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Séminaire OZP nov. 2019. Introduction par Marc Douaire, président de l’association

2 décembre 2019

Introduction du séminaire national OZP. 30 novembre 2019.

Ce 12è séminaire national de l’OZP s’intitule « Bilan et perspectives pour l’éducation prioritaire ».
Il se situe dans la continuité du travail collectif engagé depuis plus d’un an, tel que nous l’avions présenté publiquement le 7 novembre 2018.
Pourquoi vouloir une évaluation publique de l’éducation prioritaire refondée, en y associant ses principaux acteurs ? L’éducation prioritaire serait-elle encore d’actualité ? Pour répondre à cette question le choix est simple : soit on se situe sur le terrain des opinions- et là il suffit de suivre les échos de la pensée médiatique dominante qui ne cesse d’accabler la politique d’éducation prioritaire tout en méconnaissant à la fois son histoire et les réalités de sa refondation soit on se situe sur le terrain de l’enquête et on procède à une évaluation de cette politique refondée.

L’actualité politique de ces derniers mois a replacé au premier plan la question des inégalités sociales, des fractures territoriales et de l’efficience des politiques publiques censées y répondre. La question sociale est centrale dans le traitement des inégalités en particulier concernant la politique scolaire. « l’Ecole est le moment où les différences des enfants deviennent des inégalités. Les écarts, aujourd’hui, sont entérinés plus que contrebalancés » (Bernard Lahire). Le système éducatif français prend mal en compte les élèves qui, du fait de leur origine sociale, ne sont pas en connivence avec les codes et la culture scolaires. Pour beaucoup d’entre eux, cette école n’apparait pas comme une école émancipatrice par les savoirs et les cultures mais comme une machine qui classe, trie et conduit à l’échec et à la perte de l’estime de soi. Pour qui refuse l’idéologie libérale de sélection naturelle dès l’enfance s’impose la nécessité d’une politique scolaire en rupture avec ce modèle afin que l’école publique soit vraiment l’école de tous et en particulier pour les élèves qui vivent dans les quartiers de relégation.

Cette politique de rupture existe depuis 1981, elle se nomme politique de l’éducation prioritaire. Une telle affirmation se trouve confirmée dans le rapport de la Cour des comptes publié en octobre 2018. Le rapport reconnait que » cette politique placée au cœur des enjeux sociaux et territoriaux, a réussi à contenir les écarts de réussite scolaire dans un contexte de dégradation de son environnement social et territorial. Cette politique constitue le principal outil pour répondre aux failles du système scolaire en termes d’équité et d’efficacité ». Tout a été dit et la responsabilité du ministre de l’Education nationale est bien de tout mettre en œuvre pour améliorer et conforter cette politique prioritaire.

Or, ce n’est pas le choix qui a été fait. L’OZP reçue le 20 avril 2018 par le cabinet du ministre a rappelé l’engagement ministériel pris en 2014 de procéder en 2019 à une évaluation des projets des réseaux et de la carte de l’éducation prioritaire. Le ministre a décidé de ne pas respecter cet engagement et, depuis plusieurs mois, se succèdent différents rapports qui, sans aucune évaluation de l’existant ni prise en compte de l’expérience des professionnels engagés, préconisent des remises en cause radicales de la politique et de la carte de l’éducation prioritaire. Citons notamment les rapports du Cnesco sur les collèges parisiens, celui de France Stratégie, celui du Sénat et enfin le rapport Azéma/Mathiot remis début novembre au ministre. Revenons quelques instants sur ce rapport qui a suscité de nombreuses réactions d’inquiétude dans le monde de l’éducation prioritaire.
Ce rapport se place dans le cadre fixé préalablement par la politique ministérielle : celui des politiques territoriales visant à englober sous cette appellation fourre-tout les questions relevant de la ruralité, de l’éloignement scolaire, de l’outre-mer et de l’éducation prioritaire. Le risque est grand de confondre des politiques publiques très spécifiques, de remettre en cause leurs légitimités et de n’atteindre aucun objectif de réduction des inégalités.
Ce rapport apparait hors sol, ne prenant pas en compte le travail engagé par de nombreux réseaux depuis la refondation de l’éducation prioritaire, les projets pédagogiques et les transformations professionnelles à l’œuvre qui font que l’éducation prioritaire constitue un ensemble vivant en pleine évolution.
Enfin, le souci de continuité des politiques publiques affiché par les auteurs aurait dû les conduire à préconiser une évaluation de l’éducation prioritaire refondée. Faute de quoi, en concentrant leurs propositions sur ce qui apparait comme un dynamitage de la carte de l’éducation prioritaire, les auteurs prennent le risque d’effacer le contenu même de cette politique.

C’est dans ce contexte que l’OZP a décidé de prendre ses responsabilités (tel qu’annoncé en conclusion de la journée nationale de mai 2017) et de construire une évaluation publique de l’éducation prioritaire refondée afin d’en mesurer ses effets à partir des expériences des professionnels engagés. Pour construire et mener ce travail, l’OZP a constitué un conseil scientifique réunissant des personnalités reconnues pour leur engagement en faveur de l’éducation prioritaire. A partir des travaux du séminaire du9 février 2019, ce conseil scientifique a construit un document d’auto-évaluation proposé sous le mode d’une enquête collaborative.
Ce qui est visé par cette enquête porte sur des questions majeures pour la réussite de la refondation de l’éducation prioritaire : l’usage de référentiel et le renforcement des apprentissages fondamentaux, le climat scolaire, la formation des personnels, le travail collectif dans le réseau, le pilotage à tous les niveaux, la gestion des ressources humaines et des moyens engagés.
La journée nationale de l’OZP du 18 mai 2019 a permis une première présentation des résultats de cette enquête. La tenue de ce séminaire doit nous permettre de prolonger et d’approfondir ce travail.

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