Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
L’histoire des pédagogies nouvelles est marquée par une orientation pragmatiste qui a souvent correspondu à une perspective émancipatrice en éducation. Mais les travaux en sociologie de l’éducation montrent que, paradoxalement, les pratiques pédagogiques qui favorisent l’autonomie des élèves semblent plus favorables aux élèves qui maîtrisent déjà des savoirs pré-requis.
[...] Les doutes de la sociologie critique
Néanmoins, la sociologie de l’éducation a été conduite à jeter un regard critique sur l’optimisme émancipateur des pédagogies nouvelles.
En effet, les pédagogies nouvelles tendent à présupposer implicitement qu’il suffirait de libérer les puissances spontanées des élèves pour permettre leur émancipation. Il y a de ce fait une croyance libertaire dans les pédagogies pragmatistes. Il s’agit avant tout de libérer les élèves de la contrainte autoritaire qui pèse sur eux et de faire confiance à leurs capacités d’auto-émancipation. Néanmoins, la sociologie critique met en avant la naïveté que peut receler cette proposition. Elle souligne en effet que les élèves qui arrivent à l’école ont déjà des compétences construites de manière différentes selon leur milieu social. En pensant émanciper les élèves, les pédagogies nouvelles favoriseraient alors, sans en avoir conscience, la reproduction des inégalités sociales.
[...] Le pragmatisme critique en pédagogie consiste finalement dans la mise en œuvre de pratiques pédagogiques qui favorisent la participation des élèves, mais en portant sur ces pratiques un regard sociologique critique, afin de mettre en œuvre des outils de régulation devant modérer la reproduction des inégalités sociales.
Extrait de nonfiction.fr du : La pragmatisme critique en pédagogie