> V- ACTEURS (la plupart en EP) > Enseignants : GRH et Statut > Enseignants : GRH et Statut (Rapports officiels) > Attractivité du métier d’enseignant : crise du recrutement dans certaines (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Attractivité du métier d’enseignant : crise du recrutement dans certaines académies, formation des néotitulaires... (rapport Cnesco, novembre 2016)

8 novembre 2016

Le Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco) publie un rapport original : ATTRACTIVITÉ DU MÉTIER D’ENSEIGNANT : ÉTAT DES LIEUX ET PERSPECTIVES

Ce rapport propose d’interroger l’attractivité du métier d’enseignant en 2016.
 Pierre Périer, professeur en sciences de l’éducation à l’université de
Rennes 2, analyse l’évolution des recrutements d’enseignants et des viviers de candidats dans une perspective temporelle longue.
 Il présente une enquête exploratoire inédite sur l’attractivité du métier auprès des étudiants, éclairant les raisons de choix et de non-choix du métier d’enseignant.
 Le rapport est également l’occasion d’explorer les conditions d’exercice du métier d’enseignant, avec, notamment, la contribution de Marc Gurgand, d
irecteur de recherche au CNRS, chercheur à l’École d’économie de Paris, membre du Cnesco, apportant un éclairage sur le traitement salarial des enseignants.
 Enfin, ce rapport apporte des éléments de comparaison internationale, particulièrement sur les leviers permettant d’améliorer l’attractivité du métier.

 

EXTRAITS DE LA SYNTHESE

[page 19] Des académies en grande difficulté de recrutement
Si la crise d’attractivité du métier d’enseignant est loin d’être générale, certaines académies présentent des difficultés sévères.
Des écarts très élevés du nombre de candidats par poste ont observés dans les différentes académies. Ainsi, en 2015, 4,9 candidats se sont présentés pour un poste au concours externe de professeur des écoles dans l’académie de
Rennes contre 1,3 dans l’académie de Créteil

[Voir la tableau : Nombre de candidats présents par poste d’enseignant ouvert
, dans chaque académie de métropole (2015)]

Des académies dont l’attractivité apparait plus faible sont souvent celles qui ont le plus besoin de recruter.
Dans le premier degré, en 2015, un recrutement sur quatre a été fait dans les académies de Créteil et Versailles.
Ces contraintes ont des conséquences directes sur le taux de sélectivité au concours.
Ainsi, en 2015, dans l’académie de Rennes, seuls 20% des candidats ont été admis, alors que l’académie de Créteil a reçu 61% de ses candidats.

Ces résultats se retrouvent également dans les seuils d’admission au concours.
En 2015, le dernier candidat admis en liste principale a obtenu 8/20
dans l’académie de Créteil, 9,3/20 dans l’académie de Versailles contre 13,5
/20 dans l’académie de Rennes (DEPP).

Les académies d’outre-mer, à l’exception de la Guyane, ont peu de difficultés de recrutement et ont parmi les meilleurs ratios du nombre de candidats par
poste.
Dans le premier degré, le département de Seine-Saint-Denis a connu, en 2016, plus de 2000 demandes de mutations hors du département (soit 21
% des enseignants) et seulement 29 demandes d’entrée dans le
département (DGRH-DEPP).

La problématique est similaire dans les Hauts-de-Seine, où 17% des enseignants (1300 demandes) ont demandé leur mutation, pour seulement 106 demandes d’entrée.
Dans le second degré, les académies déjà déficitaires, subissent également une forte demande de mutations. En effet, les jeunes professeurs affectés sur leur premier poste dans des académies qu’ils n’ont pas choisies demandent à être mutés dès que possible.
Ainsi, les académies de Versailles et Créteil ont, respectivement, entre 20 et 30 fois plus de demandes de départ que de demandes d’entrée de titulaires.
Cela génère un turnover important qui contribue à déstabiliser les équipes pédagogiques.

[page 27 :] ZOOM SUR LA REVALORISATION DES CARRIERES ENSEIGNANTES

L’accord de la fonction publique de 2015, décliné au niveau ministériel, prévoit que
toutes les carrières enseignantes soient simplifiées, accélérées et revalorisées
. Une attention particulière est portée pour l’entrée dans le métier et sur les fins de carrière.
Tous les professeurs avanceront davantage selon le même rythme de progression dans leur carrière
. L’avancement à l’ancienneté, au choix, au grand choix est supprimé.
Désormais, tous les enseignants auront un accès à la « hors classe »
, qui constituera, à partir de 2017, le prolongement normal de la classe normale.
De plus, une nouvelle classe exceptionnelle est créée pour les enseignants ayant exercé 8 ans en éducation prioritaire ou occupé des missions et responsabilités particulières (directeurs d’école, conseillers pédagogiques, directeurs délégués aux formations professionnelles et technologiques, formateurs).
Enfin, les enseignants du premier degré ont bénéficié récemment d’u
ne revalorisation de l’indemnité de suivi et d’accompagnement des élèves (ISAE).

 

PRECONISATIONS

[page 41] Un effort particulier doit être réalisé, notamment pour les affectations dans les territoires les moins attractifs (primes d’installation renforcées, intégration dans la politique de construction des établissements de logements temporaires, politique de logement social en direction des enseignants
pendant une période de temps limitée, ...). De telles politiques locales sont déjà initiées par certains départements déficitaires comme la Seine-Saint-Denis.

Extrait de cnesco.fr : Dossier de synthèse sur l’attractivité du métier enseignant

 

EXTRAIT DU RAPPORT SCIENTIFIQUE

[page 112] Au niveau local, des chefs d’établissement prennent l’initiative d’accorder une attention toute particulière à l’accueil des néotitulaires et de mettre en place un dispositif local qui leur est destiné : réception individualisée dans l’établissement, informations administratives et aide à la gestion du début de carrière, pistes pour trouver un logement, mise en relation avec un « enseignant ressource » de l’établissement, etc.

L’exemple de la formation des néotitulaires dans l’académie de Créteil entre 2001 et 2010
Un dispositif d’accompagnement d’entrée dans le métier (DIADEM) a été mis en place en 2001 par l’académie de Créteil à l’attention des enseignants et des CPE sortant d’IUFM. Dans un premier temps, le dispositif a concerné 105 établissements pour lesquels la participation des néotitulaires était obligatoire, avec d’un aménagement de service de deux heures hebdomadaires dédiées explicitement à la formation. À la rentrée 2003, il s’est ouvert à 191 établissements supplémentaires, pour lesquels la participation des enseignants reposait sur une démarche volontaire.

Ainsi, en 2004, 1 500 des 2 700 néotitulaires reçus dans l’académie se sont vus proposés l’accès à ce dispositif. Les néotitulaires avaient la possibilité de choisir parmi trois modules : une formation disciplinaire, uneformation complémentaire disciplinaire ou transversale) et des ateliers d’analyses de pratiques et d’échanges professionnels.
En complément de ces heures de formation, les néotitulaires concernés par le dispositif bénéficient de plusieurs demi-journées banalisées dans leur établissement qui leur permettent de s’informer et d’exprimer auprès d’un coordonnateur de site leurs besoins ou les difficultés qu’ils rencontrent en classe. Enfin, à ces demi-journées d’aide qui se déroulaient dans les établissements, venaient s’ajouter des réunions d’information organisées par les corps d’inspection. Dernier point, les
néotitulaires de l’académie de Créteil avaient l’assurance de ne pas être inspectés au cours de leur première année d’exercice. Ils recevaient seulement des « visites-conseils » des inspecteurs, avec possibilité pour eux de transformer ces observations en évaluations administratives si le résultat était positif.

Répondre à cet article