Nouveaux commentaires sur les violences scolaires

6 janvier 2007
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Extraits de « Libération » du 02.01.07 : Violences scolaires : des profs davantage exposés

Une enquête du ministère souligne l’apparition de nouvelles formes d’agression, comme les blogs insultants ou le « happy slapping ».

Les enseignants sont de plus en plus souvent victimes des violences scolaires, et celles-ci se concentrent davantage dans les établissements difficiles : tels sont les deux grands résultats de la dernière enquête interne du ministère de l’Education nationale portant sur l’année scolaire 2005-2006. Il faut signaler aussi l’apparition de nouvelles formes de violence, comme les blogs insultants à l’égard des professeurs ou encore le « happy slapping », ces scènes filmées clandestinement avec un portable et mettant en cause un élève ou un enseignant. Globalement, les signalements d’incidents violents restent stables. Avec un total de 82 000, ils représentent 14 incidents par établissement. Mais cette moyenne cache de profondes disparités. Environ 10 % des établissements ont déclaré à eux seuls 48 % de tous les faits de violence, et 5 % en ont signalé 33 %. Il s’agit pour l’essentiel des collèges et des lycées situés en zone d’éducation prioritaire, où les tensions sont toujours plus vives qu’ailleurs.

Franchise

Le fossé s’est encore creusé entre ces établissements, où le nombre de signalements a augmenté de 7 % par rapport à 2004-2005, et les « classiques », où il a légèrement diminué (-2 %). Les collèges situés en zone d’éducation prioritaire ont déclaré en moyenne 2,2 fois plus d’incidents que les autres, contre deux fois plus en 2002-2003. « La situation des collèges situés dans des zones reconnues difficiles ne s’est pas améliorée depuis trois ans », reconnaissent les rapporteurs de la Depp (Direction de l’évaluation, de la prospective et de la performance) avec une belle franchise.

Une autre tendance, amorcée il y a trois ans, se confirme : la grande vulnérabilité des personnels de l’éducation à la violence des élèves. Trois catégories sont ici visées : les surveillants, les conseillers principaux d’éducation (CPE) et les enseignants. Depuis 2002-2003, la violence à leur encontre a augmenté de 25 %. Mais, cette année, ce sont surtout les professeurs qui en font les frais : les actes de violence les visant ont augmenté de 7 %, contre 3 % pour les CPE et 1,5 % pour les surveillants.

Dans sept cas sur dix, les enseignants sont la cible d’insultes ou de menaces ¬ un élève furieux de sa note, d’un avertissement pour absentéisme, etc. Loin derrière viennent les violences physiques sans arme (7,5 %), suivies par les « autres faits graves » qui n’entrent dans aucune classification (7 %, contre 4,5 % il y a trois ans) : « Ce résultat laisse penser que se développent des formes de violence inédites, probablement pour la plupart liées aux nouvelles technologies (blogs portant atteinte à la vie privée, happy slapping, etc.) », souligne le rapport. Les vols ou tentatives de vol, ainsi que les jets de pierres ou dommages aux véhicules représentent respectivement 4,5 % et 4 %.

CPE

Plus généralement, la violence elle-même a évolué. Les atteintes aux biens, comme les vols, sont en recul, alors que celles aux personnes, comme les violences et les insultes, sont en hausse. Spectaculaire cette année, l’augmentation des incendies (80 %) ainsi que des jets de pierres ou autres projectiles (20 %). Mais, estime le rapport, cette poussée semble liée à l’explosion de violence dans les banlieues en novembre 2005 et aux manifestations contre le CPE en mars et en avril 2006. Ces crises se sont ensuite prolongées dans les établissements, notamment situés dans les zones sensibles.

Il demeure quelques bonnes nouvelles. D’abord, le fait que les actes à motivation raciste et antisémite poursuivent leur déclin : ils sont respectivement en baisse de 20 % et de 40 %. Même constat pour les agressions à caractère sexuel. Plus surprenant, les plaintes des personnels ont diminué, alors que de plus en plus d’incidents donnent lieu à des suites dans les collèges et lycées, comme des conseils de discipline.

Véronique Soulé

Télécharger l’enquête de l’Education nationale

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Extrait de « 20 minutes » du 02.01.07 : Les élèves, premières victimes de la violence scolaire

Bruno Mer, enseignant dans un établissement classé ZEP, à Mantes-la-Jolie (78), et membre du Syndicat national des enseignements du second degré (SNES) réagit aux résultats de l’étude Signa qui collecte les actes de violences dans les établissements scolaires

Que pensez-vous des résultats de l’étude Signa ?

La baisse de la violence dans les lycées professionnels est intéressante car il y a quelques années, nous constations l’inverse. Néanmoins, le logiciel Signa est à prendre avec prudence. Il n’existe en effet pas de règles sur ce qui doit être rapporté ou non par les chefs d’établissement. Un acte de violence n’étant pas défini clairement par le ministère de l’Education, il est laissé à l’appréciation de chacun et les faits signalés sont parfois différents. D’où les « révélations » du Point qui n’ont aucun sens.

Selon vous, Signa ne permet pas de dessiner le profil d’un établissement ?

Mon établissement a été l’objet de jets de pierres et de cocktails Molotov. Pourtant, il n’apparaît pas dans le classement des établissements les plus sujets à la violence. L’intérêt de Signa n’est pas de proposer une analyse fine de la violence à l’école mais les tendances lourdes. De plus, la publication de ces résultats entraîne une méfiance des parents, davantage préoccupés par la sécurité de leurs enfants que par le niveau scolaire de l’établissement, et engendre un phénomène de contournement de la carte scolaire. N’oublions pas que les premières victimes de la violence ne sont pas les profs mais les élèves.

Comment expliquer cette violence qui semble ancrée dans l’école ?

Ce n’est pas un hasard si la violence se concentre dans certains établissements au contexte social, économique et familial difficile. Je pense que ces quartiers s’enfoncent dans la pauvreté. En 2000, 88% des élèves de mon établissement étaient issus de familles défavorisées, ils étaient 95,2% à la rentrée 2006. La résolution du problème de la violence scolaire ne dépend pas uniquement de l’Education nationale. Nous avons besoin d’une politique de la ville qui évite de concentrer les populations défavorisées sur un même territoire, une politique urbaine qui propose de meilleurs équipements et, surtout, une politique sociale qui propose à ces familles des perspectives acceptables et lutte contre les discriminations. Enfin, le chômage est au cœur du problème. Quand un collégien est le seul à se lever le matin pour aller travailler, parce que son père est au chômage et que ses aînés ne trouvent pas de poste à la hauteur de leur diplôme, nous pouvons nous interroger : quelle place peut encore avoir l’école ?

Recueilli par Sandrine Cochard

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Extrait du site de RTL, le 06.01.07 : La violence a progressé de 7% dans les ZEP

La violence scolaire vise de plus en plus les enseignants et la situation s’aggrave dans les collèges et lycées des quartiers sensibles. Mais les actes à motivation raciste ou antisémite ont fortement baissé. Tels sont les principaux enseignements que l’on peut tirer des données fournies par le logiciel Signa, créé en 2001 par l’Education nationale. Ce logiciel destiné à recenser les violences est boycotté depuis la rentrée de septembre 2006 par les chefs d’établissement.

Davantage d’enseignants victimes de violences scolaires
La violence scolaire touche de plus en plus les enseignants, victimes d’injures ou de menaces. C’est le ministère de l’Education qui le dit, résultat de sa dernière enquête interne portant sur l’année scolaire 2005-2006. Sur cette période, le nombre de signalements de faits de violence est pourtant resté à peu près stable, avec une très légère progression de 0,5% par rapport à l’année précédente. Mais il est en hausse de 7% dans le réseau éducation prioritaire (ZEP). L’enquête recense 82.000 déclarations d’incidents graves remontées par les chefs d’établissemnt ou conseillers d’éducation.

Enseignement le plus troublant : La violence scolaire vise de plus en plus les enseignants. Les profs sont de plus en plus exposés aux injures ou aux menaces, car sept incidents sur dix dont ils sont victimes sont de cette nature. Le ministère de l’Education nationale souligne aussi l’apparition de nouvelles formes d’agression, comme les blogs insultants ou le happy slapping. Donnée plus encourageante : les actes à motivation raciste ou antisémite ont fortement baissé

Le logiciel Signa boycotté

Ces données sont fournies par le logiciel Signa, créé en 2001 par l’Education nationale. Ce logiciel est destiné à recenser les violences. Il faut toutefois rappeler qu’il a été boycotté depuis la rentrée de septembre 2006 par les chefs d’établissement, et ce, après la publication dans le magazine Le Point des chiffres 2005-2006. A l’époque de la parution du "palmarès" des établissements les plus violents, une polémique était née dans le monde de l’éducation. Les syndicats avaient en effet été choqué par l’utlisation commerciale de ces chiffres, qui stigmatisaient certains établissements.

A.Chassang

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Extrait du site « VousNousIls », le 04.01.07 : Le nombre d’enseignants victimes de violence en hausse

Le ministère de l’Education Nationale vient de publier les chiffres de la violence scolaire portant sur l’année 2005-2006. Globalement les signalements d’incidents violents restent stables avec un total de 82 000 (soit 14 incidents par établissement). Il faut néanmoins noter de très fortes disparités, 10% des établissements concentrent ainsi 48% des violences essentiellement des collèges et des lycées situés en zone d’éducation prioritaire.

L’étude montre que les personnels des établissements (enseignants, surveillants, conseillers d’éducation) sont de plus en plus souvent victimes de ces violences scolaires. Depuis 2002-2003, la violence à leur encontre a augmenté de 25%. Et le corps enseignant semble particulièrement visé avec une hausse de 7% par rapport à l’année dernière. Sept incidents sur dix concernant les professeurs sont liés à des injures ou des menaces.

L’enquête confirme également le développement de nouvelles formes de violences comme les blogs sur Internet qui peuvent porter atteinte à la vie privée des enseignants ou être insultants et le "happy slapping" (agression filmée par téléphone portable). Dernier élément notable : les actes racistes ou antisémites ont continué de diminuer fortement.

Sources Libération, AFP

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