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Après le 1er tour : le programme éducatif d’Emmanuel Macron (d’après le Café, ToutEduc et VousNousIls)

24 avril 2017

Présidentielle : Quel choix pour l’Ecole ?

A l’issue d’un premier tour unique dans l’histoire de la 5ème République, les électeurs ont éliminé les partis traditionnels. Ce sont des candidats représentant des forces nouvelles qui se font face. Deux programmes pour l’Ecole s’affrontent, ceux d’Emmanuel Macron et de Marine Le Pen. Seul le premier semble conforme aux valeurs du monde enseignant. Pour autant des zones d’ombre entourent encore les intentions du candidat.

Le Pen : Un programme incompatible avec les valeurs de l’Ecole
Emmanuel Macron était dès les premiers sondages le chouchou des enseignants , crédité de 29% des intentions de vote par une enquête Cevipof (Sciences Po) loin devant Le Pen qui ne recueillait que 8% des voix. Il n’y a pas de raison de penser que la candidate du Front national ait sensiblement progressé dans le vote enseignant.

Cela tient d’abord à la nature de son mouvement qui est en contradiction avec les valeurs humanistes portées par les enseignants. Certes il y a des enseignants au Front National. Il n’empêche que les idées de l’extrême droite semblent incompatibles avec les valeurs professionnelles éducatives des enseignants. Comment participer de façon bienveillante à l’éducation de jeunes dont on conteste l’appartenance à la société française ? Comment aider et soutenir des élèves que l’on n’accueille pas spontanément ? Comment accepter, comme l’a suggéré la candidate, que l’on retire de l’Ecole les enfants qui ne seraient pas de nationalité française ?

Certes le système éducatif participe par ses mécanismes au tri ethnique qui existe dans notre société. Il n’en est pas épargné. Mais cette situation ne résulte pas de choix volontaires des enseignants mais de la perversion du système.

Quant au programme éducatif de M Le Pen, présenté dès septembre par les collectifs Racine, il additionne régression pédagogique et corporatismes. Le 22 septembre MM Le Pen elle même fustigeait "les folies pédagogistes" et appelait à supprimer le collège unique et rétablir la sélection à l’entrée de l’université. D’un coté le collectif Racine demandait des cours magistraux à tous les niveaux de l’Ecole, la proscription des "enseignements ludiques",l’orientation en fin de 5ème vers l’apprentissage. De l’autre il militait pour la création d’un corps de "professeurs d’excellence" composé d’enseignants de CPGE, poussant l’élitisme jusqu’à un strict numerus clausus en série S pour bien écrémer les vrais scientifiques du vulgum pecus.

Macron : Réduction du nombre d’élèves et formation continue
" Je veux être... un président qui aide ceux qui ont moins, qui sont plus fragiles ou bousculés par la vie, à travers l’école, la santé, le travail, la solidarité", a déclaré E Macron au soir du 23 avril.

Le programme d’E Macron a été précisé par une Lettre aux enseignants publiée le 19 avril. La mesure phare du programme d’E Macron c’est l’autonomie des écoles et établissements. "Aujourd’hui : les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local... Demain : les chefs d’établissements et leurs équipes auront davantage de liberté dans l’élaboration de leur projet pédagogique, en contrepartie d’une responsabilisation accrue et d’une évaluation plus régulière". Cette autonomie irait jusqu’à la capacité pour les communes d’organiser leurs rythmes scolaires, ouvrant la porte à un détricotage de la réforme des rythmes et à une sacrée pagaille.. Enfin E Macron promet de libérer l’expérimentation dans les établissements, une promesse non tenue de la Refondation.

E Macron annonce la limitation à 12 élèves par classe des effectifs élèves dans les classes de CP et CE1 des écoles de l’éducation prioritaire. Il annonce l’embauche de 4 à 5000 enseignants supplémentaires sur le quinquennat. Il promet aussi un AVS pour chaque élève qui en aura besoin.

Sur le plan de la carrière des enseignants, E Macron annonce deux mesures importantes. La première c’est le droit à 3 journées de formation continue par an pour chaque enseignant du 1er et du 2d degré. "Cette formation continue devra être bien davantage qu’aujourd’hui organisée autour des besoins identifiés dans vos salles de classe", ajoute-il. On ne sait pas comment cette mesure, qui représente plus de 10 000 postes, sera financée.

Il promet aussi une révolution dans la carrière en n’envoyant pas en éducation prioritaire les débutants. "Plus aucun enseignant ne pourra être affecté e éducation prioritaire - hors choix motivé - s’il n’a pas au moins 3 années d’expérience". Comment faire ? E Macron promet une prime supplémentaire de 3000 euros annuelle pour les enseignants exerçant en rep+. Il espère visiblement ainsi rendre ces établissements attractifs pour des enseignants expérimentés.

L’inconnu d’E Macron
Pourquoi parler de zones d’ombre autour d’E Macron ? C’est qu’on ignore encore la composition de son comité éducation. A chaque rencontre avec le Café ce sont des représentants qui sont apparus, les vrais responsables restant dans l’ombre car "hauts fonctionnaires encore en poste" nous a-t-on dit. Au détour d’éléments de programme on croit reconnaitre tel ou tel thinktank, tel ou tel ancien responsable ministériel... Cette opacité sur son équipe est un quelque chose de tout à fait nouveau dans une campagne et d’inquiétant. Il importe que le candidat lève un voile qui n’aurait jamais du exister.

Le poids du FN sur l’Ecole
Dans les jours qui viennent les enseignants vont devoir faire face à la montée importante du Front National et à sa campagne quotidienne. A l’issue du premier tour près de 8 millions de Français ont voté pour M Le Pen, c’est à dire le double qu’en 2002.

Cette incroyable progression ne sera pas sans effet dans les établissements. Le tabou du vote FN avait déjà commencé à être levé dans quelques salles des profs. On peut craindre que le succès du FN libère davantage la parole. Or les propos de l’extrême droite sapent les valeurs même de l’Ecole et l’autorité morale des enseignants. Dans les semaines qui viennent il va falloir être vigilant sur le terrain des valeurs dans les conseils de classe et les salles des professeurs.

Extrait de cafepedagogique.net du 24.04.17 : http://www.cafepedagogique.net/LEXP...

 

Emmanuel Macron : Pas de "grand soir" pour l’éducation (réponse à la SDAU)

Alors que la société des agrégés lui demande "quelles mesures radicalement nouvelles" il entend prendre, Emmanuel Macron refuse de dire que "tout ce qui a été fait précédemment est nul et non avenu", il ajoute que que "si de profonds changements doivent être engagés, il faut bannir le mythe du ’Grand soir’ (...) Un principe cardinal structure notre projet pour l’éducation : faire confiance aux femmes et aux hommes qui oeuvrent au quotidien pour la réussite des élèves (...)."

Pour lutter contre l’échec scolaire, il estime que, "à chaque rentrée, de la grande section à la classe de 3ème", un "bilan de compétences personnalisé" doit permettre pour l’année "une véritable personnalisation des apprentissages" et l’élaboration de formations adaptées pour les enseignants concernés.
Il ajoute "une aide aux devoirs après la classe" et des stages de remise à niveau, dispensés durant l’été, mais aussi "la participation des parents", considérée comme "un levier essentiel pour l’amélioration du système éducatif" et "la division par deux du nombre d’élèves par classe de CP et de CE1 dans les établissements de l’éducation prioritaire" ainsi que la scolarisation dès deux ans en éducation prioritaire où "plus aucun enseignant ne pourra être affecté (...) s’il n’a pas au moins trois années d’expérience" et où les enseignants "recevront une prime annuelle supplémentaire de 3 000€ nets".

Au collège, il entend "laisser la possibilité aux équipes pédagogiques qui le souhaitent (...) de proposer à nouveau des parcours bilangues, des parcours européens ainsi que la possibilité de rétablir pleinement l’enseignement des langues anciennes."

En termes de gouvernance, E. Macron veut "redonner de la liberté d’action" aux acteurs de terrain, "ne mettre en place des contrôles qu’a posteriori", ce qui suppose "une autonomie accrue conférée aux établissements". Il veut aussi aller plus loin que le protocole d’évaluation prévu par le PPCR avec "un entretien annuel de formation" et un suivi de carrière des enseignants "davantage individualisé" tandis que, "tous les trois ans, chaque collège et chaque lycée fera l’objet d’un diagnostic qui portera sur l’ensemble de ses missions", "les professeurs, les parents et les élèves" étant consultés.

En ce qui concerne l’enseignement professionnel, le candidat d’En Marche fait l’éloge de l’apprentissage : "Des filières d’alternance seront proposées dans tous les lycées professionnels." S’agissant de l’enseignement supérieur, il évoque "la création de nouveaux ensembles cohérents, qui transcendent les distinctions héritées entre universités, écoles, organismes".

La réponse complète est téléchargeable sur le site de la SDAU

Extrait de touteduc.fr du 24.04.17 : Emmanuel macron : pas de "grand soir" pour l’éducation (réponse à la société des agrégés)

 

Emmanuel Macron dans un entretien qu’il nous avait accordé en mars, avait dévoilé son programme pour l’éducation. Il propose notamment une priorité au primaire, et de revenir sur la réforme du collège.

Emmanuel MacronArrivé en tête du premier tour des élections présidentielles le 23 avril avec 24 % des voix, Emmanuel Macron propose un programme dense. L’éducation y joue un rôle central. Lors du dernier débat télévisé avant le premier tour, le 21 avril dernier, Emmanuel Macron avait d’ailleurs consacré sa carte blanche à l’éducation.
Dans la partie “éducation” de son programme, on retrouve des propositions qu’il avait déjà formulées, ainsi que de nouvelles mesures qui égratignent la réforme du collège.
Emmanuel Macron avait répondu à nos questions le 2 mars dernier pour faire le tour de son programme pour l’enseignement scolaire.
Priorité au primaire

Le fondateur d’En Marche veut donner à tous les enfants “les mêmes chances”. Pour cela, il propose de donner la priorité au primaire et à l’acquisition des fondamentaux en maternelle et à l’élémentaire, “afin que tous sachent lire, écrire et compter” en 6e. “Un accompagnement renforcé et une individualisation des apprentissages, dès la maternelle”, devraient “donner à chacun la possibilité de réussir”, ajoute-t-il.

Emmanuel Macron propose aussi, comme il l’avait déjà annoncé, de “diviser par deux” les effectifs des classes de CP et de CE1 en REP et REP+. Il s’agit, estime-t-il, de la “mesure la plus importante prise en faveur” de l’éducation prioritaire, “depuis la création des ZEP, en 1981”.

12.000 profs des écoles “porteront ce projet”. Pour cela, il prévoit de “réorienter” entre 6000 et 10.000 postes, sur les 60.000 créés au cours du quinquennat Hollande… et de créer entre 4000 et 5000 postes. Les enseignants de ce dispositif “recevront une prime annuelle” de 3000 euros nets. Ce seront aussi des profs “expérimentés”, indique E. Macron. Ainsi, d’ici 2022, ceux affectés en zone prioritaire auront “au moins 3 ans” d’ancienneté.

A noter que face à la “déperdition des savoirs scolaires”, Emmanuel Macron prévoit de proposer aux élèves, entre le CP et le CM2, des “stages de remise à niveau” en fin d’été. Pour l’instant, ils ne sont proposés qu’à partir du CM1.
Le retour des études dirigées, du latin et des classes bilangues au collège

Considérant que le collège “échoue” à “corriger les inégalités” apparues dès le primaire, et que “de trop nombreux jeunes” quittent le secondaire sans diplôme, Emmanuel Macron propose de renforcer l’accompagnement et les dispositifs d’orientation, au collège et au lycée.

Il souhaite aussi mettre en place un “accompagnement” après la classe. Au collège, seront rétablies les “études dirigées” (abandonnées en 2015, hors zones prioritaires), grâce à des “bénévoles” – retraités et étudiants, qui auraient “un trimestre dédié” à cette activité dans leurs parcours.

Emmanuel Macron défend une “plus grande autonomie” des établissements scolaires. Il note que “les chefs d’établissement et les équipes pédagogiques bénéficient de peu de latitude pour individualiser les parcours et s’adapter au contexte local”.

Cette autonomie signifiera, pour les écoles primaires, la possibilité “d’organiser le temps périscolaire sans contrainte”. Les communes pourront sortir de la réforme des rythmes scolaires (2013). De leur côté, les collèges pourront rétablir les classes bilangues en 6e, ainsi que les sections européennes, et instituer un “véritable enseignement du grec et du latin”.

Un baccalauréat “revu” dans sa forme
Au lycée, E. Macron propose de “revoir la forme du baccalauréat”, afin de” rendre possible de nouvelles formes d’organisation du temps scolaire et de nouveaux parcours”, qui “prépareront mieux” à la poursuite d’études et à l’insertion professionnelle. “Modernisé”, le Bac comporterait “4 matières obligatoires” à l’examen final. Les autres disciplines seraient validées par un contrôle continu.

Le candidat à l’élection présidentielle prévoit aussi de développer l’alternance et l’apprentissage, en faisant un “effort massif”, qui passera par le développement des “périodes de pré-apprentissage” et par les “filières en alternance dans tous les lycées professionnels”.

“Mieux accompagner les enseignants”, dès leurs débuts
“Les enseignants se sentent insuffisamment préparés, débutent souvent dans des établissements difficiles et souffrent d’un manque de confiance”, écrit E. Macron. Il propose de “mieux les accompagner”, dès leur entrée dans le métier – et s’engage par exemple à “ne plus affecter aucun professeur, hors choix motivé”, en zone prioritaire, pendant ses 3 premières années d’enseignement.

Concernant la formation, E. Macron souhaite “étendre la formation” en alternance, dès la licence, pour les aspirants enseignants. Il veut créer “une formation ambitieuse” et “de grande qualité”, notamment en permettant à chaque prof, du premier comme du second degré, de bénéficier (au moins) de “3 jours de formation continue”, adaptés aux besoins “rencontrés dans la classe”.
“Renforcer la relation avec les parents”

Enfin, Emmanuel Macron veut “ouvrir l’école” aux parents, aux bénévoles et aux associations, afin que cette dernière ne soit plus “perçue comme une boîte noire”.

Pour favoriser les échanges avec les familles, il propose de généraliser la “mallette des parents”. Expérimentée depuis 2008 dans l’académie de Créteil, elle contient des outils que les équipes éducatives utilisent pour animer la discussion avec les familles lors d’ateliers-débats. “Cette initiative facile à mettre en place – trois réunions annuelles – permet de renforcer la place des parents et a une influence positive sur les résultats scolaires et le comportement des élèves”, écrit le leader du mouvement En Marche.

Concernant le monde associatif, Emmanuel Macron prévoit de mobiliser, en maternelle, des jeunes du service civique, ainsi que des bénévoles, pour appuyer les enseignants, “particulièrement pour la maîtrise du langage”.
Fabien Soyez

Extrait de vousnousils.fr du 24.04.17 : Le programme d’Emmanuel macron pour l’éducation nationale

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