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De l’École au quartier : continuer de développer le lien avec les familles avec l’aide d’une coopérative locale au collège REP Budé (Paris 19e)

24 avril 2020

De l’École au quartier : continuer de développer le lien avec les familles
VISUEL REP BUDE

Au sein du REP Budé (19e arrondissement), les relations tissées de longue date entre équipes éducatives, parents d’élèves, intervenants de la Réussite éducative et partenaires extérieurs ont permis de maintenir un lien essentiel avec les familles dans le quartier pendant ce temps de confinement. Parmi ces partenaires, l’Espace résilience a su adapter l’accueil de la coopérative des parents autour des devoirs.

Comment, en ces temps particulièrement déstabilisants pour chacun, communiquer avec équipes, les familles, les différents partenaires, pour continuer de développer les liens et se projeter dans l’avenir ?

Communiquer en temps de crise

« En cette période de crise majeure, totalement inédite, nous tâtonnons tous, mais il est essentiel d’anticiper et préparer au maximum la communication pour rassurer les enseignants, les parents, les enfants en limitant au maximum les informations tronquées ou déformées », rappelle Véronique Mazetier, principale du collège Guillaume Budé. Formatrice en gestion de crise pour les personnels de direction de l’académie, elle apprécie en quoi « cette formation nous apprend à observer et identifier les signes faibles, les signes forts qui nous aident à anticiper ». Si la préparation de la communication en amont est nécessaire, il est bien sûr fondamental de s’interroger sur l’objectif, la cible, la forme et le médium optimaux selon la temporalité, « et préserver avant tout la dimension humaine ».

Aux premiers soupçons de covid au sein de l’équipe du collège, dès le retour des vacances de février, une communication directe (orale) aux enseignants en salle des professeurs a été privilégiée afin de rassurer l’équipe et de renforcer le lien.
Depuis le confinement, une communication écrite est transmise aux familles par email chaque fin de semaine. Il s’agit en premier lieu de rassurer les parents et les enfants et répondre avec bienveillance à leurs inquiétudes et leur angoisse légitimes, en donnant des informations simples et directes. Est précisé, notamment, le choix du collège de privilégier les ressources locales (via l’ENT et Pronote uniquement) fournies par des équipes enseignantes fortement mobilisées qui inventent au quotidien, adaptent et modulent leurs propositions et exigences aux situations diverses de leurs élèves.

Mais tout ne peut être transmis par mail. Il est très important de continuer à se parler, partager des moments conviviaux, comme c’était l’usage à l’issue du conseil pédagogique précédant chaque des vacances, souligne Véronique Mazetier. Le jeudi précédant les vacances de Pâques, « nous nous sommes retrouvés en visio-conférence, sous le prétexte du conseil pédagogique, pour se donner des nouvelles, être ensemble et se montrer que nous faisions toujours partie d’une communauté scolaire, malgré notre isolement ! »

Coopérer pour mieux s’adapter
Un partenariat essentiel avec les parents d’élèves

Dans le quartier « politique de la Ville » du REP Budé, un nombre important de familles vivent dans des conditions qui se sont considérablement tendues avec le confinement. L’accès à un ordinateur, une connexion minimale, un espace, de l’aide pour travailler à la maison, font défaut à de nombreux élèves.

Dès l’annonce du confinement, il fallait parer au plus urgent. Les parents d’élèves, très mobilisés sur le quartier, ont immédiatement activé leur réseau, sont passés par celui des enfants (avec leurs what’sapp, snapchat, insta et autres canaux), pour recenser le plus largement possible les besoins des familles : besoin en matériel mais aussi en compréhension de la situation. Le blog des parents d’élèves offre, depuis le site du collège, un véritablement espace d’information et de solidarité, précieuses en ces temps troublés.

Parmi les partenaires des écoles du REP, en lien avec les acteurs de la Réussite éducative, des associations locales ont pu s’adapter pour maintenir le lien avec les élèves et les familles.

Une nouvelle coopération avec l’Espace Résilience, association implantée sur le territoire

Parmi les actions proposées par l’association Espace Résilience, la Coopérative des Parents autour des Devoirs accueille les familles une fois par semaine autour d’un goûter convivial pour faire les devoirs ensemble et jouer à des jeux coopératifs, accompagnées par des intervenantes formées à la résilience assistée et spécialisées dans le soutien à la parentalité. Les jeux coopératifs transforment les rapports de compétition et de domination par la relation d’entraide : on ne gagne plus contre mais avec l’autre. C’est l’occasion de créer une forme de solidarité à l’intérieur des familles, mais également entre elles. Le parent ne fait pas les devoirs à la place de l’élève, il ne se substitue pas non plus au professeur, mais il aide l’enfant à trouver ses propres solutions. Par exemple, un enfant qui doit apprendre une poésie pourra, avec son parent, inventer un jeu qui facilite la mémorisation, selon l’approche sensorielle qui lui correspond le mieux : en la chantant, en écrivant puis en faisant disparaître des mots, en la mimant, etc. Sans jugement et avec bienveillance, les parents sont amenés à partager leurs stratégies et de nouvelles idées apparaissent...

Adapter l’accueil des parents en temps de confinement

Suite à l’annonce du confinement, la Coopérative s’est adaptée et a mis en place des temps d’accueil téléphonique : deux intervenantes se partagent une permanence de 8h par semaine.
Dans un premier temps, une prise de contact permet de présenter les nouvelles modalités d’accompagnement et identifier le soutien dont elles pourraient avoir besoin. Dans la plupart des cas, il s’est avant tout agi de redonner du sens à ce qui se passe : informer et rassurer les parents sur la situation (symptômes et transmission du virus, gestes barrière, droit de sortie…) pour qu’ils l’expliquent ensuite eux-mêmes aux enfants. D’un point de vue émotionnel, la situation actuelle est particulièrement angoissante, de nombreux enfants font des cauchemars et ont des angoisses liées à la mort et à la maladie, souvent partagées par leurs parents. Il faut alors trouver des moyens pour en parler, mettre des mots et des images sur ce qui se passe : dessiner, utiliser des métaphores, regarder des vidéos explicatives. D’un point de vue pratique, de nombreux parents ont reçu des amendes pour être sortis sans l’attestation dérogatoire car ils n’avaient pas connaissance de son utilisation systématique, ou n’avaient aucun moyen d’y accéder (pas d’ordinateur, lecture et écriture difficiles). Il s’est alors agi d’expliciter les directives gouvernementales.
Après avoir abordé les questions liées au contexte global, la famille peut ensuite réfléchir à une organisation où chacun puisse avoir des activités collectives et du temps pour soi, ce qui est particulièrement important lorsque la famille vit dans un espace très réduit. Les intervenantes ont réfléchi avec les parents à des activités ludiques que la famille pouvait partager (jeux, activité physique) et à la mise en place de temps plus calmes pour chacun.
Ce n’est qu’une fois ce contexte établi que l’activité scolaire a pu trouver sa place, mais des questions matérielles sont apparues : pour faire les devoirs, il faut avoir accès à un ordinateur, à internet, aux sites de l’Éducation nationale, à une imprimante, etc.
Les intervenantes ont alors accompagné les familles concernées dans la recherche de solutions, en fonction des ressources propres à chaque foyer (smartphone, sollicitation de l’entourage ou de l’école…) - quand cela était possible. Par exemple, une des familles se partageait le téléphone d’un parent à tour de rôle pour que les enfants puissent accéder à leurs devoirs. D’autres ont cherché un moyen d’accéder à un ordinateur, et l’intervenante les a suivis pas à pas lors de leur première connexion sur le site de l’Éducation nationale.
Quand ces bases émotionnelles, logistiques et matérielles sont posées (et le parcours est parfois long), les parents à même de s’impliquer peuvent réinvestir avec confiance les techniques acquises à la Coopérative, bénéficiant du soutien de l’équipe, toujours présente si des questions se posent sur le contenu ou les modalités de l’apprentissage.

La Coopérative remplit alors sa mission : aider chacun à trouver ses propres solutions et s’adapter pour continuer à fonctionner de manière satisfaisante en dépit de l’adversité. Car après tout, c’est là qu’est la résilience, comme la qualifie Boris Cyrulnik : « l’art de naviguer dans les torrents » * d’une situation qui nous entraîne tous.
Continuer de tisser des liens pour envisager l’après

En sortie de confinement, la communication aux parents et aux enfants, rappelle Véronique Mazetier, devra être anticipée avec les enseignants. Et, avant de se recentrer sur les apprentissages, il sera impératif d’organiser un temps d’expression des émotions (« debriefing psychologique » ou « defusing ») pour les adultes et pour les enfants, qui auront, pour certains, vécu des drames familiaux.

La volonté et la capacité des partenaires renforcer le maillage en inventant de nouvelles façons de faire au sein du quartier, ouvrent de nouvelles pistes de coopération pour préparer l’après : ateliers d’échanges, formations, événements communs…

* Boris Cyrulnik

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Extrait de ac-paris.fr du 21.04.20

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