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Longue intervention de la ministre au Salon de l’Education : moyens proportionnés dès janvier, territoires ruraux, éducation prioritaire...

29 novembre 2014

[...] Je veux mobiliser la Nation autour d’une priorité : plus d’égalité pour la jeunesse. Je veux faire de ma politique éducative une politique publique au service de l’égalité et de la solidarité. Une politique publique qui assume de donner plus à ceux qui ont moins. C’est le sens de mon action à la tête du ministère de l’Education nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

C’est pourquoi j’ai décidé, à peine arrivée au ministère, de réformer le système de répartition des moyens d’enseignement entre les écoles et établissements scolaires. Le système actuel est largement aveugle aux différences de situation économique et sociale des élèves, alors même que l’on sait que les inégalités économiques et sociales sont le premier déterminant de la réussite scolaire.
Dès janvier, les écoles, les collèges et les lycées recevront des moyens proportionnés non seulement à la démographie, mais aussi aux difficultés sociales et scolaires de leurs élèves. C’est une exigence de justice. C’est aussi une condition d’efficacité et d’excellence. Car l’excellence et la justice ne sont en rien contradictoires. Bien au contraire. Plus la base de ceux qui réussissent est large et diverse, meilleure est l’élite.
Encore faut-il que l’accès à cette élite ne soit pas verrouillé par des considérations sociales. C’est pourquoi j’attache une importance toute particulière à la mise en oeuvre du droit d’accès privilégié des 10% des meilleurs bacheliers de chaque filière de chaque lycée dans les formations sélectives de l’enseignement supérieur (classes préparatoires aux grandes écoles, sections de techniciens supérieurs, instituts universitaires de technologie, etc.).

[...] C’est parce que je veux faire de ma politique éducative une politique publique au service de l’égalité et de la solidarité que j’ai également décidé de proposer une réponse innovante aux territoires ruraux les plus isolés. L’école rurale est fragile quand les écoles sont de petite taille et dispersées. Mais l’école rurale est indispensable pour assurer un service public de proximité sur l’ensemble du territoire.
Je suis prête à garantir le maintien de tout ou partie des postes, même en cas de diminution du nombre des élèves, aux territoires ruraux souhaitant s’engager dans une démarche de réorganisation de leurs réseaux d’école. Les regroupements pédagogiques intercommunaux permettent non seulement un maillage important du territoire, mais surtout une plus grande qualité des apprentissages des élèves, grâce à leur rassemblement dans des groupes d’âges plus homogènes. Ces regroupements permettent par ailleurs de protéger les enseignants du risque d’isolement professionnel et pédagogique, et aux communes de disposer de plus de moyens pour recruter et mutualiser des personnels pour la mise en place des activités culturelles et sportives pour tous les élèves dans le cadre des nouveaux rythmes scolaires. C’est le sens que nous devons porter.

C’est parce que je veux faire de ma politique éducative une politique publique au service de l’égalité et de la solidarité que nous adaptons la carte des réseaux d’éducation prioritaire. Depuis les lois Savary, c’est-à-dire depuis 30 ans, l’éducation prioritaire n’a fait l’objet d’aucune refondation globale. Les dispositifs se sont empilés et complexifiés, ont perdu en efficacité, des déconnections entre la carte de l’éducation prioritaire et la réalité sociale sont apparues. Des écoles et des collèges accueillent aujourd’hui des populations socialement fragiles sans bénéficier des moyens d’accompagner les élèves qu’offre le classement en éducation prioritaire. Est-il compréhensible qu’un collège dont le pourcentage d’élèves issus de familles défavorisées est supérieur à 63% ne fasse pas partie de l’éducation prioritaire ?
La nouvelle carte des 1 082 réseaux d’éducation prioritaire mettra fin à ces situations intolérables. La nouvelle carte de l’éducation prioritaire sera un levier en faveur de plus de justice sociale et de moins d’inégalités. Pour ceux qui s’inquièteraient de leur sortie de l’éducation prioritaire, je tiens à les rassurer : le nouveau système de répartition des moyens va lisser les effets de seuil.

Plus de justice sociale dans la répartition des moyens permettra de faire reculer les déterminismes sociaux.

Il nous faut en effet également agir au coeur des classes. Pour que l’égalité se construise, notre action doit être conduite au plus près de chacun des élèves et doit garantir l’acquisition par chacun d’entre eux du socle commun au terme de la scolarité obligatoire.

La loi d’orientation et de programmation pour la refondation de l’école de la République a programmé 3 000 postes pour l’accueil des moins de trois ans, prioritairement dans les réseaux d’éducation prioritaire. Les conditions de scolarisation des plus jeunes sont en effet une des clés de la capacité à acquérir une culture commune, à maîtriser les apprentissages fondamentaux et à devenir maître de son destin. Le taux de scolarisation des enfants de moins de trois ans a cru de manière très significative en éducation prioritaire depuis mai 2012. Il est aujourd’hui supérieur à 20% au niveau national, et notre objectif de 30% est déjà dépassé dans de nombreux de départements, à l’image du Nord et du Pas-de-Calais.
Nous devons ces moyens humains aux enfants qui connaissent, avant même leur entrée à l’école, des écarts très importants en matière de maîtrise du langage oral et de communication. Nous leur devons ces moyens car les écarts ne cessent de se creuser au cours de la scolarité. Dès l’âge de trois ans, au moment de l’entrée en maternelle, les enfants de familles aisées ont un vocabulaire trois fois plus riche que ceux des familles à faible revenu. Quatre ans plus tard, les enfants de CE1 issus de milieux défavorisés maîtrisent 1 000 mots de moins que ceux issus de milieux favorisés. Et les élèves ont tôt fait de décrocher, dès le primaire, s’ils n’acquièrent pas les bases nécessaires.
Il faut donc porter une attention particulière aux difficultés naissantes. C’est dès la maternelle que notre action commence. Nous avons pour elle de vraies ambitions, adaptées au jeune âge des enfants bien sûr. Mais le futur programme, qui entrera en vigueur pour elle à la rentrée 2015, aura pour objectif comme le prévoit d’ailleurs le projet proposé par le Conseil supérieur des programmes, la stimulation et la structuration du langage oral et l’entrée progressive dans la culture de l’écrit.

Le dispositif "plus de maîtres que de classes" est un des nouveaux dispositifs qui contribuent à remédier très tôt dans la scolarité aux difficultés. Il permet d’aider, notamment au cycle 2, les élèves qui ont du mal à suivre dans le cadre de la classe. Il doit se traduire par une amélioration significative des résultats scolaires grâce aux nouvelles pratiques pédagogiques qu’il permet, en particulier le co-enseignement et la prise en charge de groupes d’élèves.

L’accueil des moins de trois ans comme le dispositif "plus de maîtres que de classe" ont été développés dans le cadre de la priorité accordée au premier degré.

[...] Ne laissons pas les faiblesses actuelles du collège français conduire à la remise en question du principe du collège unique. Les différenciations pédagogiques doivent être construites dans le cadre d’un tronc commun partagé par tous jusqu’à la fin de la scolarité obligatoire. Le nouveau collège sera ainsi organisé autour d’un tronc commun d’une part, et de pratiques différenciées adaptées aux besoins et permettant la prise en charge spécifique de tous les élèves, notamment de ceux en grande difficulté scolaire, d’autre part.

Ce collège unique du XXIe siècle s’inscrira dans le nouveau paradigme de la lutte contre le décrochage scolaire  : celui du choix de la prévention et de la recherche, dès les premiers signes du décrochage, des réponses au sein même de la classe

[...] Je veux saluer tous ces enseignants, toutes ces équipes qui, sans attendre les initiatives du ministère, cherchent à innover pour mieux faire réussir leurs élèves. Je les rencontre régulièrement dans mes déplacements sur le terrain. Par ailleurs, dans les prochains mois, je souhaite organiser régulièrement des rencontres avec les enseignants pour faire connaître, valoriser et diffuser leurs pratiques innovantes qui font avancer l’école et la cause de l’égalité à l’école.

Extrait de education.gouv.fr du 28.11.14 : Salon européen de l’éducation. Intervention de Najat Vallaud-Belkhacem

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