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Elitisme républicain et sélection scolaire et sociale : le modèle social français en éducation

24 octobre 2005

Extrait du « Monde » du 04.10.05 : Retour sur un supplément "Economie" du « Monde ».

Dans un supplément « Economie » consacré au modèle social français, deux articles, au moins, étaient susceptibles d’intéresser les acteurs de ZEP et REP. Nous y revenons :

1er article

« La véritable idéologie française, c’est l’élitisme républicain », dialogue entre Antoine Reverchon, journaliste, et Eric Maurin, directeur de recherche à l’EHESS. Extraits :

  Mais les objectifs de 1945 ne sont-ils pas d’étendre à tous le bénéfice de la culture par l’école et la protection sociale par l’assurance, pour ne prendre que ces deux exemples, quelles que soient les situations sociales ?

  Certes, mais le modèle montre dès le départ son ambiguïté fondamentale. On ouvre le collège à tous mais on se garde bien de changer les contenus des programmes, d’où une explosion de l’échec scolaire dans les familles défavorisées (...)

(...)

  Mais ce modèle n’a-t-il pas évolué pour mieux amortir les effets de la crise économique ou de la mondialisation ?

  Ce n’est pas si sûr. Face à l’échec scolaire, par exemple, les politiques publiques ont bien essayé de troquer la neutralité hypocrite de l’égalitarisme républicain pour un « ciblage » plus volontariste des enfants défavorisés, à travers la création des zones d’éducation prioritaire (ZEP). Mais lorsqu’on en fait le bilan, il s’avère qu’on ne peut pas savoir si cette politique a été efficace ou non, parce qu’elle n’a pas été appliquée !
Le saupoudrage des bourses et des actions prioritaires continue d’être la règle, et les moyens restent finalement concentrés là où ils l’ont toujours été, sur les sanctuaires de l’élitisme. Les droits sociaux sont liés au statut acquis par les personnes et non à leur situation réelle. Les tentatives de réforme sont enrayées par l’idée, beaucoup plus puissante, qu’un destin individuel ne peut pas être changé par l’action sociale.
Il est une question politique que l’on refuse, en France, de percevoir comme telle : qu’est-ce qui, dans un individu, lui appartient en propre, et qu’est-ce qui lui est donné socialement, et peut donc faire l’objet d’une compensation par l’action publique ? La frontière n’est jamais clairement débattue ni tracée. (...)

2ème article

« La démocratisation de l’école a exacerbé son rôle de sélection sociale », un article d’ Antoine Reverchon.

Extrait :

(...)

Que s’est-il passé ? Face à la démocratisation, l’institution scolaire a d’abord cherché à préserver son fonctionnement initial. Alors que le Plan Langevin-Wallon, point de référence mythique de toutes les réformes, proposait d’un même élan un projet politique - l’école comme creuset social de la nation - culturel - faire accéder le « peuple » à la culture - pédagogique - étendre la pédagogie de « l’école active » à tout le système - et institutionnel - accueillir tous les enfants dans un même type d’établissement, seul le dernier volet a été appliqué avec la réalisation du collège unique.

Si le cadre a été modifié, ni les contenus, principaux instruments de la méritocratie scolaire, ni les méthodes n’ont été, si ce n’est à la marge, changés.

La machine à trier s’est aussitôt remise en marche, en recréant, à chaque niveau du système, une hiérarchie implicite connue des initiés, et surtout des enseignants : bonne et mauvaise classe, bon et mauvais établissement, bonne et mauvaise filière, etc. Les mécanismes qui devaient servir à la démocratisation sont devenus ceux d’une sélection accrue, comme l’explique Philippe Meirieu, directeur de l’IUFM de Lyon.

La carte scolaire, créée en 1964 pour garantir la mixité sociale, n’enferme dans les établissements ghettos que les familles qui n’ont pas les moyens culturels ou financiers de la contourner ; la gestion nationale des affectations des enseignants, censée assurer l’égalité de traitement des élèves, a conduit, parce que organisée « à l’ancienneté », à mettre les moins expérimentés dans les situations les plus difficiles (...).

Pour obtenir une photocopie des articles complets, s’adresser à :

Secrétariat de l’OZP

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