La destruction d’un collège ZEP à Villeurbanne en question

26 janvier 2008

Extrait de « L’Humanité » du 23.01.08 : Un collège face aux bulldozers

Les enseignants de Jean-Vilar s’opposent à la fermeture de leur collège et se battent pour leurs élèves en difficulté.

Et pendant que, dans l’espace officiel, on parle de mesures nouvelles, derrière nous, hors du quartier réservé, une délégation des enseignants du collège Jean-Vilar de la ville voudrait bien pouvoir faire entendre sa voix. Le collège est situé aux confins de Vaulx-en-Velin et de Villeurbanne, il compte actuellement deux cent cinquante élèves, dont la majeure partie vient du sud du Mas du Taureau, un quartier où les gens sont en grande difficulté et qui fait partie des programmes « démolition, reconstruction ». Du fait des démolitions, le collège voit ses effectifs diminuer. Une baisse qui, selon les enseignants, ne justifie pas la volonté du conseil général de fermer l’établissement, histoire de réaliser quelques économies de bouts de ficelles.

« Depuis que nous avons de faibles effectifs, nous pouvons faire un meilleur travail avec les enfants, explique Antoine. Cela coûte plus cher qu’un gros collège, c’est sûr, mais cela n’a pas empêché l’engagement de travaux pour rénover le bâtiment il y a quelques années. Si le collège est, comme annoncé, voué aux bulldozers, ce sera une fois de plus de l’argent public gaspillé.

De plus, on est certain, ainsi, de fabriquer un peu plus d’échec scolaire. Il faudra mettre les enfants dans des cars tous les matins et tous les soirs, les faire manger à la cantine. Pour les enfants qui sont déjà en difficulté, ce sera un facteur d’exclusion supplémentaire. Nous avons une offre pédagogique adaptée aux élèves en grande difficulté qu’ils ne trouveront pas s’ils vont dans un collège du centre de Villeurbanne. La fermeture est le fruit d’une vision purement économique qui méprise notre travail. »

Le collègue Jean-Vilar a seulement besoin de pouvoir laisser passer le creux de la vague démographique car les classes moyennes qui habiteront les nouveaux logements auront, elles aussi, besoin d’un collège de proximité où pourrait s’instaurer une vraie mixité sociale. Mais, est-ce là la volonté d’un gouvernement qui entend casser la carte scolaire ?

E. R.

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