Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
Addiitif le 06.03.13 :
Ecouter l’enregistrement de l’émission de "Rue des écoles" ( 29 mn)
"Nous savons qu’il s’agit d’une action volontariste" et les difficultés sont nombreuses pour faire de l’Ecole un lieu accueillant. Il y a d’abord les problèmes de procédures : "Notre système n’est pas facile pour les enfants à besoins particuliers". Et il y a les idéologies. "Notre pays est encore moins ouvert que les autres aux différences culturelles." George Pau-Langevin a donné une orientation claire aux responsables des CASNAV (centres académiques pour la scolarisation des enfants allophones nouvellement arrivés et des enfants issus de familles itinérantes et de voyageurs) réunis pour un séminaire ce matin 3 avril.
Elle a rendu hommage aux gens qui "sans faire de bruit, ont pris le problème à bras le corps pour construire la société fraternelle que nous appelons de nos voeux". Une société démocratique doit assurer aux enfants la protection qui leur est due. S’il faut écouter les arguments respectables des municipalités, qui expriment des inquiétudes, sur la vaccination des enfants par exemple, elle sait que les recteurs et les DASEN sont aussi confrontés à des "discours d’opinion dominante". Pour soutenir leur action, ils peuvent compter sur des associations pour aider la scolarisation de ces enfants. Car le texte de la circulaire est clair : "ces enfants doivent être scolarisés dans des classes ordinaires. Si les municipalités rencontres des problèmes, des classes spécifiques peuvent être mises en place mais de manière transitoire."
La ministre déléguée à la réussite éducative dit aussi que V. Peillon a commandé deux missions interministerielles sur les gens du voyage et sur l’évacuation des campements.
Hélène Ouanas, sous directrice du socle commun et de la personnalisation des parcours scolaire à la DGESCO, fait le point sur les circulaires d’octobre 2012 : "le modèle d’accueil des circulaires, c’est le projet global de l’établissement ou de l’école. L’enseignant n’est pas seul en charge (...) Nous comptons sur les ESPE (formation des enseignants) pour enrichir notre approche et pour aider les enseignants à mieux connaître ces enfants" ajoute-elle. Concernant les enfants du voyage, "nous avons un souci encore plus grand de leur garantir l’égalité devant la loi". Il existe des école "de référence" qui savent accueillir avec des dispositifs adaptés les enfants qui sont inscrits au CNED. La médiation scolaire, évoquée par la circulaire, est une autre démarche importante. Les responsables départementaux jouent un rôle essentiel, avec notamment la mise en place de camions écoles, de bus passerelles, qui doit être renforcée. Les sous-préfets, par leur position, sont également très efficaces pour faire le lien entre les différents ministères. Restent quelques points de fragilité "la fréquentation par ces enfants de l’école maternelle" et le réseau national de pilotage, qui fonctionne bien au niveau des écoles, doit être renforcé aux niveaux collège et lycée.
Catherine Klein, IGEN, renvoie à quatre documents officiels utiles dans le contexte actuel : le rapport de l’inspection générale de 2009, publié à la rentrée 2012 par le ministère (voir ici). Le livre vert de juillet 2008 sur la scolarisation des enfants issus de l’immigration (voir ici), la résolution prise par le Parlement européen sur l’éducation des enfants de migrants en 2009 (voir ici) et le site du Conseil de l’Europe sur les langues de scolarisation (voir ici). Catherine Klein cite ensuite 5 domaines pédagogiques sur lesquels travailler pour faire avancer l’action : une meilleure connaissance des populations et de leurs enfants, l’évaluation de leurs compétences linguistiques au moment où ils arrivent, mieux leur expliquer la "culture" scolaire, mieux former les personnels qui les accompagnent. Elle pose plusieurs questions : "les concours peuvent-ils valider ce type de compétences ?, quel rôle donner aux formateurs CASNAV ? faut-il former les formateurs et à quoi ?". Le numérique pourrait être une piste d’innovations avec par exemple la création de classes virtuelles.
La chercheuse en science de l’éducation Delphine Bruggeman, détachée à l’école nationale de la PJJ de Roubaix, a souligné le problème des catégorisations : "Les roms migrants ne sont pas itinérants. Cette entrée par le mode de vie produit des représentations, qui elles-mêmes peuvent occasionner des biais dans les pratiques professionnelles." Car les personnes chargées de l’accompagnement de ces enfants ne sont pas tous des spécialistes. Elle reprend ensuite la définition de l’inclusion. L’école inclusive doit "prendre en compte les obstacles socio économiques et pas seulement les conditions physiques, sensorielles ou sociale des enfants (...) La question de l’inclusion ne se pose donc pas seulement à l’école mais à la société toute entière. (...) L’inclusion nécessite une réforme du sytème puisqu’il ne s’agit plus de proposer des solutions spécifiques pour des situations marginales mais de transformer le système pour répondre à la diversité de tous les apprenants."
Qu’en est-il de la situation actuelle ? La scolarisation dans des classes fermées de ces enfants, plutôt que dans des classes ordinaires, se traduit par des trajectoires scolaires inférieures à ce qu’ils pourraient prétendre conclut Cécile Goï, autre chercheuse (université de Tours), qui a enquêté sur les dispositifs d’accueil des enfants nouveaux arrivants.
Extrait de touteduc.fr du 03.04.13 : L’école doit aller contre l’opinion dominante pour faire un bon accueil aux enfants Rom (Pau Langevin)
Note du Quotidien des ZEP. Cet article est reproduit intégralement avec l’aimable autorisation de Tout Educ
Accès libre aux titres
Signalons que Tout Educ propose un abonnement spécial pour tous les personnels d’un établissement, 180 €..
Quelle place pour les Roms à l’école ? L’interdiction d’accès à l’école des enfants Roms semble se banaliser dans un climat d’acceptation générale. Des femmes résistent à ce petit apartheid. A Champs sur Marne, Céline Branchu, directrice de l’école élémentaire du groupe scolaire Paul Langevin, dans laquelle sont scolarisés dix huit enfants roms depuis novembre dernier. Elle raconte, entre colère et tristesse, la brève histoire de la rencontre entre son école et ces enfants qui voudraient simplement être des enfants comme les autres. Leurs familles risquent de voir leur campement détruit d’un jour à l’autre. Dans le 78, George Pau Langevin a fait passer le message de la scolarisation réussie. Scolariser des enfants Roms, c’est possible.
Louise Tourret reçoit le 6 avril à 19h dans son émission « Rue des écoles » sur France Culture, Anina Ciuciu, étudiante Rom, Régis Guyon, rédacteur de la revue Diversité et Olivier Pagani, enseignant en classe d’initiation.
[G. Pau-Langevin (25.02.13]->http://www.cafepedagogique.net/lexpresso/Pages/2013/02/25022013Article634973566749423036.aspx]
Extrait de cafepedagogique.net du 05.04.13 : Scolariser les Roms sur Rue des écoles