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Compte rendu de la rencontre nationale des centres sociaux organisée le 8 novembre 2017 par le CGET

14 novembre 2017

Plus de 600 centres sociaux sont implantés dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville (QPV) sur les 2 100 agréés par les caisses d’allocations familiales. Leur fédération, accompagnée par le CGET, a organisé une rencontre nationale, première du genre, le 8 novembre dernier, à Paris. Un événement inscrit dans les manifestations labellisées « 40 ans de la politique de la ville ».

Le réseau, souvent associatif, des centres sociaux et socioculturels est un acteur phare dans les quartiers populaires. Par leurs actions et offres de prestations, 600 centres contribuent à la préservation du lien social. Ils accompagnent les habitants, de tous âges, à travers des projets collectifs ou des activités individuelles. Ateliers pédagogiques, de loisirs, de formation… : ils aident leurs bénéficiaires à faire face à une situation socio-économique difficile et travaillent au développement du pouvoir d’agir des habitants. Ces centres sont aussi nombreux à s’impliquer dans les conseils citoyens.

Les équipes des centres sociaux et socioculturels participent à lutter contre l’injustice sociale dans les quartiers prioritaires. Avec les habitants, ils inventent des solidarités nouvelles. Cette force sociale qui crée les conditions de dynamiques locales a besoin d’inscrire son action dans la durée pour lutter contre la précarité dans les quartiers populaires et sur les territoires ruraux.

Claudie Miller, présidente de la FCSF
Le 8 novembre, 150 directeurs.trices, salarié.e.s et bénévoles, réunis par la Fédération des centres sociaux et socioculturels de France (FCSF), étaient donc invités à échanger sur leurs pratiques et à partager leurs expériences et questionnements, à l’occasion de cette première rencontre nationale. Venus de toute la France – de QPV situés dans de grandes métropoles comme dans des territoires principalement ruraux –, ils n’ont pas caché leurs préoccupations : gel des crédits de la politique de la ville sur le 2e semestre 2017, diminution des emplois aidés, pérennisation des actions, accompagnement des conseils citoyens…

Autant de sujets que les participants devaient évoquer directement avec le ministre de la Cohésion des territoires, Jacques Mézard. Mais, retenu auprès du Premier ministre pour une réunion sur le logement, celui-ci a confié à Sébastien Jallet, commissaire général délégué à l’égalité des territoires et directeur de la Ville et de la Cohésion urbaine au CGET, la tâche de répondre à ces inquiétudes.

Votre réseau est très présent dans les quartiers de la politique de la ville plus que tout autre acteur, hormis l’Éducation nationale, bien sûr. Pour preuve, ¾ des 1 514 QPV bénéficient de la présence d’un centre social ou socioculturel, qui développe un projet global sur le quartier. Cette philosophie rejoint celle de la politique de la ville qui, cette année, marque ses 40 ans. En effet, celle politique spécifique pose un cadre d’orientation national mais laisse place à des projets de territoires et aux actions de proximité. Vous êtes des acteurs à la pointe de l’implication des habitants.

Sébastien Jallet, commissaire général délégué à l’égalité des territoires
et directeur de la Ville et de la Cohésion urbaine au CGET*

* Le CGET et la FCSF ont signé une convention pluriannuelle d’objectifs soutenant l’action du réseau dans les quartiers prioritaires. Dans ce cadre, une rencontre annuelle, à l’instar de ce premier rendez-vous du 8/11/17, se déroulera jusqu’en 2019.

Des engagements pour soutenir la politique de la ville

Face aux inquiétudes exprimées, le commissaire général délégué à l’égalité des territoires a rappelé les engagements gouvernementaux en faveur des quartiers prioritaires, de leurs habitants et intervenants :

le projet de loi de finances 2018 sanctuarise le soutien aux acteurs de la politique de la ville. Les crédits spécifiques sont maintenus à430 millions d’euros par an jusqu’en 2022 ;
la dotation de solidarité urbaine sera de 90 millions d’euros en 2018, pour les collectivités locales les plus fragiles ;
le Nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU) se voit renforcé par le doublement de son enveloppe, de 5 à 10 milliards d’euros ;
sur le front de l’emploi, les 200 000 contrats aidésmaintenus en 2018 doivent être fléchés, en priorité, sur les QPV. Une circulaire exposant ce principe a d’ailleurs été remise aux préfets en octobre dernier ;
l’aide à l’embauche de résident.e.s des QPV par une association ou une entreprise s’élèvera à 15 000 euros sur trois ans. Cette nouvelle formule des emplois francs, qui passe d’une aide aux entreprises à une aide à la personne, va être expérimentée en 2018 dans le but de la généraliser ensuite à partir de 2020 ;
15 % des habitants des QPV devront bénéficier des nouveaux dispositifs de formation et d’apprentissage ;
dans les Réseaux d’éducation prioritaire, qui recoupent beaucoup de quartiers de la politique de la ville, le dédoublement des classes primaires va se poursuivre. Il concernera les classes de CE1 et tous les CP en Rep et Rep+ à la rentrée 2018…

Et demain ? Des pistes pour une action pérenne…

L’organisation participative de cette rencontre a permis aux présent.e.s de réfléchir et d’échanger, tout au long de la journée, sur l’avenir des centres sociaux et socioculturels dans les quartiers prioritaires. « Le réseau de la FCSC doit continuer de « creuser le sillon » du pouvoir d’agir des habitants dans les quartiers. C’est le cœur du projet fédéral des centres sociaux et socioculturels, a souligné Alain Cantarutti, délégué général de la FCSF. Nous devons développer notre légitimité de « passeurs », qui apportons soutien et ressource aux habitants, quitte à changer de posture professionnelle afin d’atteindre les personnes que l’on ne voit jamais dans nos actions. »
Des pistes de réflexion ont été évoquées pour faciliter l’action du réseau de la FCSF, simplifier son travail et conforter son rôle d’expert.

Par exemple :

les centres sociaux et socioculturels promeuvent la coopération et mettent en synergie tout un réseau d’acteurs associatifs pour les fédérer autour d’un projet global et mutualiser les moyens (matériels, humains et financiers). Cette démarche de maillage, qui vise l’efficacité budgétaire et opérationnelle, pourrait bénéficier d’un« bonus financier » ;
les conventions pluriannuelles d’objectifsentre les centres de la FCSF, l’État et les collectivités montent en puissance, mais ne sont pas encore généralisées. Elles pourraient devenir la règle pour donner les moyens financiers d’agir sur le long terme, temps nécessaire à la mise en œuvre du projet social des centres, et non pas action par action ;
pour les demandes de subventions, le CGET a mis en place des outils de simplification de l’instruction des dossiers ;
concernant l’évaluationdes actions menées, 5 % des 28 000 projets soutenus par les crédits de la politique de la ville sont contrôlés, chaque année. Un bon niveau qui ne nécessite pas d’augmenter afin de ne pas mettre en tension les porteurs de projet, centres sociaux ou autres, déjà soumis à des rapports d’évaluation systématiques ;
1 150 conseils citoyenssont constitués à travers la France, et 40 % des centres sociaux situés en QPV les accompagnent déjà. Une mission va s’attacher à élaborer la mise en place d’un tiers neutre pour faire vivre et animer dans la durée cette instance, qui représente les habitants notamment au sein des contrats de ville. Ce poste pivot pourrait être assuré par les centres sociaux, qui tirent leur légitimité de leur proximité et bonne connaissance des habitants et de leurs territoires ;
à ce jour, près de 300 QPV ne bénéficient pas encore de la présence d’un centre social actif. Le CGET et le FCSF étudient de concert les moyens d’étendre le réseau, tant dans les territoires de la politique de la ville que ruraux où, finalement, les besoins des populations les plus fragiles et les plus isolées sont similaires.

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Retour sur cette 1re rencontre nationale, une manifestation inscrite dans le label « 40 ans de la politique de la ville » ici.

Agir au cœur des quartiers…

« À Poitiers, cinq centres sont situés en QPV sur les 8 que compte la ville. Nous travaillons en réseau, ce qui incite les habitants à être mobiles, à sortir de leur quartier, pour suivre un atelier. Notre action est essentiellement tournée sur l’accueil de la population migrante (ateliers sociolinguistiques, lutte contre les discriminations…), mais nos moyens ne nous permettent pas de couvrir tous les besoins. »

« À Paris, mon centre social se situe dans le quartier Belleville/Fontaine-au-Roi (11earrondissement). Il dessert environ 15 000 habitants en QPV, et 30 000 sur tout son périmètre. Les crédits de la politique de la ville représentent 15 % de notre budget annuel. Or, les besoins sont énormes (et disparates entre la population d’origine en logement social et les nouveaux arrivants, plus aisés). Nous sommes huit salariés (équivalent temps plein), mais nous avons la chance de pouvoir nous appuyer sur un réseau de 120 bénévoles. »

« À Romans-sur-Isère, dans la Drôme, le centre social est situé dans le quartier de La Monnaie. C’est un petit QPV de 3 500 habitants sur une population totale de 35 000 habitants. Mais enclavé, il est constitué de 100 % de logements sociaux et souffre d’une mauvaise réputation. Les subventions de la politique de la ville représentent 10 % de notre budget annuel. »​

Notre force, c’est qu’on ne peut pas faire sans nous : notre maison citoyenne est devenue incontournable pour les habitants et pour la Ville aussi. Nous travaillons dans un esprit de coopération entre associations et avec les trois autres centres sociaux et socioculturels. Cela favorise la mobilité des bénéficiaires dans les différents quartiers de la ville. »

« À Nanterre, le centre social, créé en 1995 avec un statut associatif, intervient dans un contexte où les habitants font face à un tissu urbain qui se retisse sans cesse. Les travaux de restructuration urbaine durent depuis longtemps, et les gens sont fatigués. Mais la ville nous soutient (on vient de s’installer dans un tout nouveau local), et les habitants nous connaissent bien. »

« À Châtellerault,dans la Vienne, le quartier prioritaire compte 6 000 habitants sur une population de 32 000 personnes. Nous bénéficions d’un fort soutien de la Ville et de la Caf, et il y a une très bonne dynamique. La qualité de nos activités est reconnue et appréciée, surtout des jeunes (30 % de la population a moins de 15 ans) : on reçoit 60 jeunes par jour, en moyenne. Le point faible, à mon sens, c’est que le tissu associatif local est riche mais sans aucune unité ni collaboration. Le centre joue un rôle pour fédérer tout cela. »

« À Gap, dans les Hautes-Alpes, le centre social situé dans le quartier de la politique de la ville est municipal. Je suis venue à cette rencontre, car j’ai besoin d’échanger avec mes pairs, issus de territoires différents, et de profiter de leurs expériences. »

Extrait de cget.gouv.fr du 10.11.17 : Les centres sociaux : des acteurs ancrés dans la politique de la ville

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