
Le troisième bloc intitulé « Étape 3 : se préparer à l’évaluation » amène les élèves à se projeter sur l’évaluation sommative. Pour cela, la quatrième séance s’organise autour d’un temps de relecture de l’ensemble des éléments du chapitre et la réalisation d’un travail au choix : rédaction de questions en lien avec l’objectif initial ou réalisation d’une fiche de révision (ce travail a fait l’objet d’une mise au point méthodologique plus tôt dans l’année). Un dernier
temps permet aux élèves d’évaluer leur investissement au cours du plan de travail.
Document 1 : le plan de travail distribué à chaque élève
La dernière séance (1h) est consacrée à l’évaluation sommative et consiste à rédiger un développement construit
dans lequel les élèves doivent décrire et expliquer l’organisation du monde à partir de 1945 en s’appuyant sur l’exemple de Berlin
Ce qui peut être fait différemment :
Pour renforcer l’activité de l’élève durant la découverte du cours-noyau (premier bloc d’apprentissages), il est possible de demander aux élèves de rechercher eux-mêmes quelques mots de vocabulaire (dans le manuel par exemple) ou encore construire une frise chronologique personnalisée.
Afin de décloisonner les apprentissages, il est envisageable de faire débuter cette frise bien avant 1945. Il faudra alors accorder un temps supplémentaire à ce premier temps d’apprentissages.
Enfin, le chapitre suivant sur les « Indépendances et construction de nouveaux États » peut faire l’objet d’un travail de rédaction visant à rédiger la quatrième partie de ce cours-noyau dans laquelle les élèves expliqueraient comment certains États se dégagent de cette logique bipolaire.
Annexe
Exemple de plan de travail réalisé par un élève :
Exemple de carte mentale produite par trois élèves dans le cadre du second bloc d’apprentissages consacré à l’exemple de Berlin
+ Les élèves ont souhaité être évalués
Deux exemples de productions finales réalisées dans le cadre de l’évaluation sommative :
Premier exemple : l’élève se destine à la voie GT et dispose d’acquis méthodologiques satisfaisants.
Deuxième exemple : élève se destinant à la voie professionnelle, accordant moins d’intérêt pour la discipline et qui
a tendance à abandonner lorsqu’il est confronté aux exercices de rédaction = l’élève dispose d’une évaluation avec
critères de réussite pour le guider et expliciter les attendus
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