> Vie scolaire : Climat, Décroch., Internats, Santé > Climat scolaire, Harcèlement > Climat, Harcèlement (Etudes) > "Médiation, médiateurs" : 175e numéro de la revue Diversité (ex VEI)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

"Médiation, médiateurs" : 175e numéro de la revue Diversité (ex VEI)

25 mars 2014

Note : Pour des raisons de réorganisation technique, ce numéro de Diversité ne sera pas mis en ligne sur le site de Canopé.

 

La revue Diversité se penche sur la médiation, ses effets et ses enjeux, en particulier en milieu scolaire

"Médiation, médiateurs" : le 175e numéro de la revue Diversité consacre près de 160 pages à la question de la médiation. Des premières expériences en France, qui remontent au début des années 90, jusqu’à aujourd’hui, les auteurs dressent un état des lieux des différents types de médiations qui ont investi massivement le domaine du social puis l’école, et des différents processus et logiques qui ont conditionné leur mise en place et leurs évolutions.

La revue se penche aussi sur les missions et les statuts des différents acteurs qui jouent ou estiment jouer un rôle de médiateur, confronte les pratiques, également en Europe et à l’international, tout en s’interrogeant sur la pertinence et l’efficacité de certaines d’entre elles.

Retours sur expérimentations

Francis Delarue, ancien directeur de la collection "Les Cahiers de VEI", donne par exemple à voir les effets "très positifs" de la médiation sociale expérimentée depuis septembre 2012 au collège [RRS] Ernest-Renan de Saint-Herblain, afin de lutter contre le harcèlement scolaire. Il observe le consensus qui s’est opéré, dès lors que le travail de médiation a été confié à un acteur extérieur à l’établissement. Sa force ? N’être pas porteur d’enjeux liés à l’apprentissage, à l’orientation ou à la réussite. Donc de toute sanction, mauvaise note ou punition possibles. Le médiateur est de ce fait tout aussi bien perçu - et écouté - de la communauté éducative que des élèves et des familles. Mais le modèle est-il pour autant généralisable ? s’interroge Francis Delarue, d’autant que ces premiers indicateurs positifs ne sont basés que sur du ressenti.

Aurora Ailincai, conseiller pour les politiques éducatives envers les Roms au Conseil de l’Europe, et Calin Rus, directeur de l’Institut interculturel de Timisoara (Roumanie), livrent de leur côté les résultats d’expériences menées auprès des communautés roms dans plusieurs pays européens. Ou comment l’emploi, dès les années 1980, de médiateurs ou d’assistants scolaires issus de ces communautés, assistant l’enseignant dans la classe pour permettre l’adaptation des pratiques pédagogiques et assurant la médiation dans les relations avec les familles pour une meilleure prise en compte des besoins et des possibilités des enfants roms, a pu donner lieu à "des améliorations significatives".

Pour autant, la pratique a pu aussi générer des dérives : "souvent des risques de confusion et de superposition de rôles", le rôle du médiateur scolaire pouvant, par exemple, "interférer avec celui d’un assistant social" ou le médiateur pouvant être tenté d’agir comme le leader de la communauté rom. Ces dérives ont justifié le lancement, en 2011, d’un programme européen de formation de ces médiateurs, intitulé ROMED ("Médiation pour les Roms"). Selon les auteurs, sur la centaine qui en a bénéficié entre 2011 et 2012, seule une partie aurait réussi à mettre en œuvre l’approche qui leur a été enseignée. Il n’en est pas moins nécessaire, concluent-ils, d’analyser les effets du programme "avec plus de pertinence plusieurs années après la formation".

"La médiation de demain passe par la reconnaissance du métier, et donc par la formation initiale" (Régis Guyon)

La revue accorde une large place évidemment à ceux qui endossent ces fonctions, des acteurs parfois internes, parfois externes à l’école. Et s’interroge sur l’offre de formation qui a accompagné l’évolution de cette fonction (à ce jour il n’existe que quelques diplômes universitaires, disséminés sur le territoire, et un CAP de médiation familiale depuis 2003, selon Régis Guyon, le rédacteur en chef), sauf à introduire la notion de médiation dans certains corps de métiers de l’Éducation nationale, chez les CPE, par exemple.

Régis Guyon rappelle que ces parcours restent "très fortement marqués par la précarité (CDD, emplois aidés)" et que ce métier "n’est souvent qu’un passage obligé, une forme de tremplin vers un autre emploi". Double constat qui appelle, selon lui, à repenser la formation initiale pour une reconnaissance du métier.

Des pistes de professionnalisation sont données au travers de certains entretiens. Dans une interview croisée, Monique Sassier, la médiatrice de l’Éducation nationale, et Éric Debarbieux, chercheur auprès de l’Observatoire international de la violence à l’école (université Paris-Est Créteil) et délégué ministériel en charge de la Prévention et de la Lutte contre les violences en milieu scolaire, soulignent que l’une des origines des conflits est "le défaut d’un dialogue". Et que, parmi les qualités et compétences qu’il conviendrait de développer chez un médiateur, figurent "la confiance et la distance : la confiance, car la parole doit être portée fidèlement, y compris la parole de l’administration, et la distance, car justement, il convient de ne pas se situer dans une trop grande proximité".

Pas d’idéal type mais une pratique qui ouvre de nouvelles pistes dans la prévention des conflits

Régis Guyon est aussi allé à la rencontre de la ministre déléguée à la famille, Dominique Bertinotti, et de celle de trois femmes-relais, chargées, dans différentes villes de la Seine-Saint-Denis, de "maintenir le lien entre les parents et les institutions, afin de faciliter la vie des gens qui ont des difficultés", y compris en milieu scolaire. Pour la ministre, l’une des priorités serait de "repenser la formation juridique des médiateurs si l’on souhaite éviter que ce soit le juge qui tranche finalement un conflit".

Le témoignage des trois autres met en exergue la diversité des qualités et des compétences dont elles doivent user au quotidien pour passer d’un public à l’autre, hommes, femmes, enfants, personnes âgées, d’une culture et d’une langue à l’autre. Au sein de l’association ARIFA dans laquelle Gönen Sengül travaille, la structure assure "un service avec six langues, le turc, l’arabe, le pendjabi, le pakistanais, le sri-lankais, le malien… et le français aussi" !

Dans les programmes scolaires

Enfin, difficile de ne pas s’arrêter sur une étude de Sylvie Condette, chercheure en sciences de l’éducation à Lille-III. Étude sur la médiation réalisée en milieu scolaire par les élèves, et qui place la France plutôt comme mauvaise élève en la matière. Alors que cette forme de médiation est incluse dans les programmes scolaires de certains pays, aux États-Unis (où la formation est même assurée par les enseignants), dans presque les trois quarts des provinces en Espagne ou encore en Irlande, en France "les résistances à la participation des élèves sont encore très présentes" et les actions d’abord réalisées "localement et de manière marginale", à l’instar de ce que propose AMÉLY (Association de médiation lyonnaise), "le collège des médiateurs" dans l’académie de Grenoble, ou encore la formation des médiateurs dans l’académie de Rouen.

Aujourd’hui, la tendance s’inverse du fait de réformes éducatives successives et se traduit par la multiplication des expérimentations. Au vu des observations livrées par la chercheure, ces dispositifs sont un atout s’ils sont mis en œuvre "dans le cadre d’un projet éducatif comportant des temps de formation, de réalisation, de bilan et de supervision", conditions qui, quand elles sont présentes, contribuent à changer les comportements et à modifier sensiblement le climat général de l’établissement.

De nouvelles complémentarités

Diversité ne prétend pas ici mettre en avant un "idéal type de médiation", et ce d’autant que, comme le relève les auteurs, ces dernières années ont vu une "inflation des médiations, sous des dénominations diverses : médiation par les pairs, médiateurs éducatifs, médiateurs de la réussite scolaire", une multiplication et une diversité des acteurs et des processus, et qu’il n’est pas rare que ces derniers s’interpénètrent. En revanche, comme le souligne Régis Guyon dans son éditorial, il s’agit ici "de montrer que la médiation permet d’ouvrir de nouvelles pistes dans la prévention des conflits, de repenser les relations entre l’école et son environnement, et d’envisager de nouvelles complémentarités entre les métiers en éducation".

Le site de la revue

Extrait du site ToutEduc du 23.03.2014 : La revue Diversité se penche sur la médiation, ses effets et ses enjeux, en particulier en milieu scolaire

 

Vente au numéro et abonnement

Répondre à cet article