> Enseignement supérieur et Ouverture sociale > Ouverture sociale > Ouverture sociale (Types de documents) > Ouverture sociale. Positions (et publications) militantes > Un élève de Polytechnique en stage dans le collège REP Pablo Picasso de (...)

Voir à gauche les mots-clés liés à cet article

Un élève de Polytechnique en stage dans le collège REP Pablo Picasso de Montfermeil (Le Parisien, 20 minutes)

25 novembre 2004

Extrait du « Parisien » du 24.11.04 : un élève de Polytechnique en ZEP

Le témoin du jour : « Les élèves sont très attachants »

Trop jeune pour être un prof, trop vieux pour être un élève. Dans les couloirs du collège Jaurès de Montfermeil, David Mercklé ne manque pas d’attiser la curiosité. « T’es quoi, un nouveau pion ? », lui demandent régulièrement les jeunes qu’il croise lors des interclasses. Pour six mois, le jeune homme a troqué son uniforme à boutons dorés de la prestigieuse Ecole polytechnique pour endosser l’habit d’accompagnateur scientifique au lycée Schweitzer du Raincy et aux collèges Jaurès et Picasso de Montfermeil, tous deux classés en zone d’éducation prioritaire (ZEP).

A un stage dans la police nationale, la gendarmerie ou encore aux armées, l’étudiant de première année à l’ X a préféré un service civil dans l’Education nationale, « avec en premier choix l’académie de Créteil », assure le jeune Alsacien d’à peine 20 ans qui a découvert la région parisienne « l’an dernier pour l’oral d’entrée à Polytechnique ». « Mes camarades de promotion m’ont traité de fou ! », sourit David. Après deux semaines passées en Seine-Saint-Denis, le stagiaire a déjà trouvé ses marques, comme avec ces élèves non francophones auxquels il prodigue des cours de soutien en maths au collège Jaurès.

« Le prof de maths me donne ses six meilleurs élèves pour qu’ils avancent plus vite. La difficulté, c’est qu’il faut non seulement faire du calcul, mais aussi leur apprendre le vocabulaire et la prononciation », constate-t-il, épaté par la soif d’apprendre de ces gamins venus de Turquie, du Maroc ou de Bulgarie, qui continuent leurs exercices même après la sonnerie. Cette expérience, David la voit comme une formation humaine. « J’ai pris conscience de la réalité des banlieues. L’autre jour, j’ai découvert le grand ensemble des Bosquets. C’est surprenant. Malgré les difficultés, les équipes pédagogiques sont incroyablement soudées et les élèves très attachants », conclut-il.

Marjorie Corcier

 

Extrait de « 20 minutes » 29.11.04 : un « X » dans la ZEP de Montfermeil (93)

Un polytechnicien retourne au collège

Maintenant, je vous distribue un exercice. » Gaëlle, jeune prof de maths du collège Pablo-Picasso de Montfermeil (93), donne le top du départ... et David, jeune polytechnicien, entre en action. Il arpente les rangs, conseille, écoute, corrige, explique la trigonométrie aux élèves de 3e de cet établissement. Depuis début novembre, l’étudiant de 19 ans offre ses services aux profs de physique, de technologie ou de maths. Son temps se partage entre trois collèges, grâce à un partenariat né il y a sept ans entre l’école de Palaiseau (91), surnommée l’X, et l’inspection académique de Seine-Saint-Denis. « Ces élèves passent le brevet en fin d’année, il faut leur accorder du temps, explique Gaëlle. Là, on peut leur en donner deux fois plus. »

Comme David, ils sont trois à intervenir dans des collèges du département classés « ZEP ou zone sensible ». Trois futurs ingénieurs ou chercheurs qui ont préféré le service civil au stage militaire de six mois obligatoire en début de scolarité polytechnicienne. « On se sent plus utile dans une association ou dans l’Education nationale », résume David entre deux équations.

Le collège Picasso participe à l’expérience depuis six ans. « Les jeunes ne le voient pas comme un prof et apprennent leur leçon différemment, se félicite Martine Sivadier, la principale adjointe. Et puis, la réussite de ces étudiants leur donne envie de se dépasser. Tout le monde y gagne. » L’étudiant acquiesce, jure que « beaucoup de préjugés sont tombés en trois semaines » et projette déjà de fonder un club de Rubik’s Cube, sa passion, dans l’établissement. David ou les maths autrement.

Antoine Gazeau.

Répondre à cet article