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Un documentaire de LCP sur des cordées de la réussite du lycée Henri IV, commenté par Nathalie Mons et une députée Lrem, prend des distances avec le dispositif

23 juin 2020

« Entre deux mondes », sous pression
En filmant ces jeunes issus de milieux modestes qui intègrent le prestigieux lycée Henri-IV, la réalisatrice pose la question de la réussite et pointe les limites de la méritocratie à la française.
Par Anne Sogno

On croirait un slogan. Mais derrière les « Cordées de la réussite » se cache un dispositif qui vise à accroître l’ambition scolaire des jeunes issus de milieux modestes et à favoriser leur accès à l’enseignement supérieur. Comment ? En leur donnant des clés pour s’engager et réussir dans les filières d’excellence. C’est dans ce cadre que, chaque année, le lycée Henri-IV sélectionne une soixantaine d’élèves de quartiers sensibles. Durant la classe de troisième dans leur établissement d’origine, ils suivent, tous les mercredis, des cours de rattrapage scolaire et culturel. Seule une partie d’entre eux intégrera la seconde du prestigieux lycée parisien.

Une belle idée sur le papier, que Sonia Hedidi a filmée à l’épreuve du réel pendant toute une année. Choisis parmi les meilleurs de leur collège à Stains (Seine-Saint-Denis) et Corbeil-Essonnes, Marwa, Inès, Ouissal, Ounissa et Baydi vivent, sous son œil attentif, le passage compliqué « entre deux mondes » si différents. De leur insertion dans les « Cordées » à l’annonce des résultats de l’entrée en seconde, les ados du « 9-1 » et du « 9-3 » sont confrontés tour à tour à la peur de l’inconnu, au doute, à la fierté et à l’espoir de leur famille.

Les limites de la méritocratie à la française

Extrait de nouvelobs.com du 06.08.20

 

Quand "les cordées" ne conduisent pas à la réussite (LCP)

Marwa, Inès, Ouissal, Ourissa et Baydi, repérés comme bons élèves dans leur collège de Stains ou de Corbeil-Essonne, viennent, chaque mercredi de novembre à mai, suivre des cours de rattrapage en culture générale, maths et histoire au lycée Henri IV dans le 5e arrondissement de Paris. Dans le RER, les images de la banlieue défilent, il est tôt, trop tôt, on parle des profs d’HIV, on les imite, on se moque de leur façon de parler… La journaliste Sonia Hedidi a réalisé un documentaire sur ces jeunes, intitulé "Entre deux mondes" et diffusé sur LCP hier jeudi 18 juin.

Ils participent au programme des "cordées de la réussite", un dispositif créé en 2008 "au service de l’égalité des chances" et qui, selon le ministère de l’enseignement supérieur, a pour objectif "d’aider les jeunes de milieu modeste ou issus de quartiers prioritaires, à lever les obstacles psychologiques et culturels qui les font trop souvent renoncer à s’engager dans la voie des études longues". Une ambition louable qui, si l’on en croit le reportage, est très bien acceptée par les établissements d’origine des élèves choisis et par leur famille.

Trop de pression

Des familles fières de cette distinction, trop fières, semblent dire les collégiens qui subissent une pression grandissante au cours de l’année et qui pour certains, se demandent vraiment ce qu’ils font dans ce programme : "J’ai pas le niveau" ; "Je n’y arriverai pas" ; "C’est pas ma culture" ; "Dans mon collège, je suis chez moi, on pense les mêmes choses, on se comprend"… La prof de français d’henri IV a beau les emmener au Louvre, leur expliquer l’hellénisme, leur dire qui était le général de Gaulle, les notes ne sont pas bonnes et la plupart des élèves ne sont pas "au niveau". Aussi, en mai, le couperet tombe et seuls deux d’entre eux intègreront Le lycée que beaucoup ne convoitent même plus.

A l’issue de la diffusion de ce documentaire, Nathalie Mons, présidente du Cnesco et Sylvie Charrière, députée LRM de Seine-Saint-Denis, ont participé à un débat animé par le journaliste Guy Lagache. Aspects positifs et négatifs des cordées de la réussite, on ne peut pas dire que le documentaire et le débat aient tourné à l’avantage de ce programme.
Sylvie Charrière, ancienne enseignante et principale de collège à Clichy-sous-Bois, a reconnu à mi-mot qu’elle n’aurait pas abordé les élèves comme l’ont fait les professeurs d’HIV et Nathalie Mons d’ajouter que "ce n’est pas aux élèves de s’adapter au système mais l’inverse". Pour la présidente du Cnesco, "les cordées de la réussite sont peu efficaces, la preuve, l’Australie a abandonné ce genre de programme, préférant développer les aspirations des élèves tout au long de la scolarité".

Colette Pâris

Extrait de touteduc.fr du 19.06.20

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