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"Débat sur la laïcité ou refus de la différence ?" (revue de presse des "Cahiers pédagogiques")

30 mars 2015

[...] Mais ces rappels aussi nécessaires soient-ils, n’ont pas éteint les polémiques. Et beaucoup d’observateurs estiment qu’on assiste aujourd’hui à un dévoiement du principe de laïcité. Toujours dans l’article du Monde déjà cité, on peut noter la réaction du sociologue Pierre Merle « Ce qui me frappe dans le débat public, c’est une définition implicite de la laïcité qui ne correspond en rien à celle de notre Constitution, du droit européen et international, observe t-il. Une laïcité qui interdit les manifestations religieuses plutôt que de les respecter, qui conduit à des logiques d’exclusion au lieu de favoriser le vivre-ensemble. ».

Même constat chez François Dubet « Manifestement, il ne s’agit plus de celle [la laïcité] qui garantit la liberté de conscience et de pratiquer sa religion. C’est au contraire celle qui dit : “En France, on mange du porc !” », observe, effaré, le sociologue François Dubet. Tout cela, souligne t-il est révélateur d’un « glissement du thème laïc au thème national ».

“Arrêtons de jouer avec la laïcité ! c’est ce que demande le communiqué de la FSU du 20 mars. Pour le syndicat, “toutes ces initiatives conduisent plus à diviser voire à discriminer, apportent des sources de conflits là où il n’y en pas et ciblent incontestablement une seule religion. ”.
Autre appel : “Laissons les filles tranquilles ! ”. C’est le titre d’une tribune collective dans Le Monde du 24 mars. Quelques extraits en donnent l’argumentation “Nous sommes féministes et nous croyons que sommer des filles de dix ans de choisir un camp entre famille et école, entre la religion et la laïcité forcée, n’est pas la solution dont ces filles ont besoin pour s’émanciper. [...] Le rôle de l’école laïque est d’accueillir chacun et chacune avec ses différences, ses hontes et ses fiertés, ses secrets de famille, ses croyances et ses doutes. Le rôle de l’école laïque est de veiller à ce que toutes les souffrances puissent s’exprimer sans crainte, et non de préjuger de qui doit être libéré. Le rôle de l’école laïque est de faire preuve de bienveillance et d’ouverture, pas d’imposer d’en haut des valeurs qui n’auraient d’universelles que le nom, puisqu’elles se fonderaient sur l’exclusion. ”

Les débats sur la laïcité sont récurrents dans la société française. Mais, ce qui frappe surtout dans ce qui se passe aujourd’hui, c’est qu’il s’agit moins d’un débat sur la laïcité au sens strict qu’un refus de la différence. Avec en plus une focalisation sur une religion et une origine ethnique et une instrumentalisation politique et identitaire. Au nom des “valeurs de la République” et d’un “esprit du 11 janvier” perverti, on exclut, on stigmatise et au final on ne fait que renforcer le sentiment d’exclusion. Et si, plutôt que le rappel incessant d’une laïcité mal comprise, on se préoccupait d’abord de faire vivre les principes qui sont, eux, inscrits sur les frontons des écoles et des mairies : “Liberté, égalité, fraternité” ? La condition d’une réelle intégration est dans le respect de cette promesse républicaine bien plus que dans le repli frileux dans une identité fantasmée et dans les appels à une assimilation qui nie la diversité et l’alterité.

Extrait de cahiers-pedagogiques.com du 30.03.15 : Bloc-notes de la semaine du 23 au 29 mars 2015

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