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Le travail scolaire des jeunes en dehors de la classe : quelles pratiques et quelles disparités ?
Note d’information DEPP, n° 23.32 de juin 2023
En dehors des heures de cours, les collégiens de 13 ou 14 ans travaillent de manière différente en termes de temps consacré à leurs devoirs, d’organisation, de méthodes de travail ou encore d’autonomie. Ainsi, près d’un collégien sur deux consacre en moyenne 5 heures ou plus par semaine à ses devoirs alors que près d’un tiers y consacre 3 heures ou moins. Pendant une semaine de cours habituelle, le fait de travailler régulièrement juste après être rentré du collège rassemble plus de 8 collégiens sur 10. Quand ils ne sont pas au collège, 70 % des collégiens sont aidés régulièrement pour effectuer leur travail scolaire et cette aide est avant tout apportée par la mère. Si les enfants de cadres et de chefs d’entreprise sont deux fois plus nombreux à bénéficier de cours payants que les enfants d’ouvriers non qualifiés, ce sont ces derniers qui bénéficient le plus du dispositif Devoirs faits (33 % contre 13 % pour les enfants de cadres et de chefs d’entreprise). Les différences en termes de travail scolaire sont fortement liées au sexe de l’élève et à son niveau scolaire : les filles sont plus studieuses que les garçons et les élèves avec les meilleures performances scolaires organisent mieux leur travail.
[…] À niveau scolaire équivalent, l’origine sociale des collégiens ne joue presque pas sur leur temps de travail ou sur leur autonomie
Avec un lien nettement plus modéré que celui observé pour le genre ou pour le niveau scolaire, le temps consacré par les jeunes à leur travail scolaire en dehors de la classe n’est pas indépendant de leur origine sociale. Ce lien est particulièrement observé pour le temps de travail le plus réduit. En effet, seuls 9 % des enfants de cadres et de chefs d’entreprise et 10 % des enfants de professions intermédiaires consacrent moins de 2 heures par semaine à leurs devoirs, contre respectivement 16 % et 21 % parmi les enfants d’ouvriers ou d’inactifs æfigure 1. À caractéristiques comparables, ce lien est confirmé (voir « Pour en savoir plus » - figure 6). En revanche, être issu d’un milieu plus favorable semble être moins lié aux temps de travail élevés. Ainsi, les enfants de cadres et de chefs d’entreprise sont plus nombreux à travailler entre 5 et 6 heures par semaine que les enfants d’ouvriers non qualifiés (34 % contre 25 %), mais cet écart n’est plus significatif quand l’analyse est menée toutes choses égales par ailleurs. Seuls les enfants des agriculteurs et, dans une moindre mesure, les enfants de professions intermédiaires ont une probabilité plus élevée que les enfants d’ouvriers non qualifiés de consacrer ce temps à leur travail. Le temps de travail des jeunes est cependant lié au diplôme le plus élevé de leurs parents. En effet, la fréquence d’un temps consacré au travail scolaire compris entre 5 et 6 heures augmente avec le niveau diplôme des parents.
Les différences selon l’origine sociale sont plus marquées quand il s’agit d’analyser l’aide régulière reçue par les élèves pour travailler en dehors de la classe. Celle qui provient des pères est ainsi nettement plus fréquente chez les enfants de cadres et de chefs d’entreprise (38 %) que chez les enfants d’ouvriers non qualifiés (23 %) ou d’inactifs (16 %) (voir « Pour en savoir plus » - figure 5). S’agissant de l’aide de la mère, l’écart est beaucoup plus réduit. Ces résultats peuvent être expliqués essentiellement par des différences de niveau de diplôme des parents, notamment celui de la mère : plus on progresse dans la scolarité et plus les mères qui continuent à aider sont plus diplômées (Rosenwald, 2006). Ainsi, à caractéristiques égales, la probabilité d’être aidé régulièrement par un parent croît avec son niveau de diplôme. Un enfant de père diplômé du supérieur a une chance d’être aidé par son père supérieure de 20 points par rapport à celle d’un enfant de père peu diplômé. Un enfant de mère diplômée du supérieur a une chance d’être aidé par sa mère supérieure de 22 points par rapport à celle d’un enfant d’une mère peu ou non diplômée (voir « Pour en savoir plus » - figure 10). Mais, même à situation comparable en matière de diplôme du père et d’autres caractéristiques, les différences d’origine sociale pèsent encore significativement sur la chance d’être aidé par ce dernier. En revanche, à diplômes et autres caractéristiques familiales comparables, l’origine sociale ne joue pas sur l’aide de la mère.
Si les enfants d’origine sociale moins favorisée sont moins aidés par leurs pères, ils trouvent de l’aide plus fréquemment que les enfants issus de milieux favorisés auprès de leurs frères et sœurs (16 % pour les enfants d’ouvriers non qualifiés contre 7 % pour les enfants de cadres et de chefs d’entreprise) (voir « Pour en savoir plus » - figure 5) ou auprès d’autres personnes (25 % pour les premiers contre 18 % pour les seconds). En revanche, les analyses toutes choses égales par ailleurs montrent que ces résultats s’expliquent par d’autres caractéristiques : plus l’élève a de frères et sœurs et plus il est aidé par eux (voir « Pour en savoir plus » - figure 10). De même, les jeunes vivant au sein d’une famille recomposée ont une probabilité de recourir à d’autres personnes que les parents ou les frères et sœurs plus grande de 6 points que celle des enfants vivant avec leurs deux parents.
Une fois les caractéristiques familiales de l’élève prises en compte, l’origine sociale ne joue plus sur l’aide reçue par les frères et sœurs ou par d’autres personnes, sauf pour les enfants d’inactifs. Au final, la part des élèves qui ne reçoivent pas d’aide régulière en dehors des heures de cours est très proche entre les élèves d’origines sociales différentes (30 % en moyenne), exception faite des enfants d’inactifs pour lesquels l’absence de l’aide parentale n’est pas totalement compensée par les autres aides dont ils bénéficient : ils sont plus nombreux à ne recevoir aucune aide régulière pour faire leurs devoirs (40 %). Ce sont les recours aux cours payants ou aux dispositifs de Devoirs faits qui semblent être plus liés à l’origine sociale. En effet, les enfants de cadres et de chefs d’entreprise sont deux fois plus nombreux à bénéficier de cours payants que les enfants d’ouvriers non qualifiés et ce sont ces derniers qui bénéficient le plus du dispositif Devoirs faits (33 % contre 13 % pour les enfants de cadres et de chefs d’entreprise).
[Extrait de education.gou.fr de juin 2023->https://www.education.gouv.fr/le-travail-scolaire-des-jeunes-en-dehors-de-la-classe-quelles-pratiques-et-quelles-disparites-378635