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Le baromètre de l’Observatoire Ecolehuma (mars 2023) distingue les décrocheurs précoces, issus de milieux défavorisés, et les décrochages tardifs, issus de milieux sociaux divers

10 mai 2023

Prévenir le décrochage scolaire : perceptions et pratiques des enseignants. Synthèse du baromètre Ecolehuma, mars 2023

Chaque année, 95 000 élèves décrochent du système scolaire. Le processus qui mène au décrochage est long et complexe. L’un des signaux d’alerte clef est le désengagement scolaire des élèves.
Comment les enseignants perçoivent-ils la situation aujourd’hui et comment agissent-ils concrètement pour prévenir le décrochage scolaire ?
Ce baromètre a interrogé un vaste panel de près de 900 enseignants afin de mieux comprendre leurs perceptions et pratiques pédagogiques pour prévenir le décrochage scolaire, notamment celui des élèves en situation de pauvreté.
L’ambition de cette enquête est de nourrir la réflexion et les actions de prévention du décrochage scolaire des élèves, en commençant par le coeur de la classe.

Extrait de ecolhuma de mars 2023

 

EXTRAIT de la synthèse

Pour accrocher les élèves, il faut créer du lien et du sens
Interview de Fernando Núñez-Regueiro, membre du conseil scientifique de ce baromètre et chercheur en sciences de l’éducation à l’Université Grenoble-Alpes

Il existe une diversité de profils de décrocheurs que l’on peut regrouper en deux grandes catégories : les décrocheurs précoces et les décrocheurs tardifs.
La rupture scolaire des décrocheurs précoces commence très tôt et concerne en majorité des élèves qui ont grandi dans des contextes défavorisés socialement ou, du moins, éloignés de la culture scolaire. Ces jeunes cumulent les lacunes d’apprentissage tout au long de leur parcours, la rupture scolaire pouvant alors se manifester par des comportements de rejet de l’école (e.g., perturbation des cours, violences envers l’enseignant ou les pairs) et/ou par une posture de résignation acquise face à l’apprentissage (e.g., intégration du statut de faible apprenant, inutilité perçue de l’effort ou de l’école).
Le profil des décrocheurs tardifs est moins bien connu et concerne des élèves de milieux
sociaux plus divers. Ce qui les réunit, c’est l’abandon de scolarité à un moment avancé de leur parcours, ainsi que la relative absence de signes de rupture scolaire. Ici, des problématiques identitaires à l’adolescence (e.g., recherche d’autonomie, explorations de comportements contre-normatifs, affiliations déviantes) ou des événements de vie majeure (e.g., problème de santé chez un proche ou l’élève lui-même) peuvent être à l’origine de ruptures brutales dans leur niveau d’engagement en classe, qui catalysent le décrochage scolaire.
Les enseignants sont en effet confrontés à un double défi. Le premier défi est d’accrocher ces élèves émotionnellement (“créer du lien”) en instaurant des relations de confiance avec eux. Motiver les élèves en considérant leurs efforts, leurs progrès, être à l’écoute de leurs difficultés spécifiques sont des leviers pour résoudre ce premier défi de la qualité de la relation élève-enseignant. Le second défi consiste à accrocher les élèves cognitivement (“créer du sens”) en leur faisant intégrer les objectifs et les méthodes d’apprentissage de manière accessible, autrement dit avec de l’enseignement explicite.
Si ce défi de l’accrochage cognitif n’est pas relevé, les élèves risquent d’investir les tâches scolaires de manière superficielle (faire le comment de ce qui est demandé, sans comprendre le pourquoi) et cumuler progressivement les lacunes scolaires qui, à terme,
les mettront en grande difficulté pour poursuivre leurs études. Autrement dit, motiver les élèves pour les maintenir “actifs” en classe ne suffit pas toujours pour les faire entrer dans un processus d’apprentissage authentique, notamment si des malentendus subsistent concernant les finalités pédagogiques des activités scolaires.

Télécharger le document intégral (50 p.)

 

Le site de l’association->https://ecolhuma.fr/]

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