Il est vrai que de toutes parts, depuis 2003 surtout, on parle de discrimination positive et on y associe immédiatement les ZEP. Pourtant l’OZP, depuis sa création a laissé de côté le débat sur ce concept. Il ne s’agit pas de désintérêt, plutôt de la considération que c’est "hors sujet".
Je m’explique. Pour l’OZP, un service public doit toujours s’adapter aux réalités locales. Celles-ci, en matière d’éducation et de réussite scolaire, sont extrêmement variées : il y a donc une nécessité d’adaptation par la mise en oeuvre de projets locaux (interdegrés et partenariaux). Eventuellement, cela implique consécutivement l’attribution de moyens dérogatoires supplémentaires.
Une telle adaptation d’un service public relève-t-elle de la "discrimination psositive" ? Certainement pas, c’est l’essence-même du service public, le bon sens sens et la nécessité qui entraînent l’adaptation, non une analyse sociale d’individus ou de catégories sociales comme le font les processus de discriminations positives. Pour sa part, l’OZP analyse l’efficacité de l’Education nationale selon les territoires : ce n’est pas une analyse de catégories sociales, c’est celle du service public d’éducation.
Or ce que nous voyons, c’est :
1°) que, grosso modo, l’Education nationale parvient à assurer ses missions presque partout de façon plus ou moins satisfaisante : des efforts de rénovation sont à entreprendre pour que l’efficacité générale du système soit plus grande, et c’est ce à quoi se consacrent les pédagogues, les chercheurs, les administrateurs, les politiques, les associations de parents d’élèves, les syndicats enseignants, le associations pédagogiques, etc. C’est le cadre général dans lequel nous nous trouvons, cadre qui intéresse évidemment l’OZP mais qui n’est pas l’objet de son travail.
2°) que dans un petit nombre de territoires, le système éducatif ne parvient pas à rompre l’enchaînement de générations en générations des difficultés sociales auxquelles se heurtent une partie des élèves, le chômage en particulier : dans ces zones, le service public ne parvient pas à remplir suffisamment bien ses missions. Il y a donc, là, à entreprendre une politique de même nature qu’ailleurs mais d’ampleur bien plus grande, vu les enjeux majeurs qui s’y trouvent. On ne peut laisser ainsi l’Education nationale laisser pour compte certains territoires. Il y en a peu : raison de plus pour engager des efforts exceptionnels d’adaptation.
Est-ce de la discrimination positive ? Non.
Les caractéristiques sociales ou ethniques des habitants des zones concernées sont des indications à relever, parmi d’autres, pour établir le diagnostic initial du projet local d’adaptation des services publics, mais ce ne sont pas ces caractéristiques qui entraînent l’existence d’un projet. On se tromperait de sens en agissant ainsi. C’est le constat d’une inefficacité (relative, elle n’est heureusement jamais absolue) du service public qui entraîne un projet, d’autant plus vigoureux, original et innovant que la situation est grave. Ce projet doit, dans tous les cas, être limité dans le temps fixé par le dépassement d’un seuil défini de retour dans la norme nationale, sous peine de constitition de filières séparées. De tels procédés ne sont pas créés pour fragmenter l’Education nationale mais, au contraire, pour en renforcer l’unité.
Voilà quelques réflexions à la suite de votre message. J’écris cela à titre personnel, comme c’est l’usage sur des forums télématiques, et je ne veux pas engager l’association : celle-ci a un Conseil d’Administration qui a publié des textes clairs qu’on trouve sur ce site (rubrique "positions de l’OZP"). Ce CA est une instance unique en France : on y débat librement de l’éducation prioritaire, tant dans son fonctionnement que dans ses principes de base. C’est le moment de venir le rejoindre si vous êtes adhérent car les candidatures sont à déposer d’ici le 8 janvier et l’AG de l’OZP élira le CA 2005 le 12 janvier prochain.
ok bien vu
Bonne idée de relancer le forum de l’OZP : ça nous manquait depuis l’été dernier.
Quelles en sont les règles ? Précemment, il n’y avait rien de préciser et il est vrai que tout s’est bien passé, mais ne vaudrait-il pas mieux indiquer quelques règles ?
François.
Eh bien ! discutons-en ici même !
Je constate qu’il y a deux catégories de gens (si j’en juge par ceux avec qui je travaille) dans ce domaine :
– ceux qui pensent que les "équipes éducatives" de Borloo sont de la poudre aux yeux, des effets d’annonce, et que ça n’aboutira à rien. Donc autant ne pas en discuter.
– ceux qui se disent que l’argent disponible est tel que ça prendra : les enseignants qui se plaignent de manquer de temps vont se ruer sur les heures supplémentaires grassement payées pour faire fonctionner ces heures.
Pour ma part, je suis en attente, l’une et l’autre attitude me semblant difficile à soutenir. On va voir.
François.
Votre réflexion me semble très utile ; La ZEP est un territoire. Mais ne croyez vous pas qu’une discrimination positive fondée sur le lieu d’habitat et le revenu du foyer serait utile ? C’est ce que certains appellent la discrimination positive selon des "critères socio-économiques". Ouvrir des places dans les meilleures écoles et universités, aux étudiants issus d’un quartier défavorisé et/ou d’une famille à très bas revenus.
A l’inverse, la discrimination positive sur un critère d’origine ethnique me semble dangereuse.
Des chiffres, des hommes, la politique et au milieu c’est les enfants !!!
Je viens de lire le rapport "Projet de loi de finances pour 2004 - Tome III Les moyens des services et les dispositions spéciales - Annexe 24 - Jeunesse,". (http://www.senat.fr/rap/l03-073-324/l03-073-32426.html)
Il y a les statistiques sur le taux de scolarisation des enfants de 2 ans. Paris a la palme d’Or ! En 2002 il a un taux de 8,2% de scolarisation des enfants de deux ans pour une moyenne de 32%. D’une manière générale, la moyenne est à la baisse. Si maintenant on annonce une moyenne générale de 35%, ce qui correspond à une hausse, comment se fait-il que la moyenne Parisienne soit divisée par 2 ? Trouvez l’erreur !
De plus, les arguments sont FAUX ! Actuellement, mon fils qui est né au mois de janvier 2002 a une place disponible dans l’école dont il dépend. La mairie et l’école sont d’accord pour l’accepter. C’est l’inspecteur académique qui s’y oppose ! Et la on annonce que c’est le manque de place qui en est la cause ! Les cadres de l’enseignement public font obstruction à la scolarisation des enfants de deux ans et après ils accusent (indirectement) la mairie pour le manque de place dans les maternelles !
Qu’il y ait des divergences entre les institutions, c’est normal, mais qu’ils jouent avec l’avenir des enfants, c’est inadmissible.
Je crois que je vais regarder dans le Larousse qu’elle est la définition du mot « service public » !