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Sortir du tunnel de la pauvreté par l’éducation et la culture. Un rappel de recherches récentes par Atd-Quart monde

13 janvier 2016

Lorsqu’une personne vit dans une grande précarité, elle supporte des conditions de vie qui réduisent ses capacités et l’enfoncent encore plus. Des études récentes confirment ce que vivent et ressentent les plus pauvres depuis des décennies.

[...] Les conséquences négatives de ces conditions de vie se situent au moins dans quatre domaines :
- « vivre dans un tunnel » : la survie quotidienne avec peu de ressources financières consomme l’essentiel de l’énergie (on se consacre aux tâches urgentes = à l’intérieur du tunnel) et empêche de construire l’avenir (= ce qui est hors du tunnel),
- vivre méprisé : le regard négatif porté par le reste de la société atteint l’estime de soi et la confiance en soi,
- (vivre sans les acquis de l’éducation et de la culture : l’accès difficile à l’école et à la culture limite les moyens de faire évoluer soi-même son existence,
- vivre en mauvaise santé (handicap, dépression…) : les conséquences de la pauvreté sur la santé limitent les possibilités de s’en sortir.
Ces quatre impacts, chacun à leur manière, réduisent de façon terriblement injuste les capacités des personnes enfoncées dans la misère. Ils sont injustes parce qu’ils frappent les pauvres plus que les autres, alors que les premiers ont justement besoin d’un maximum d’énergie, de confiance et de capacités pour s’en sortir(1).

[...] Vivre sans les acquis traditionnels de l’éducation et de la culture

Une partie des personnes vivant dans la pauvreté « décroche » du système scolaire et cela handicape leurs chances de s’en sortir ensuite, en particulier lorsqu’il s’agit de trouver un emploi. Cela ne signifie pas qu’elles ne sont pas capables d’apprendre, mais que les méthodes d’apprentissage ne sont pas adaptées à tous les élèves. Lorsque des moyens adaptés sont mis en œuvre (méthodes pédagogiques, améliorations des liens entre l’école et les familles confrontées à la pauvreté…), les résultats deviennent meilleurs pour tous.

Les neurosciences nous apprennent que différents talents sont à l’œuvre dans notre cerveau, ce que certains, à la suite d’Howard Gardner, nomment les « intelligences multiples ». Une conséquence est que tout le monde est intelligent et capable d’apprendre, car tout le monde développe plusieurs de ces intelligences(6). Par exemple, la connaissance de soi et des autres (les intelligences « intrapersonnelle » et « interpersonnelle ») semble être aussi déterminante dans la vie (et jouer un rôle aussi important dans les décisions complexes) que l’intelligence logico-mathématique.

Malheureusement, l’école et le milieu professionnel sollicitent très peu de ces intelligences : essentiellement la linguistique et la logico-mathématique, qui barrent la route à nombre d’enfants, de jeunes et d’adultes considérés comme inaptes alors qu’ils possèdent d’autres types d’intelligence qui leur permettraient de réussir.
La plupart du temps, au lieu de s’interroger sur les moyens pédagogiques et humains à mettre en œuvre, on fait reposer la responsabilité sur la personne, en disant : « Pour réussir, il faut travailler dur, car rien n’est facile dans la vie. » C’est vrai, rien n’est facile et les plus pauvres le savent bien. Mais il est faut de croire que, si l’école ne change pas(7), travailler dur permettra aux enfants en échec scolaire d’apprendre comme les autres. Ce discours de la sueur, des efforts et du mérite(8) est un discours trompeur, que plusieurs études démontent(9).

Extrait de atd-quartmonde.fr du : Sortir du tunnel de la pauvreté

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