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Anouk F. : Dans la rue de l’école
Il y a la république des enfants et les problèmes des parents. "Dans la rue de l’école" mène au point de rencontre : l’école. Dans "Merci maitresse", Anouk F., professeure des écoles, avait défendu une vision de l’école en racontant son vécu d’enseignante. Avec "Dans la rue de l’école" (Le Cherche Midi éditeur), elle réussit dans un genre nouveau : le roman. C’est la chronique d’un quartier, des gosses, des parents et des instits qui se construisent autour de l’école. C’est du roman. Mais tout est vrai comme est grand le coeur d’une maitresse d’école.
Un univers construit autour de l’école
Si vous pensez que faire l’école c’est juste enchainer le calcul et la lecture - écriture de 9 à 12h puis l’histoire-géo, les langues et les sciences de 14 à 16h, et que les vacances c’est fait pour oublier le travail, alors ce roman n’est pas pour vous. Si vous sentez qu’être enseignant.e c’est faire grandir des petits d’hommes et que ça ne s’arrête jamais, alors "Dans la rue de l’école" est le roman à dévorer durant ces congés.
C’est l’histoire d’une rue avec d’un coté les villas chics et à l’autre bout les immeubles délabrés. D’un coté, c’est Julie et ses têtes blondes. De l’autre, Karine qui gagne sa vie avec son corps et Kamel qui élève seul ses deux filles. Mais c’est davantage l’histoire des enfants, Nour, Naël, Simon, Paul. Ils n’ont pas que des problèmes d’enfants. Ils ont ceux que la vie leur a déjà donné. Mais ils restent des enfants. Et puis, au milieu de cet univers, l’école et Marie, la directrice.
Une histoire de mixité sociale...
"L’école ne peut malheureusement pas tout réparer", nous a dit Anouk F. "Il y a parfois des choses trop lourdes à porter pour les enfants. Mais si on peut alléger, alors tant mieux ! On dit parfois que l’école et les enseignants ne sont pas là pour cela. Mais ce n’est pas vrai. L’école protège de la vie. Elle gomme les barrières qui existent de l’autre coté du portail. Elle apprend à être ensemble".
A la tête de cette école et au centre du roman, Anouk F., qui n’est pas directrice, a mis un personnage particulièrement fort. "Elle a du charisme", explique Anouk F. "Elle comprend la misère de certains enfants. Mais elle n’en est pas moins exigeante avec eux. Elle donne la priorité à l’humain". C’est elle qui renoue les fils et qui réconforte quand la douleur submerge les petits et enfièvre les grands.
Et de vocation
Mais "Dans la rue de l’école" n’est pas qu’un plaidoyer pour le métier enseignant. C’est d’abord un roman sur la mixité sociale, cet équilibre qui permet à l’école de la République de construire du commun et du vivre ensemble. Anouk F., qui enseigne dans une école Rep, veut y croire. "L’école c’est pas seulement apprendre à lire, écrire, compter. C’est bien autre chose".
Mais ce qu’on veut en retenir touche au coeur des profs. Si on aime ce roman c’est pour ce message qui nous élève. C’est lui qui fait que l’enseignant voit dans l’élève un enfant et vice versa. C’est lui retient bien des erreurs. "Dans la rue de l’école" est un roman sur la vocation enseignante. Et dans les jours gris on en a bien besoin !
François Jarraud
Anouk F, Dans la rue de l’école, Cherche Midi éditeur, ISBN 978-2-7491-6407-6, 17€.
Sur "Merci maîtresse" (qui ressort en poche en mars 2020)
Extrait de cafepedagogique.net du 18.02.20