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Présidentielle : - l’opposition rural/ville est un écran de fumée (Bruno Coquard dans La Gazette) - plusieurs études (Insee, Injep, Dress) relativisent les "manques" des jeunes ruraux

18 janvier 2022

« La France périphérique est un écran de fumée » – Benoît Coquard
En ce début de campagne présidentielle, la problématique de la « fracture territoriale » entre les grandes métropoles et les territoires ruraux et, en complément, la rivalité entre les campagnes et les banlieues ont le vent en poupe. Selon ­Benoît ­Coquard, sociologue à l’Inrae, ces représentations sont caricaturales et n’ont pour objectif que de servir un storytelling politique. Ce spécialiste des campagnes en déclin décrypte cette grosse ficelle du débat politique.

[...] Mais, selon ­Benoît ­Coquard, sociologue à l’Inrae et auteur de l’ouvrage « Ceux qui restent » (éd. La Découverte, 2019), ces représentations sont caricaturales et n’ont pour objectif que de servir un storytelling politique. Pour « La Gazette », ce spécialiste des campagnes en déclin décrypte cette grosse ficelle du débat politique. Il estime que ce concept vient surtout cacher l’écart social grandissant entre les classes populaires et le personnel politique. « En termes de programme et de représentation, les candidats qui sont sur le devant de la scène viennent de moins en moins des catégories sociales les plus nombreuses en France. Ils viennent des catégories sociales les moins nombreuses », analyse-t-il.

[...] Est-ce qu’il n’y a pas tout de même une part de réalité derrière le concept de France périphérique ?
En principe, la part des ouvriers et des employés dans ­l’ensemble de la population – ce que l’on appelle les classes populaires – est plus forte dans les zones périurbaines et rurales que dans les zones urbaines. Mais il faut bien avoir en tête que la tendance générale du milieu rural est d’être de plus en plus attractif et d’attirer des populations aisées (tourisme, néoruraux, résidences secondaires, interconnexion avec l’économie urbaine…).

Il existe une grande diversité en milieu rural. Seules les campagnes en déclin marquées par la désindustrialisation, et très minoritaires dans la France rurale d’aujourd’hui, sont celles qui correspondent le plus à la caricature que l’on fait de ces espaces. Ces départements perdent beaucoup d’habitants et n’arrivent pas à proposer des débouchés aux jeunes diplômés de leur territoire.

On ne peut pas tout mettre dans le même sac. Ce serait comme de dire que Neuilly-sur-Seine et Aubervilliers c’est la même chose car ce sont des villes de banlieue parisienne, alors qu’on a l’une des communes les plus riches de France et l’une des plus pauvres. La seule opposition métropoles et villes rurales ne fonctionne pas.

Les inégalités de territoires cachent des inégalités de classe. Les classes sociales qui restent dans les territoires en déclin voient se dégrader leurs conditions de vie dans toute la France. Aujourd’hui, tout un tas de concepts masquent la réalité. Ce sont des écrans de fumée.

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Extrait de lagazettedescommunes.com du 17.01.22

 

Entre ville et campagne, les parcours des enfants qui grandissent en zone rurale
Insee première, n° 1888

Au 1er janvier 2018, 17,7 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes de 3 à 24 ans vivent en France. Parmi eux, 30 % vivent en milieu rural. Compte tenu des mobilités résidentielles, la part des jeunes vivant dans une commune rurale augmente entre 3 et 13 ans, reste quasi stable entre 14 et 17 ans, puis chute de 9,5 points à l’âge de 18 ans. À la majorité, 20 % des jeunes ruraux partent s’installer en ville, principalement pour poursuivre leurs études.

Les jeunes ruraux grandissent moins souvent en famille monoparentale que les jeunes urbains et ils vivent dans des logements plus spacieux. Ils sont plus fréquemment scolarisés hors de leur commune de résidence que les jeunes urbains. Ils parcourent une distance croissante selon l’âge de l’école au lycée, entre 9 et 23 kilomètres en moyenne pour rejoindre leur établissement scolaire lorsqu’il est situé dans une autre commune. Entre 16 et 24 ans, les jeunes ruraux suivent plus souvent des formations en apprentissage que les jeunes vivant en milieu urbain.

Extrait de insee.fr du 18.01.22

 

Moins diplômés, quittant souvent leur territoire à 18 ans : l’Insee décrypte la mobilité des jeunes ruraux
Une enquête de l’institut de la statistique basée sur le recensement de 2018 s’intéresse aux parcours des jeunes de 3 à 24 ans ayant grandi en zone rurale. Ils représentent 30 % des 17,7 millions d’enfants, adolescents et jeunes adultes.

[...] « Ces données confirment l’importance de mieux connaître les parcours de la jeunesse rurale, trop souvent pensée sous l’angle des manques », estime Yaëlle Amsellem-Mainguy, sociologue à l’Institut national de la jeunesse et de l’éducation populaire, qui s’est intéressée à la vie des jeunes femmes à la campagne pour son ouvrage Les Filles du coin (Presses de Sciences Po, 2021), soulignant aussi l’intérêt de « prendre en compte les classes sociales ».

Cette dernière dimension est étudiée dans une enquête complémentaire de la Direction de la recherche, des études, de l’évaluation et des statistiques de mars 2021, s’intéressant aux conditions de vie des enfants ruraux de moins de 18 ans – bien que ne s’appuyant pas sur la redéfinition du rural de l’Insee. Elle montre notamment que les enfants ruraux « vivent moins souvent que les urbains dans des familles pauvres (13 % contre 23 %) ou très aisées » : « Il y a, en effet, dans les territoires ruraux, moins de familles monoparentales ou nombreuses, des parents plus souvent en emploi mais moins fréquemment dans les catégories sociales les plus favorisées, et moins de logements sociaux », souligne l’étude. Elle pointe aussi un temps d’accès plus long aux services (crèche), aux équipements culturels et sportifs et aux professionnels de santé.

Extrait de lemonde.fr du 18.01.22

 

Benoit Coquard : La France périphérique : un écran de fumée
"Se dire représentant de la France des territoires, être issu d’une famille dont l’arrière-grand-père était paysan permet de gommer les distances sociales grandissantes entre les représentants politiques et les citoyens de base. C’est un storytelling pour ne pas avoir à dire sa provenance de tel ou tel milieu social, qui montrerait qu’ils sont nés d’un milieu privilégié et porteurs de ces privilèges", écrit le sociologue Benoit Coquard dans La Gazette des communes. "Cette critique a très vite servi la tentation populiste d’opposer une partie des classes populaires aux autres, c’est-à-dire de mobiliser un vrai peuple des travailleurs à défendre contre un autre peuple davantage issu de l’immigration et urbain, et qui serait, selon ces discours, trop avantagé par rapport à leurs homologues. Or il y a aussi eu beaucoup d’immigration dans les campagnes en déclin car l’industrie a fait venir ces populations. Et ils ont en réalité beaucoup en commun ? : les mêmes boulots, le déclin industriel, l’habitat groupé…" Dans l’Education nationale, la réforme de l’éducation prioritaire est un exemple de cette tentative d’opposer les quartiers de l’éducation prioritaire aux zones rurales en redéployant les moyens des uns au profit des autres.

Extrait de cafepedagogique.net du 18.01.22

 

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Auteurs
Sebastien Bourdin Sebastien Bourdin est un·e adhérent·e de The Conversation
Enseignant-chercheur en géographie-économie, Laboratoire Métis, EM Normandie – UGEI
André Torre
Directeur de recherche en économie à INRAE, AgroParisTech – Université Paris-Saclay

Le 3 juin 2014, le président de la République française François Hollande annonçait le lancement d’une réforme dont l’objectif était de changer l’architecture territoriale de la République : la fameuse loi NOTRe (loi portant nouvelle organisation territoriale de la République). L’ambition du Président était de simplifier et de clarifier l’organisation territoriale de la France avec cette réforme, pour que chacun sache qui est en charge, qui finance et à partir de quelles ressources, en somme un vrai big bang territorial !. Six ans plus tard, où en est-on ? Quelle considération de la place des territoires dans le quinquennat d’Emmanuel Macron qui défend la ré-industrialisation et l’attractivité de ces territoires ?

Extrait de theconversation.com du 17.01.22

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