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11e édition de "Jeunes contre le sexisme" (mai 2018) en Seine-Saint-Denis : des jeunes de collèges prioritaires ont créé slams, clips et affiches

5 novembre 2018

Jeunes contre le sexisme : les jeunes ont des idées

Le 31 mai 2018 s’est déroulée à Canal 93, une salle de spectacle de Bobigny, la 11ème édition de Jeunes contre le sexisme, un dispositif à l’initiative de l’Observatoire départemental des violences envers les femmes.

Au cours de cette journée, des collégiennes et collégiens de Seine-Saint-Denis ont donné une leçon de vie à leur public en le sensibilisant à la question du sexisme, aux inégalités de genre et aux violences qui en découlent.

Durant une année, ces élèves de collège ont suivi les ateliers "Jeunes contre le sexisme" proposés par l’Observatoire des violences envers les femmes. Ce travail a abouti à la création de slams, clips et affiches.

Étaient présentes Ernestine Ronai, responsable de l’Obersatoire des violences faites aux femmes, Diata, slammeuse et animatrice des ateliers slam, une substitute du procureur au Tribunal de Bobigny et la réalisatrice de LOL, Lisa Azuelos. Toutes les trois sont unanimes pour dire à quel point les productions des élèves furent touchantes et percutantes.

Pour les filles comme pour les garçons, ce fut une expérience individuelle et collective inoubliable et l’occasion de faire passer au monde un message d’espoir, de liberté, d’égalité et de paix.

Les textes et les vidéos sont visibles en ligne sur le site du conseil départemental de la Seine-Saint-Denis : https://lemag.seinesaintdenis.fr/Jeunes-contre-le-sexisme-demonstration-d-intelligence.

Les affiches des élèves de collège du département :

Affiche générale
[...]

Collège [REP+] J. Zay de Bondy
[...]

Collège [REP+] La Courtille de St-Denis
[...]

Collège [REP] P. Picasso de Montfermeil->http://

Collège [REP+] J. Vilar deVilletaneus

Extrait de dsden93.ac-creteil.fr du 18.10.18 : Jeunes contre le sexisme : les jeunes ont des idées

 

Jeunes contre le sexisme : démonstration d’intelligence

Pour cette 11e édition de Jeunes contre le sexisme, les collégien·ne·s se sont surpassé·e·s pour nous sensibiliser à la question du sexisme, aux inégalités de genre et aux violences qui en découlent. Reportage et vidéos !

Les journées qui passent à toute vitesse, donnent la patate, le sourire et restent gravées comme des moments forts ne sont pas si fréquentes. Pour avoir la chance d’en vivre une exceptionnelle, il fallait se rendre à Canal 93, ce 31 mai, une salle de spectacle de Bobigny, où des adolescent-e-s de Seine-Saint-Denis nous ont donné une leçon de vie, réussissant avec humour et énergie à nous sensibiliser à la question du sexisme. Les 151 collégien-ne-s présents dans la salle ont en effet suivi durant l’année les ateliers « Jeunes contre le sexisme » proposés par l’Observatoire départemental des violences envers les femmes. Une expérience individuelle et collective inoubliable pour chacun d’eux. Et l’occasion de prouver à la terre entière combien leur message pouvait être efficace et fédérateur. La jeunesse de la Seine-Saint-Denis venue de Bondy, Bagnolet, Tremblay, etc pour combattre le sexisme a réussi à remonter le moral d’une substitute du procureur au Tribunal de Bobigny, à époustoufler une réalisatrice de film aguerrie tout en montrant qui elle est.

« Ils·elles sont vrai·e·s, explique Diata slammeuse, et animatrice des ateliers slam. Ils·elles prennent sur eux·elles. Ça prouve que ce qu’ils/elles ont à dire est important car ils/elles dépassent leur peur. Ça prouve bien qu’il y a cette nécessité de dénoncer, de partager leur quotidien, leurs rêves, leurs envies ». Désopilant-e-s, décapant-e-s, déroutant-e-s, touchant-e-s, militant-e-s, intelligent-e-s et diablement efficaces, ces collégien-ne-s ont non seulement écrit des slams, mais les ont entonné avec aisance devant une salle comble. Diata poursuit, enthousiasmée par cette journée de restitution : « Le plus dur est d’assumer ce qu’on a envie de dire. Ce qu’ils-elles pensent et ce qu’ils/elles ressentent et bien ils/elles le pensent et le ressentent mais après. C’est une autre démarche que de l’écrire. Une fois que c’est écrit de le partager. C’est un vrai exercice qu’on leur demande. Je les remercie de me faire confiance ».

Emilie collégienne à Nelson-Mandela ([REP+]), au Blanc-Mesnil s’avance sur la scène et commence son slam : « Les filles qui ne se maquillent pas, les filles manquées, c’est Mâle Vu. Celles qui sortent le soir, toi-même tu sais, c’est Mâle Vu. Elles ne peuvent pas faire de lutte sinon c’est Mâle Vu ». Comme pour un tube entendu mille fois à la radio, la salle reprend en chœur « c’est Mâle vu », Emilie n’en revient pas : « Quand toute la salle a repris le refrain de mon slam, ça m’a fait bizarre, je ne m’y attendais pas, ça m’a touchée. Ils·elles ont écouté ce que j’ai dit et ont bien aimé… donc franchement j’étais contente. »

Avant d’entrer sur scène, Thérèse, une autre collégienne, a déjà son fan-club qui scande son prénom. Sa simplicité, son énergie, et sa voix surpuissante finissent de séduire l’assemblée. Elle interpelle son public avec ses « Girl power », on se croirait à Harlem.

Les garçons de plus en plus à l’aise pour parler des discriminations sexistes dont ils sont victimes. Les filles de plus en plus « girl power ». L’une d’elles ajoute : « On est tous pareil, on vit la même chose et on se soutient. Une initiative de ce type change le regard des autres. Certains ne connaissaient même pas la définition du mot « sexisme », ils l’ont appris avec ce projet. »

Et Ernestine Ronai, responsable de l’Observatoire des violences envers les femmes, de conclure, très émue : « Dans ce monde qui est un monde dur, où beaucoup ne croit plus en l’avenir, où beaucoup nous disent qu’on va reculer, vous nous faites aller en avant. Vous nous donnez de l’espoir. Vous nous dites qu’il faut qu’on ait des rêves, qu’il faut absolument qu’on change ce monde, qu’on change les relations entre les hommes et les femmes ! Et ça, ça m’émeut. Vous posez la question de la liberté. Pour les filles de circuler comme elles veulent. Pour les filles et les garçons d’être ce qu’ils veulent, d’avoir les métiers qu’elles et ils veulent, d’être eux-mêmes. Et finalement la lutte contre le sexisme c’est ça : être soi-même et développer ses potentialités. Applaudissez-les ! »

6 vidéos, 6 pépites

Les Espoirs de l’égalité

A l’envers

La bonne merde

Versus

Super héros

La femme

[...]

• Bithia, collège [REP+] Jean-Zay, Bondy : « Mes motivations ? Les violences faites aux filles et le sexisme au sein du collège. Je voulais vraiment lutter contre. J’ai écrit un slam, mais c’était difficile. Je ne suis pas très bonne en français. Quand Diata est venue, j’ai réussi à obtenir quelque chose. Ce que je décris ne m’est pas arrivé personnellement mais c’est ce que je vois au quotidien dans mon entourage chez les adultes, et chez les enfants, parmi mes ami-e-s ».

• Adam, collège [REP] Travail-Langevin, Bagnolet : « J’espère que tout le monde va bien comprendre ce film où on a inversé les rôles entre les filles et les garçons. Une journée comme celle-là permet aux autres collèges de voir notre projet. Celui que j’ai préféré c’est le théâtre forum avec des profs grave sexistes. Cela arrive souvent au collège qu’avec les filles ils soient plus calmes et avec les garçons plus sévères. Il n’y a pas que les filles qui sont sensibles. »

• Diata : « Lisa Azuelos m’a suivi à Nantes où je travaille aussi à des ateliers d’écriture de slam avec des lycéens. Et elle m’a suivi jusqu’en Seine-Saint-Denis. C’était impossible que ce dispositif « Jeunes contre le sexisme » ne soit pas dans le film. On est pile poil dans la thématique. Et je suis ravie qu’elle ait pu venir voir le travail effectué ici. Mon accompagnement auprès des jeunes c’est du soutien à la motivation. Je les aide mais pas tant que ça. Je les rassure en leur disant : ne vous inquiétez pas, ça va bien se passer. Vas-y ! Ose ! Fais-le ! Le reste c’est eux qui bossent ».

Interview de Lisa Azuelos, la réalisatrice de LOL venue filmer la 11ème édition de « Jeunes contre le sexisme » pour son prochain film documentaire.
« Les gamins ont tellement envie de changer le monde »

Pourquoi êtes-vous présente à cette initiative de jeunes contre le sexisme ?
Cela fait un an que je sillonne la France pour regarder toutes les intentions positives qui sont mises en place dans les lycées, les collèges pour parler de ces questions du sexisme et de la violence garçons/filles. C’est un peu le condensé de tout ce qui se fait ici en Seine-Saint-Denis et c’est génial.

Qu’est-ce qui vous a plu aujourd’hui ?
Je vois beaucoup de filles mais aussi beaucoup de garçons qui sont impactés et vraiment on se rend compte que les filles commencent à être un peu au courant de tout mais c’est les garçons qui se disent que petit à petit ils ont le choix d’être autrement et ça c’est super émouvant. Quelque part la Révolution des femmes elle a eu lieu, elle a lieu. C’est l’évolution des hommes qui n’a pas eu lieu car ils n’ont pas eu à se poser toutes ces questions jusqu’à présent. Maintenant ils commencent à se les poser et c’est peut-être cela qui va changer le monde dans lequel on vit. Dans le capitaliste, il y a du profit, il faut bien profiter de quelqu’un et bien voilà…. Tout vient de là.

Pourquoi avoir voulu faire un film ?
Parce que je suis obsédée par l’idée d’égalité homme/femme, garçon/fille. Je suis obsédée par l’idée que la violence se transforme en paix. Je pense que la paix mondiale commence par la paix des ménages. Et ce n’est pas le contraire. Il ne faut pas qu’on attende qu’il y ait la paix mondiale pour croire qu’on va vivre en paix. C’est d’abord entre un homme et une femme que ça se passe la paix… ou pas. Pour l’instant il se passe beaucoup de violence. Tout à coup j’ai réalisé que si on ne s’attaquait pas à l’éducation ça ne sert à rien. Moi ma génération va vivre avec de mauvais acquis et on va boiter jusqu’au bout, jusqu’à la mort. Tant pis. Par contre les gamins il y a tant à faire, ils ont tellement envie de changer le monde. Il faut leur expliquer que ça démarre par eux et ça démarre par ces petites valeurs intimes. Que ça peut changer. C’est l’intimité qui changera le monde et pas le contraire !

Des slams bien sentis

Lire en ligne :
• « Si » - Eunice du collège [REP] Pablo-Picasso, Montfermeil
• « #MeToo » - Lucile du collège [REP] Pablo-Picasso, Montfermeil
• « Petite fille » - Sarah, du collège [REP+] Jean-Zay, Bondy

Extrait de lemag.seinesaintdenis.fr du 19.06.18 : Jeunes contre le sexisme : démonstration d’intelligence

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