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Les réactions, notamment syndicales, à l’annonce des mesures de Pap Ndiyae sur le collège

6 janvier

Contre la baisse de niveau, des mesures qui cachent mal les suppressions de moyens

Service minimum pour faire face à la baisse du niveau des élèves. Le 4 janvier, Pap Ndiaye a fait les annonces classiques des ministres économes : dictée et calcul quotidiens à l’école primaire, une heure de maths ou français en plus en 6ème, généralisation de Devoirs faits. Autant de mesures qui ne coutent pas grand chose puisqu’il sera fait appel à des professeurs des écoles au collège. Pas question de revenir sur les suppressions de postes ou de diminuer le nombre d’élèves en classe. Sur la revalorisation Pap Ndiaye entretient le flou.

Des propos à nouveau flous sur la revalorisation

Il y aura » une augmentation socle pour tous les enseignants » a promis le 4 janvier Pap Ndiaye sur BFM. Sur son compte Twitter, il parle « d’une revalorisation générale pour tous et des rémunérations liées à de nouvelles missions ». Le ministre de l’éducation nationale revient donc sur ses propos du 16 octobre où il parlait d’une revalorisation pour les « 20 à 25 premières années de carrière ». Et il le fait pour une augmentation promise pour septembre 2023, autrement dit un moment bien lointain. Après les déclarations présidentielles fluctuantes, Pap Ndiaye entretient à son tour le flou sur ce que sera réellement cette revalorisation, du moins pour la partie générale. Car le discours sur le « nouveau pacte », c’est à dire faire travailler davantage les enseignants, est nettement plus constant. Ces propos contradictoires, évoluant au gré des semaines alors que l’inflation grignote rapidement le niveau de vie des enseignants, ne risquent pas d’attirer des candidats vers un métier dont l’avenir semble douteux et dont la revalorisation réelle, à travers le nouveau pacte, s’annonce très inégalitaire.

Impasse sur les inégalités sociales de réussite

Pap Ndiaye a été bien plus clair et surtout plus traditionnel en ce qui concerne les annonces pédagogiques. S’appuyant sur les résultats des évaluations faites par son ministère, il déclare que « 27% des élèves (n’ont) pas le niveau requis en français, un tiers en maths » à l’entrée en collège. Le ministre fait surtout l’impasse sur la dimension sociale de cette situation. Il ne le dit pas mais ces élèves faibles sont surtout des élèves pauvres. Selon ces évaluations, en 6ème, le score moyen en français passe de 261 en 2020 et 2021 à 256 en 2022. Mais, « les élèves accueillis dans les établissements publics appartenant à un REP+ ont des difficultés particulièrement marquées : ils sont 53,7 % à appartenir aux deux groupes de bas niveaux, soit 27,7 points de plus que ceux scolarisés dans le secteur public hors EP ». Les disparités sont très fortes selon l’IPS des collèges : 277 pour le groupe d’IPS 1 et 234 pour le groupe 5.

En maths, globalement, les écarts de réussite, liés également au niveau social, se sont renforcés tout au long du premier quinquennat. « Au niveau national, en début d’année scolaire 2022-2023, le score moyen est stable (253,3 points en 2022 pour 253,5 points en 2021). Sur la période 2017-2022, la part des élèves dans les bas niveaux a légèrement augmenté, passant de 30,8 % à 32,5 % (+1,7 point). Dans le même temps, la proportion d’élèves dans les hauts niveaux a connu une hausse plus importante, passant de 28,2 % à 31,4 % (+3,2 points) ». L’écart selon le profil social des collèges est important : 276 pour le groupe IPS 1 et 227 pour le groupe 5.

C’est pire quand on regarde l’enquête internationale TIMSS 2019, sur le niveau en maths, montre qu’en Cm1 les écoliers français sont nettement en dessous de la moyenne des pays de l’UE (485 contre 527) et de l’OCDE (529). Cet écart de 50 points correspond à une année d’enseignement ! Il faut chercher le Chili pour ne pas être le dernier pays de l’OCDE… De plus, notre score a baissé depuis les déjà très mauvais résultats de 2015. L’école française compte trop d’élèves très faibles (12%) et trop peu de très bons (3% contre 7% dans l’OCDE).

Un catalogue classique de mesures

Face à cette situation, Pap Ndiaye emprunte au catalogue classique des ministres. Pour faire face à ces faibles niveaux, il invite à renforcer les fondamentaux. Rappelons que la France est déjà la championne d’Europe des horaires de français et maths à l’école primaire. Et cela s’est nettement aggravé sous le quinquennat précédent sous les incitations ministérielles. Pourtant on ne peut pas dire que les résultats soient au rendez-vous de cette démarche !

Pap Ndiaye annonce que « des recommandations pédagogiques (par exemple sur la pratique régulière de la dictée, la pratique quotidienne de la rédaction, la régularité du calcul mental) sont adressées aux professeurs de CM1 et de CM2 ». Avant lui, N Vallaud-Belkacem en 2015, JM Blanquer en 2017, ont eux aussi annoncé le calcul mental et la dictée quotidiens. En réalité cette mesure est en application depuis 2002 et largement installée dans les classes des écoles.

Il reste une nouvelle mesure : « A compter de la rentrée 2023, tous les élèves de CM1 passeront des évaluations nationales en français et en mathématiques qui donneront aux professeurs des repères pédagogiques afin d’éviter que les difficultés ne s’installent ». Pap Ndiaye poursuit donc la construction de la machine numérique typique du nouveau management public. On a pu voir ses effets négatifs aux Etats-Unis et en Grande Bretagne avant de la subir en CP et CE1 en France. Elle enserre les pratiques pédagogiques, appauvrit l’enseignement au détriment des disciplines autres que celles qui sont évaluées. Au final, les élèves apprennent à réussir les tests ce qui ne veut pas dire que leur niveau s’améliore. Et la pression sur les enseignants est telle que cela influe sur les résultats aux tests. Ces évaluations nationales sont un outil de management des enseignants sans être une aide ou un outil d’enseignement.

Des PE au collège

Au collège, Pap Ndiaye annonce que » des professeurs des écoles interviendront en classe de 6e pour favoriser la transition entre l’école et le collège et soutenir l’apprentissage des savoirs fondamentaux » et que « chaque élève bénéficiera d’une heure hebdomadaire de soutien ou d’approfondissement en mathématiques ou en français, autour des compétences clés ». Pap Ndiaye s’inspire d’une expérimentation à peine entamée à Amiens, celle des classes tremplin.

Ces mesures ont l’avantage d’être économes. Améliorer les conditions d’enseignement en classe des élèves de sixième en diminuant le nombre d’élèves en classe et en créant des petits groupes aurait été autrement couteux. Pap Ndiaye a annoncé 800 suppressions de postes dans le premier degré. Envoyer des professeurs des écoles (PE) dans les collèges correspond à environ 1200 postes. On se rapproche des 2500 postes de PE que le ministère pense possible de supprimer au vu de l’évolution démographique. Là aussi le choix n’est pas celui de l’amélioration des conditions d’enseignement dans le 1er degré.

Il semble que le ministre fasse le choix de séparer l’aide des cours normaux, à travers ces heures confiées à des PE et le renforcement de « devoirs faits » qui deviendrait obligatoire. Ce choix est économique mais ce n’est pas le meilleur sur le plan pédagogique.

Enfin Pap Ndiaye annonce une énième réforme du brevet. » Une concertation sera engagée avec l’ensemble des acteurs de la communauté éducative sur l’évolution des classes de 5e, de 4e et de 3e pour d’ici la fin du quinquennat..Tous les sujets seront abordés. Ces travaux pourront porter sur les modalités d’évaluation. Le Diplôme national du brevet sera révisé s’il le faut ». Cet examen, particulièrement mal taillé, fait l’objet, comme le bac, de réformes régulières. On peut s’interroger sur cette incapacité du ministère à asseoir aucun examen national au moment où il prêche l’autonomie des établissements.

Avis négatif des syndicats

Ces mesures ont entrainé des réactions syndicales négatives. Pour le Se-Unsa, » face aux besoins des élèves, la réponse apportée reste superficielle. Elle s’appuie sur l’expérimentation « 6e tremplin » à peine débutée dont on voit déjà les limites organisationnelles. L’opérationnalité de cette généralisation est fortement interrogée, en particulier pour permettre à des professeurs des écoles d’intervenir durablement au collège ». Pour le Snalc, qui parle « d’usine à gaz », » les réponses proposées ne nous semblent pas à la hauteur, et ne prennent pas en compte les classes surchargées ni les difficultés d’exercice du métier ». Pour Sud, » l’aide aux devoirs est bien sûr précieuse aux élèves, mais elle ne peut être l’unique réponse aux difficultés scolaires. Celles-ci doivent être également prises en charge sur le temps de classe avec une baisse significative des effectifs et l’augmentation du nombre d’heures en effectifs réduits ». Pour ce syndicat, » il faut cesser les « annonces vitrines », impossibles à mettre en oeuvre sans désorganiser le fonctionnement des écoles et des collèges. Dans le contexte d’austérité budgétaire, ces annonces risquent fortement de dégrader encore les conditions de travail dans l’Éducation nationale et laissent supposer que la revalorisation des personnels maintes fois promise par le ministère se résumerait en fait à un développement des heures supplémentaires ».

François Jarraud

Extrait de cafepedagogique.net du 05.01.23

 

Premières réactions aux annonces de Pap Ndiaye, entre incompréhension et septicisme (SUD, SE-UNSA, SNALC)

"Alors que le ministre avait déclaré au SNALC à la rentrée de septembre vouloir faire une réforme structurelle du collège, le (Syndicat national des lycées et collèges) ne saisit pas bien l’usine à gaz qu’on est en train de monter pour mettre en place une heure d’accompagnement en français OU en mathématiques en classe de sixième."

Premier à réagir aux annonce de Pap Ndiaye ce 4 janvier sur BFM, il estime "qu’une fois encore", une "expérimentation", celle de "la sixième tremplin dans l’académie d’Amiens" est généralisée avant d’être évaluée". Et il titre son communiqué : "on n’y comprend plus rien."

Il rappelle demander en sixième une heure de français et une heure de mathématiques en plus, "assurées par les professeurs du collège et non par des professeurs des écoles", et constate que sur la revalorisation, les termes changent sans que la perspective apparaisse : "Le budget de 2023 est en effet très loin de permettre de payer les personnels à leur juste valeur."

Pour SUD éducation, Pap Ndiaye est "Hors sujet" et impose "ses lubies" aux personnels. L’organisation syndicale estime que le dispositif "Devoirs faits" est "arbitrairement généralisé au détriment d’autres" comme "l’accompagnement éducatif, qui permettaient de financer l’aide aux devoirs mais aussi d’autres projets construits par les équipes". Elle fait valoir que "l’explosion des missions et des heures supplémentaires se fait, à terme, au détriment des missions d’enseignement et d’accompagnement des élèves". Elle s’inquiète des modalités de mise en oeuvre de "l’intervention de professeur.es des écoles en 6e" : "quel temps de concertation est prévu entre les enseignant.es des écoles et des collèges ? Sur quel volume horaire ces enseignements auront-ils lieu ? Comment seront-ils articulés avec les autres heures de français et de mathématiques ? Quelle serait la prise en charge des frais de déplacement occasionnés par cette intervention sur un autre établissement ?"

Pour sa part, le SE-UNSA dénonce "une réponse superficielle face aux besoins des élèves", qui "s’appuie sur l’expérimentation ’6ème tremplin’ à peine débutée dont on voit déjà les limites organisationnelles (...). Les premiers mois montrent une satisfaction pour les professeurs et les élèves. Néanmoins, l’accumulation des heures supplémentaires et des déplacements pour des interventions sur la pause méridienne ou le mercredi matin menacent la motivation sur le long cours." Le Syndicat des enseignants plaide pour une diminution des effectifs qui permettrait "de varier les méthodes d’apprentissage", ce qui suppose de faire "de la place au travail collectif des enseignants, un soutien au "travail commun entre les professeurs des collèges et des écoles", une augmentation du nombre des RASED et une extension au collège du dispositif.

Extrait de touteduc.fr du 04.01.23

 

Pour la FCPE, les propositions du Ministre sont loin d’être suffisantes.

Renforcement du lien école-collège : si le diagnostic est pertinent, le traitement n’est pas bien dosé !
Il y a quelques semaines le ministre de l’Education nationale qualifiait le collège comme “l’homme malade” du système éducatif… Aujourd’hui, le diagnostic se précise avec la publication des résultats des évaluations nationales. Elles mettent en avant un niveau qui serait insuffisant, en français et en maths, à l’entrée en sixième qui – si on y regarde de plus près – montrent surtout des différences de niveaux observées entre les élèves de l’éducation prioritaire et les autres.
A cela se cumule une étude du ministère publiée il y a quelques jours de cela, montrant officiellement que le nombre d’élèves dans les classes de notre pays était bien supérieur à la moyenne des autres pays de l’Union européenne. Ajoutons la toute récente déclaration du ministre, annonçant que 15 millions d’heures d’enseignement sont perdues chaque année en raison de remplacements non assurés… C’est abyssal, catastrophique…

Il est bon de rappeler que les élèves français sont ceux qui bénéficient du moins de journées d’école par an et le plus d’heures de cours toujours sur la même base de comparaison. On peut alors se poser la question de savoir comment nos enfants pourraient rattraper les retards cumulés…
C’est sur ces constats accablants qui construisent un peu plus chaque jour l’école de la défiance que la FCPE aimerait voir le ministère réagir avec plus de force et agir avec plus de moyens…

Même si nous notons l’intention louable de continuer à renforcer les liens pédagogiques entre l’école et le collège tous deux concernés par le cycle 3 (CM1/CM2/6e), proposer des mesures de « colmatage » en déployant des enseignants du premier degré sur des établissements du secondaire en plus de leur service pour faire du soutien scolaire, n’est pas réaliste ni suffisant vu l’ampleur des défis.

La FCPE s’inquiète du bien-être des élèves et du respect du rythme des enfants, ces heures d’accompagnement se mettraient en œuvre, en effet, uniquement sur des plages hors temps scolaire.

Quelle organisation concrète sera mise en place ? Quelle prise en compte du rythme des élèves et de leur bien-être ?

A l’heure où les dotations horaires globales des établissements vont être communiquées et prochainement débattues dans les collèges et lycées, la FCPE réitère ses demandes et exige la fin de la saignée des moyens :

– Nous demandons une baisse immédiate et significative des effectifs dans les classes, ce n’est pas un luxe mais juste indispensable !

– Nous demandons le recrutement massif d’enseignants et d’adultes de vie scolaire, de personnels médicaux sociaux dans les établissements scolaires pour enseigner, encadrer et accompagner les élèves dans leurs apprentissages et dans leur bien-être…

https://www.fcpe.asso.fr/sites/default/files/2023-01/CAMPAIGN_403.pdf

 

Les annonces de Pap Ndiaye "ne passent pas", estime le SGEN-CFDT ; Un "placebo" pour la FCPE

Les annonces de Pap Ndiaye hier 4 janvier sur la 6ème "ne passent pas auprès des collègues", estime le SGEN-CFDT. L’extension de l’expérimentation des classes de 6e tremplin de l’académie d’Amiens "n’a que quatre mois", ses effets n’ont pas été évalués, "ni la capacité à la tenir à long terme". Des échanges montrent qu’il est difficile de trouver un moment où inscrire cette heure de soutien. Durant la pause méridienne ? Comment laisser aux professeurs des écoles le temps de déjeuner, "de faire des ajustements pour leur classe l’après-midi et de faire l’aller-retour école-collège (...). Annoncer une généralisation de ce dispositif sans évaluation soulève en effet bon nombre d’interrogations…"

Le SGEN considère que "la liaison CM2-6ème a été présentée à juste titre comme un sujet majeur" et "plaide pour une relance du cycle 3, qui avait été mis sous le boisseau pendant le mandat précédent". Mais cette relance impliquerait "de traiter la question des temps de concertation et de leur reconnaissance", et aussi "de redonner son importance à la boussole que doit être le socle commun de connaissances, de compétences et de culture".

Quant aux autres annonces, "très prudentes", elles nécessitent elles aussi des précisions. La faisabilité de la mise en oeuvre de l’obligation de suivi du dispositif "devoirs faits" pose "une réelle question" et "beaucoup de mises au point sont donc nécessaires à ce stade".

La tonalité de la réaction de la FCPE n’est pas très différente : "Même si nous notons l’intention louable de continuer à renforcer les liens pédagogiques entre l’école et le collège (...), proposer des mesures de ’colmatage’ en déployant des enseignants du premier degré sur des établissements du secondaire en plus de leur service pour faire du soutien scolaire, n’est pas réaliste ni suffisant vu l’ampleur des défis". Les parents d’élèves se demandent "quelle organisation concrète sera mise en place" et comment seront pris en compte les rythmes des élèves et leur bien-être. Ils demandent "une baisse immédiate et significative des effectifs dans les classes ainsi que "le recrutement massif d’enseignants et d’adultes de vie scolaire, de personnels médicaux sociaux dans les établissements scolaires"...

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Extrait de touteduc.fr du 05.01.23

 

Des mesures cosmétiques loin des urgences pour notre système éducatif
Communiqué SNES-FSU, SNUIpp-FSU, SNEP-FSU, SNUEP-FSU suite aux annonces du ministre de l’Éducation nationale concernant le cycle 3.
5 janvier 2023

Tout ça pour ça : « l’homme malade du système éducatif » selon le ministre se voit donc administrer une petite tape dans le dos en lui disant que ça va aller mieux ! Après des mois à user de métaphores pointant les problèmes, bien réels, du collège, le ministre en reste à des mesures cosmétiques. Enfermé dans le carcan des suppressions de postes et de la baisse de moyens humains, le ministre est incapable de répondre aux préoccupations centrales des personnels : revalorisation, baisse des effectifs dans les classes et amélioration des conditions de travail.

Des réponses hors sujet

Alors qu’il existe un important noyau d’élèves en grande difficulté en 6eme, le ministre impulse un dispositif léger et contestable, sans cadre national, ni moyens dédiés. Faut-il rappeler que près de 481 emplois dans le second degré et plus de 1000 dans le premier degré seront supprimés à la prochaine rentrée ? Ce dispositif ne permettra pas d’améliorer de travailler dans la durée sur les difficultés des élèves et ne s’appuie pas sur les recherches concernant notamment la construction des inégalités et des difficultés scolaires. La généralisation de Devoirs faits en 6eme va dans le même sens pour un dispositif dont l’enjeu est en fait de piloter les pratiques pédagogiques des professeurs.

Ce saupoudrage d’heures de soutien s’ajoute à ce qui existe déjà : activités pédagogiques complémentaires à l’école, devoirs faits au collège, stages de remise à niveau, des dispositifs qui n’ont jamais fait la preuve de leur efficacité puisque les inégalités se creusent toujours.

Depuis des mois, le ministre fait la promotion du pacte enseignant, marotte présidentielle qualifiée de revalorisation mais qui n’est autre qu’un grossier synonyme de « travailler plus pour gagner plus ». Or, les enquêtes institutionnelles montrent que les enseignants du premier et du second degré travaillent déjà plus de 43 heures par semaine en moyenne. La participation des professeurs des écoles à des dispositifs de soutien en 6eme s’inscrit d’abord dans la stratégie ministérielle qui consiste à chercher tout azimut des nouvelles activités à intégrer dans le pacte. Cela confirme que celui-ci n’a aucune logique pédagogique mais qu’il a d’abord et surtout une logique politique : appliquer un projet présidentiel sans tenir compte de la réalité du terrain !

Nos exigences
En collège, en 10 ans, la part des classes de plus 30 élèves a doublé dégradant les conditions d’apprentissage des élèves et des personnels alors qu’il ne faudrait pas plus de 24 élèves par classe (et 20 en éducation prioritaire). Plutôt que d’externaliser le traitement pédagogique des difficultés scolaires à travers des dispositifs comme Devoirs faits aux collège, l’aide aux élèves doit se faire avant tout, dans la classe, par les enseignants. Outre des effectifs raisonnables cela nécessite des moyens permettant d’organiser dans toutes les disciplines du travail en groupes à effectif réduit
Si des difficultés existent en 6eme, ne serait-il pas nécessaire de les enrayer avant ? C’est notamment avec l’abaissement des effectifs dans toutes les classes de l’école primaire, la mise en place d’enseignants supplémentaires mais également en réabondant les postes d’enseignants de réseau d’aides pour permettre de traiter la difficulté scolaire dans les classes que cela doit se faire.

Se mobiliser pour porter une autre ambition pour l’École

Face à un projet présidentiel qui ne règle en rien le problème de la difficulté scolaire et des inégalités, des mesures qui ne portent aucune attention aux conditions de travail des personnels, les syndicats enseignants de la FSU (SNUipp-SNES-SNEP-SNUEP) portent une tout autre ambition pour l’École : baisse des effectifs, traitement des difficultés scolaires dans la classe notamment grâce à des moyens fléchés (enseignants supplémentaires, RASED …), autant de mesures nécessaires pour améliorer l’inclusion. C’est un véritable plan d’urgence qu’il faut pour l’école. La FSU se mobilisera le 17 janvier pour revendiquer une revalorisation salariale sans contrepartie et une amélioration des conditions de travail des personnels

Extrait de snes.edu/ du 05.01.23

Annonces classe de 6ème : une réponse superficielle face aux besoins des élèves

Le ministre a annoncé une heure de soutien ou d’approfondissement en mathématiques et en français pour les élèves de 6e avec l’intervention de professeurs des écoles. Pour le SE-Unsa, face aux besoins des élèves, la réponse apportée reste superficielle. Elle s’appuie sur l’expérimentation « 6e tremplin » à peine débutée dont on voit déjà les limites organisationnelles. L’opérationnalité de cette généralisation est fortement interrogée, en particulier pour permettre à des professeurs des écoles d’intervenir durablement au collège, en plus de leurs cours avec leurs élèves. Les premiers mois montrent une satisfaction pour les professeurs et les élèves. Néanmoins, l’accumulation des heures supplémentaires et des déplacements pour des interventions sur la pause méridienne ou le mercredi matin (pour ceux qui sont en semaine de 4 jours dans leur école) menacent la motivation sur le long cours.

Pour le SE-Unsa :
La réussite des élèves, en particulier de ceux qui arrivent au collège avec des difficultés importantes, ne peut s’envisager qu’en travaillant avec des effectifs moins nombreux permettant de varier les méthodes d’apprentissage sur l’ensemble des heures de cours, et avec des emplois du temps de professeurs laissant de la place au travail collectif.
Améliorer la transition école/collège commence par soutenir le travail commun entre les professeurs des collèges et des écoles au sein du conseil de cycle 3, sur le temps de service. Cela n’a pas été évoqué par le ministre.
Il faut également redonner les moyens à l’école primaire de prévenir le plus tôt possible les difficultés scolaires avec les enseignants spécialisés des Rased dont le nombre a été drastiquement réduit depuis plus de 10 ans. Ce dispositif doit être étendu au collège.
Pour le SE-Unsa, l’Ecole manque moins d’idées que de moyens pour relever le défi de la réussite de tous les élèves.

Extrait de enseignants.se-unsa.org du 04.01.23

 

Revalorisation, collège : on n’y comprend plus rien

Sur la revalorisation, le ministre a parlé d’une « augmentation socle pour tous les enseignants », contredisant ce qu’il avait exprimé le 16 octobre dernier (« les 20 à 25 premières années de carrière »). Il est temps que le ministère arrête de faire de la com’ sur cette pseudo-revalorisation et entre dans le réel des chiffres. Le SNALC rappelle qu’il défend un rattrapage salarial pour tous sans contrepartie, l’abandon du pacte et une revalorisation pluriannuelle. Le budget de 2023 est en effet très loin de permettre de payer les personnels à leur juste valeur.

Alors que le ministre avait déclaré au SNALC à la rentrée de septembre vouloir faire une réforme structurelle du collège, le SNALC ne saisit pas bien l’usine à gaz qu’on est en train de monter pour mettre en place une heure d’accompagnement en français OU en mathématiques en classe de sixième. Cette heure est-elle financée en plus, ou bien retire-t-on quelque chose de l’emploi du temps pour la mettre en place ?

Le SNALC rappelle qu’il demande en sixième une heure de français ET une heure de mathématiques en plus, avec les moyens permettant de faire des groupes à effectifs réduits, assurées par les professeurs du collège et non par des professeurs des écoles, qui ne sont pas demandeurs. Alors même que le ministre a dressé un constat plutôt objectif de la situation très dégradée sur le niveau scolaire de nos élèves, appuyé sur les études de la DEPP[1] , les réponses proposées ne nous semblent pas à la hauteur, et ne prennent pas en compte les classes surchargées ni les difficultés d’exercice du métier.

Le SNALC note au passage qu’on ne perd pas les mauvaises habitudes à l’Éducation nationale, puisqu’une fois encore, une « expérimentation » (la sixième tremplin dans l’académie d’Amiens) est généralisée avant d’être évaluée, et qui plus est avec des « modalités différentes » (donc probablement au rabais).

Extrait de snalc.fr du 04.01.23

 

Collège : «  Hors sujet  » pour le ministre Pap Ndiaye  !

Le Ministre de l’Éducation nationale a annoncé une série de mesures concernant le collège ce mercredi 4 janvier. SUD éducation regrette l’entêtement du Ministre à préférer, comme son prédécesseur, les annonces médiatiques, et à imposer ses lubies plutôt que d’entendre les besoins réels des personnels pour faire vivre le service public d’éducation.

Les personnels revendiquent davantage de moyens pour baisser le nombre d’élèves par classe et garantir un meilleur accompagnement des élèves ainsi que des formations afin de mettre en œuvre une école réellement inclusive. Néanmoins, après avoir annoncé la suppression de 1500 postes pour la rentrée 2023, le Ministre fait deux nouvelles annonces bien en-deçà des enjeux et qui montrent sa méconnaissance des écoles et des établissements scolaires : la généralisation de « devoirs faits » et la création d’une heure hebdomadaire d’« approfondissement en français et en mathématiques » pendant laquelle interviendraient des professeur·es des écoles.

Le dispositif « Devoirs faits » est révélateur de la politique du ministère depuis Blanquer : un dispositif est arbitrairement généralisé au détriment d’autres. On se souvient que l’enveloppe « devoirs faits » a aspiré les crédits alloués à l’accompagnement éducatif, qui permettaient de financer l’aide aux devoirs mais aussi d’autres projets construits par les équipes pour répondre aux besoins spécifiques des élèves dans les collèges. L’aide aux devoirs est bien sûr précieuse aux élèves, mais elle ne peut être l’unique réponse aux difficultés scolaires. Celles-ci doivent être également prises en charge sur le temps de classe avec une baisse significative des effectifs et l’augmentation du nombre d’heures en effectifs réduits. Le dispositif « Devoirs faits » repose sur le volontariat des équipes et on constate ainsi de grandes disparités dans sa mise en oeuvre selon les collèges. Pour SUD éducation, la lutte contre les inégalités et les difficultés scolaires ne doit pas être conditionnée à la mise en place de dispositifs reposant sur des missions supplémentaires qui s’ajoutent au service déjà important des personnels. L’explosion des missions et des heures supplémentaires se fait, à terme, au détriment des missions d’enseignement et d’accompagnement des élèves. Cette politique de missions et d’heures supplémentaires aggrave les inégalités salariales entre les femmes et les hommes, entre les personnels handicapés et les autres : rappelons que tous les personnels ne sont pas libres d’augmenter leur temps de travail.

La seconde annonce du Ministre, celle de l’intervention de professeur·es des écoles en 6e pour les enseignements de français et de mathématiques interroge quant à ses modalités d’application : quel temps de concertation est prévu entre les enseignant-es des écoles et des collèges ? Sur quel volume horaire ces enseignements auront-ils lieu ? Comment seront-ils articulés avec les autres heures de français et de mathématiques ? Quelle serait la prise en charge des frais de déplacement occasionnés par cette intervention sur un autre établissement ?

SUD éducation s’inquiète particulièrement de l’effet de cette mesure dans les écoles où 1000 postes seront déjà supprimés à la rentrée prochaine. L’inconséquence du Ministre est insupportable pour les personnels : il faut cesser les « annonces vitrines », impossibles à mettre en oeuvre sans désorganiser le fonctionnement des écoles et des collèges. Dans le contexte d’austérité budgétaire, ces annonces risquent fortement de dégrader encore les conditions de travail dans l’Éducation nationale et laissent supposer que la revalorisation des personnels maintes fois promise par le ministère se résumerait en fait à un développement des heures supplémentaires.

SUD éducation a construit un plan d’urgence pour le service public d’éducation qui répond aux besoins exprimés par les personnels. Alors que la comparaison avec les autres pays de l’OCDE révèle qu’en France les classes sont plus chargées et les enseignant·es moins bien payé·es qu’ailleurs, le service public scolaire a besoin de mesures fortes qui renforcent l’attrait des métiers de l’éducation et favorisent réellement la réussite des élèves, et non de la vitrine médiatique imposée par le Ministre.

Extrait de sudeducation.org du 04.01.23

 

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