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Face aux émeutes, les enseignants de banlieues désemparés : « Nous formons les élèves à une citoyenneté dans laquelle ils ne se retrouvent souvent pas »
Les enseignants que « Le Monde » a interrogés observent les violences urbaines avec d’autant plus d’affliction qu’une large partie des émeutiers sont en âge d’être leurs élèves. Ils décrivent l’amertume et l’humiliation que subissent ceux à qui ils tentent de transmettre les valeurs républicaines.
[...] « La violence fait partie de leur vie »
A Montreuil, Benjamin Marol entend aussi cette « peur de la police » que partagent beaucoup de ses collégiens de REP+. L’enseignant d’histoire-géographie est parfois amené à aborder les émeutes de 2005 en 3e et a face à lui certains élèves qui, bien que beaucoup trop jeunes pour avoir connu les événements, connaissent l’histoire de Zyed Benna et Bouna Traoré, morts électrocutés à Clichy-sous-Bois (Seine-Saint-Denis) en 2005 en essayant de fuir un contrôle de police. Il constate surtout chez tous, ou presque, la même réaction : « Je sais qu’une partie des gens se demanderaient pourquoi ces jeunes courent s’ils n’ont rien à se reprocher mais, moi, mes élèves disent que, “évidemment”, ils partent en courant quand ils voient la police. »
Au-delà de cette défiance que les années ancrent chez leurs élèves, la communauté éducative de ces « quartiers sensibles », dont la géographie épouse celle de la précarité et de la ségrégation sociospatiale, voit aussi dans l’explosion de violences le fruit d’un sentiment de relégation contre lequel l’école, service public pourtant présent dans tous les territoires, a du mal à lutter.
Lire l’éditorial du « Monde » : Mort de Nahel M. : un besoin de vraies réponses face à la colère et à la peur
Extrait de lemonde.fr du 02.07.23
Voir le MC : Elève ou ancien élève de ZEP (gr 3)/