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B* Une CPE raconte la mise en place collective d’un conseil de vie collégienne (CVC) dans un collège REP de Seine-et-Marne

19 avril 2021

Un conseil de vie collégienne en REP, une CPE raconte…
par Stéphanie de Vanssay

Mise en place du Conseil de Vie Collégienne (CVC) au sein d’un collège REP, en région parisienne, la CPE nous explique le projet.

Parcours
Après avoir effectué mon stage de titularisation en tant que CPE au lycée professionnel Le Corbusier de Lons-le-Saunier, j’ai été mutée dans l’académie de Créteil. J’ai intégré le collège REP Elsa Triolet, situé au Mée-Sur-Seine. Ce collège est composé de 850 élèves. J’y suis restée deux années.
Dès mon arrivée, le chef d’établissement m’a proposé de devenir référente du Conseil de vie collégienne. À l’époque, cette instance était inexistante dans l’établissement. Tout était à construire… de la motivation des élèves, à l’implication des collègues dans ce projet, à l’émergence d’idées pour valoriser nos collégiens !

Diagnostic
Pour quelles raisons était-il nécessaire de mettre en place le CVC au sein du collège ?
Comme dit précédemment, le collège dans lequel j’exerçais est un collège REP, de 850 élèves. Dès mon arrivée, j’ai pu constater certaines problématiques : peu d’interaction entre les différents niveaux de classe, clivage entre les filles et les garçons, dégradations des locaux de l’établissement, qui semblaient témoigner d’un rejet de l’institution scolaire en règle générale. Le climat scolaire était assez apaisé bien que nous ayons régulièrement affaire à des faits de violence entre élèves (bagarre, harcèlement, règlement de compte prémédité…).
Il était donc nécessaire de proposer aux élèves de s’investir pour leur collège afin de réaffirmer le sentiment d’appartenance à l’établissement et de créer des moments conviviaux entre eux, entre les différents niveaux de classes. Nous avions également pour objectif de favoriser les échanges entre les filles et les garçons, quasi inexistants à l’époque.

Mise en place
Je me suis associée avec des collègues intéressés par le projet. Parmi eux, le chef d’établissement, la principale adjointe, des collègues professeurs, ma collègue CPE ainsi qu’une AED. Nous étions 10 adultes, au total.
Le défi était important : il fallait, tout d’abord, faire connaître cette instance aux élèves et mettre en place des élections dans un établissement qui n’avait jamais entendu parler du CVC. De plus, nous souhaitions que les élèves se présentent aux éléctions en binôme mixte pour les pousser à aller les uns vers les autres, quelque soit leur sexe.

Première étape : la communication

La première étape fut de communiquer aux élèves que le CVC allait prendre place dans l’établissement. Un tour des classes a été réalisé par les membres adultes du CVC, expliquant aux élèves quel était le but de la mise en place d’une telle instance au collège.
Nous avons également réalisé des affiches que nous avons placardé dans l’ensemble de l’établissement.
J’ai contacté l’ensemble des professeurs principaux afin qu’ils évoquent la mise en place du CVC à leur classe de référence.
Pour finir, nous avons utilisé un moyen de communication que les élèves apprécient : la télévision, située dans le hall.
Cette communication importante nous a permis de nous faire connaître et d’anticiper les élections à venir. Déjà, quelques élèves sont venus d’eux-mêmes me proposer leur candidature.

Deuxième étape : les élections
Nous avons convenu, avec mes collègues, d’une date concernant les élections, durant la semaine de la citoyenneté, en début d’année. Les élèves intéressés devaient se présenter à mon bureau, en binôme mixte et remplir une profession de foi que nous avons affichée, par la suite, dans le hall de l’établissement. Les élèves avaient également la possibilité de présenter leur candidature en passant dans les classes de leur niveau, accompagnés d’un adulte (AED référent du niveau de classe ou moi-même).
Nous avions convenu que chaque niveau de classe serait représenté par un binôme du CVC et que chaque niveau de classe votait pour le binôme de son niveau.
Nous avons, par la suite, proposé une élection via le logiciel Pronote. Ces élections ont très bien fonctionné et les élèves ont joué le jeu.

CVC et Covid
Le CVC commençait à prendre de l’ampleur lorsque les annonces ministérielles sont tombées en mars 2020 : premier confinement.
Nous n’avons, de ce fait, pas pu reprendre en main le CVC, ce qui présageait des difficultés pour le relancer en septembre.
En septembre, les annonces ne nous autorisaient pas à nous réunir pour mettre en place nos actions. Nous avons donc dû opérer différemment.
J’ai alors proposé aux élèves de les recevoir, sans les adultes. Et nous avons fonctionné ainsi durant l’année scolaire 2020-2021.
Je prévoyais une rencontre avec les élèves, leur proposant des activités et des actions à mener, inscrivant chaque binôme sur une activité. Puis je me réunissais avec les adultes afin qu’ils choisissent le binôme qu’ils allaient encadrer pour mener à bien l’activité. Je proposais ensuite un temps de rencontre entre l’adulte encadrant et le binôme puis les laissais s’organiser comme ils le souhaitaient pour réaliser leur projet. L’adulte devait me faire un retour régulier sur l’activité et son avancée.
Grâce à cette organisation, nous avons pu permettre au CVC de vivre, malgré les mesures mises en place par le ministère. Au cours de l’année 2020/2021 nous avons pu mettre en place, au sein du collège : une journée de l’élégance, un logo du CVC, un atelier développement durable, le carnaval du collège, une boîte à idées et le journal du collège.

Actions et enjeux
Ici, je choisis de détailler les enjeux d’une action qui a particulièrement bien fonctionné au sein du collège : la journée de l’élégance.
Cette journée fut une réussite.
J’ai encadré cette journée, avec une collègue professeur et deux élèves de 5ème.
Pourquoi ?
Le contexte actuel a un impact immense sur la santé mentale de nos élèves. En décembre dernier, nous avions remarqué une montée des faits de violence dans l’établissement, entre élèves mais également contre le collège (dégradations, impolitesse, sectorisation des classes dû au protocole sanitaire…). Nous avions également de nombreux élèves qui subissaient la période et semblaient démoralisés.
Nous avons souhaité leur proposer une journée de détente avec un enjeu à la clé : gagner le prix de la classe la plus élégante du collège. Les élèves devaient venir habillé en noir ou en blanc, de la manière la plus élégante possible, sans qu’ils aient besoin de racheter des vêtements pour l’occasion. Chaque classe était également notée sur plusieurs critères : politesse et bonne tenue en classe. Les délégués de classe étaient chargés de fournir la feuille de notation à chaque professeur en début de classe qui la remplissait à la fin de l’heure. Une classe par niveau serait récompensée avec des tickets de cinéma.

Nous avons également mis en place un stand photos.
Les élèves ont, quasiment tous, joué le jeu et se sont énormément investis dans cette journée. Cette journée a permis, aux adultes comme aux enfants, de se changer les idées et d’oublier, l’espace d’un moment, les tensions actuelles.
Pour conclure, je souhaiterais insister sur l’importance de mettre en place un projet tel que le CVC dans un établissement scolaire. Par “mettre en place”, j’entends également l’investir et lui donner réellement vie. En tant que CPE, nous sommes souvent pris par le quotidien à gérer, manquant de temps pour s’impliquer dans ce genre d’actions. Pourtant, cela me paraît primordial ; je dirais même essentiel. Cela permet de créer un lien différent avec les élèves et
de leur donner une place importante, une parole, au sein de leur établissement et auprès des adultes. Cela nous permet également de prendre du recul sur les tâches que nous devons régler quotidiennement et de donner un autre sens à notre métier.
Par ailleurs, dans un contexte où les libertés de chacun sont réduites, continuer à créer des projets avec les élèves permet de leur donner un espace qui leur appartient, qu’ils ont, bien souvent, perdu.

Extrait de l’école de demain, Stéphanie de Vanssay du 09.04.21

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