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Les élèves de CM2 de l’école REP+ Joliot Curie 1 de Clichy-sous-Bois ont fait labelliser un chemin de randonnée patrimonial reliant les écoles de la ville

20 mars 2023

Le chemin pédestre labellisé des élèves de CM2 de l’école Joliot Curie 1 de Clichy-sous-Bois

Quand on peut mettre en pratique les savoirs, c’est tout de suite plus parlant. Dans sa classe de CM2, M. Auclert souhaite rendre les élèves acteurs de leurs apprentissages. Et c’est ce qu’il leur a proposé cette année en les invitant à créer un chemin qui relie toutes les écoles de la ville de Clichy-sous-Bois. Et ce n’est pas tout ! Pour que ce chemin soit reconnu et accessible à tous, les élèves et leur maître ont obtenu sa labellisation par la Fédération française de randonnée. Un projet de longue haleine donc…

Recréer du lien et plonger dans l’Histoire

Il y a plusieurs années, M. Auclert avait déjà travaillé sur un projet de labellisation de chemin pédestre sur le thème de la seconde guerre mondiale lorsqu’il enseignait à Drancy. Suite au confinement et à l’isolement qui en a découlé, il a souhaité recréer du lien entre les écoles, entre les élèves, entre les familles. Il a voulu également intéresser ses élèves à la grande Histoire visible dans les rues et bâtiments de la ville. A commencer par les personnages qui ont donné leurs noms aux écoles de Clichy-sous-Bois : Joliot Curie, Maxime Henriet, Paul Langevin, Marie Pape-Carpentier, Jean Jaurès, Claude Dilain, Henri Barbusse, Paul Vaillant Couturier… Et en passant par les nombreux bâtiments clichois qui ont une histoire riche et variée mais devant lesquels les élèves ne s’arrêtent pas forcément.
C’est ainsi qu’est née l’idée de concevoir deux boucles de chemins pédestres, de 4 et 5 kilomètres (environ deux heures de marche), qui relient toutes les écoles de la ville, en passant par les monuments incontournables. Chaque randonnée donne lieu à une présentation des écoles et des monuments : « Ce chemin va permettre la connaissance de toutes les personnes de Clichy et des monuments aux morts, ou pour rendre hommage, des monuments en rapport avec la guerre » (Selma et Ashraf, CM2).

Le projet a été validé par la circonscription de Clichy-Le Raincy et valorisé par la cité éducative de Clichy-sous-Bois qui y a participé en finançant des sacs à dos, des appareils photos numériques, des gilets piétons et des boîtes repas.
Ces deux boucles pédestres sont sur le point d’être labellisées et répertoriées par la Fédération française de randonnée.

Un projet collaboratif

M. Auclert a proposé à toutes les écoles de la ville de participer. Ce sont en tout 22 classes, tous réseaux confondus, qui ont adhéré au projet, de la petite section de maternelle au CM2.

Chaque randonnée est pour les élèves l’occasion d’enrichir leurs connaissances en rédigeant des fiches de présentation des édifices et des monuments se trouvant sur le chemin, à destination des autres classes participantes.

Toutes les classes ayant adhéré au projet participent donc aux randonnées organisées par la classe de M. Auclert, mais aussi à l’élaboration des fiches de présentation des écoles ou des bâtiments. Elles accueillent également les élèves lors des randonnées pour déjeuner ou faire une pause. Un calendrier a été établi afin d’organiser une à deux randonnées par mois.

Un projet interdisciplinaire

Les élèves sont pleinement investis dans ce projet. Au-delà des compétences sportives (il faut tout de même marcher 5 kilomètres mais les élèves ont vu qu’ils pouvaient le faire et, surtout, le faire avec leurs familles), divers domaines et diverses compétences sont mobilisés : l’histoire et la géographie, bien sûr, mais également le travail d’analyse et de synthèse de documents (chaque présentation est fondée sur un travail d’analyse des archives de la ville et de recherches sur internet), la lecture expressive (il faut que les élèves captent l’attention de leur auditoire lors des présentations), la production d’écrits, l’expression orale… M. Auclert constate d’ailleurs que ses élèves deviennent plus performants à l’oral et plus à l’aise pour s’exprimer devant un grand groupe.

De plus, les élèves acquièrent ainsi, en se renseignant comme en marchant, une connaissance de leur environnement proche. Ils vont devoir également être capables d’adapter leurs discours et leurs présentations à un public très jeune car, désormais, les petites et grandes sections de maternelle vont participer aux randonnées. Ce sera un nouveau challenge pour les élèves de M. Auclert.
L’enseignant et ses élèves cherchent actuellement ce qu’ils vont pouvoir proposer aux plus petits ; des thèmes comme celui de la seconde guerre mondiale seront difficiles à aborder. Ce qui est certain, c’est que les présentations auront davantage lieu sous forme de jeux, de rébus, de devinettes autour de vieilles photos afin d’être sûrs d’intéresser leurs petits camarades.
Tout cela rend ce projet innovant, riche et plein d’enseignements pour les élèves de la classe de CM2 de M. Auclert comme pour les élèves des autres classes participantes.

Un projet humainement enrichissant

Un autre point bénéfique de ce projet pas comme les autres, c’est la création d’une unité au sein de la classe, et plus largement au sein du réseau et des écoles de la ville. Les élèves ressentent une grande satisfaction et une grande fierté à faire leurs présentations devant leurs camarades : « Je retiens de ce projet la satisfaction de voir des élèves faire des présentations à d’autres élèves. Nous avons fait de belles rencontres avec des CP-CE1 autour des monuments en lien avec la seconde guerre mondiale (la croix de Lorraine en bas de la ville, par exemple) ou devant l’église qui date du 13e siècle. Nous avons rencontré des enfants qui étaient intéressés et qui ont donné lieu à des vrais échanges. De belles rencontres avec des élèves de CM2 avec un vrai jeu de ping pong entre les élèves. Du coup, moi, je me mettais vraiment en retrait et ce sont les enfants qui ont mené les présentations puis le chemin. De plus, les élèves voient leur ville autrement. Parce que pour certains, ils s’arrêtaient à leur maison, leur école et le gymnase ou le stade quand ils font du sport. Ils ont découvert qu’ils y avaient des pépites. Et ils ont mis du sens sur des choses qu’ils voient tous les jours comme, par exemple, une stèle en mémoire de clichois résistants morts » (M. Auclert, enseignant de la classe de CM2).

Ce projet a donc développé chez les élèves la confiance en eux et l’estime de soi : certains étaient vite partants au début mais se sont aperçus que parler devant les autres n’était pas si simple (ils bafouillaient, oubliaient le texte) ; d’autres qui ne parlaient pas ou peu ou qui lisaient peu le font maintenant avec un vrai plaisir et s’épanouissent au gré de l’avancement du projet ; d’autres enfin ont trouvé dans la photographie un vrai terrain d’expression ou sont devenus des passionnés d’histoire et de photos.

Ce projet, qui est un projet de transmission de la mémoire et de l’histoire mais qui tisse aussi des liens entre les élèves des écoles des différents quartiers de la ville, est loin de s’arrêter. Les élèves et leur maître savent déjà comment le prolonger : ils vont faire un jeu de l’oie avec des photos de Clichy qu’ils ont eux-mêmes prises.

Et si vous leur demandez ce qu’ils aiment dans ce projet, ils vous diront : « on aime ce projet parce qu’on voit d’autres classes, on fait des randonnées. Et puis on apprend des choses. Il y a des classes très attentives et d’autres moins. On aime leur montrer ce qu’on a appris. » Bref, les élèves n’ont qu’un seul message à faire passer à leur enseignant : « c’est un super projet ».

Extrait de dsden93.ac-creteil.fr du 17.03.23

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