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Quand l’esprit critique, Dialogue, n°186 (le Café, ToutEduc)

15 novembre 2022

Quand l’esprit critique
Dialogue

« Familiariser à une pensée critique dès le plus jeune âge, c’est possible »,annonce Patrick Raymond dans le nouveau numéro (186) de Dialogue, la revue du GFEN. Et le numéro le démontre avec de nombreuses contributions. Ainsi Sophie Reboul apprend à observer et réfléchir dès la maternelle. Jacqueline Bonnard montre comment former des chercheurs dès la maternelle également. Sophie Nonet s’intéresse aux échanges quotidiens des élèves et à la place du professeur. Geneviève Guilpain et Nicole Grataloup invitent à s’attaquer au complotisme. Découvrez tous les autres articles de ce numéro particulièrement utile et puissant.

Quand l’esprit critique, Dialogue, n°186

Extrait de cafepedagogique.net du 09.11.22

 

L’esprit critique “se travaille et doit être construit“ (Revue Dialogue, GFEN)

L’esprit critique “n’a de sens qu’en contexte“. Il “se travaille et doit être construit“. Ainsi dans le dernier numéro de sa revue Dialogue (n° 186), le GFEN souhaite proposer des outils, articulant indissociablement pratiques et recherches, “pour croiser esprit critique individuel et intelligence collective“.

Dans son édito, Patrick Raymond évoque justement la possibilité de “familiariser à une pensée critique“ dès le jeune âge, sur ce qui devrait être “un engagement du quotidien inscrit au cœur des pratiques éducatives et conduire à une (ré)inscription du politique dans les écoles, car seul le savoir est dangereux pour les tenants de l’état existant d’aliénation des personnes“.

Comme Sandrine Lerou le raconte avec son histoire de clown en classe de 6ème, Damien Sage explique à l’aide de ses pratiques qu’il est possible de travailler l’esprit critique avec les élèves “dès la maternelle“. Il évoque des ouvrages à plusieurs niveaux de lecture, dont la réaction de stupéfaction entraîne tout d’abord “un cheminement“ dans la tête des élèves, à la suite de laquelle se manifeste un “état d’étonnement où l’évidence vacille“. Une situation qui conduit alors à une confrontation des points de vue entre élèves par le biais du débat.

Un autre exemple lui permet ensuite de souligner que “les élèves de maternelle sont capables de remettre en question ce qui paraît comme une évidence“, et de “percevoir les indices dissimulés qui montrent que ce n’est pas la réalité“.

Ainsi, conclut-il, “la remise en cause de l’évidence et la construction de l’esprit critique ne se font pas par l’imposition d’une vérité par l’enseignant mais par un questionnement et une argumentation qui se construit entre les élèves, argumentation qui nécessite une connaissance et une observation fine de l’album lu“.

“L’école serait le sanctuaire de la neutralité et l’enseignant, au nom de la laïcité, se devrait d’éviter, dans son enseignement, tout sujet religieux ou politique“, s’interroge pour sa part Maria-Alice Médioni dans son article “La politique à l’école ?“. La classe enseignante, tétanisée par ces injonctions et ces interdits, poursuit-elle, serait condamnée "à l’évitement de tout sujet politique qui viendrait polluer l’esprit des élèves, afin de les protéger de tout endoctrinement“.

Pourtant, raconte l’enseignante au travers d’exemples concernant le Franquisme et Cuba, l’école a toujours eu comme mission de “former les esprits“. De même, “force est de constater que les programmes et les manuels véhiculent toute une série de positionnement politiques que, d’ordinaire, l’on ne s’attarde pas à interroger.“ Elle considère ainsi que “les questions culturelles sont nécessairement situées, et les choix opérés par les manuels, en ce qui concerne les faits historiques ou de société, sont loin d’être neutres“. Mais les élèves peuvent-ils soupçonner la moindre manipulation dans la leçon d’un enseignant ? Les apprenants ont-ils les arguments et les connaissances pour répondre à des propos erronés ?

Ainsi, la “volonté de rester dans une stricte réserve“ conduit “à l’évitement de toute controverse et à des apprentissages réduits à de simples connaissances ou compétences strictement formelles et totalement aseptisées, à restituer le jour de l’examen". Mais “pour autant, (..) il s’avère tout de même indispensable de fournir aux apprenants les clés de compréhension des lignes de division dans le champ politique“.

Car, ajoute l’auteure, “un changement significatif a été opéré ces dernières années : sur 20 manuels publiés depuis 2017, seuls 6 d’entre eux abordent les questions essentielles de la République, de la guerre d’Espagne et du Franquisme !“ Dès lors, “si le souci éthique doit primer parce qu’il s’agit de se garder de toute manipulation afin de contribuer à la construction de personnes libres, pour autant, il n’est pas possible de vider les savoirs de leur épaisseur, de ce qui en fait des outils de la pensée et l’action, leur caractère émancipateur.“

“Il s’agit avant tout à l’école d’acquérir des connaissances la plupart du temps formelles à partir d’informations partielles, le plus souvent opaques et aseptisées, dans une conception bancaire du savoir où c’est l’accumulation qui prime sur la compréhension“, estime Maria-Alice Médioni. Cela se voit d’ailleurs “particulièrement pour les apprenants d’origine populaire, non militante, qui n’ont pas dans leur environnement familial suffisamment d’occasions de croiser les informations délivrées par l’école avec d’autres connaissances ou expériences qui pourraient leur donner sens. Au delà des inégalités que cette situation contribue à creuser, tout concourt à une opération de décervelage de la jeunesse à l’école.. comme dans la société. Sous couvert de protection contre l’endoctrinement et la manipulation, c’est à une autre sorte de manipulation à laquelle on assiste, à travers le choix des informations délivrées, les tâches de simple descritpion ou à caractère ludique, en décalage avec les contenus abordés, et les modalités de travail et d’évaluation qui infantilisent ou développent l’individualisme et la compétition, privant les plus démuniés de tout pouvoir de comprendre et de participer à la vie politique de la société dans laquelle ils vivent, d’agir sur leur vie.“

Revue Dialogue, “Quand l’esprit critique !“, n°186, GFEN

Extrait de touteduc.fr du 10.11.22

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