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Extrait d’une dépêche de l’AEF (Agence Education Formation) du 10.12.07 : Les acteurs des réseaux ambition réussite ont besoin d’être accompagnés par l’institution pour poursuivre les actions engagées
Les acteurs des réseaux ambition réussite expriment le besoin d’être accompagnés par les corps d’inspection pour poursuivre les actions engagées. Ce constat est l’un des principaux enseignements des journées de formation organisées par la DGESCO à Lille les 5 et 6 décembre 2007 sur le thème "Enseigner en réseau ambition réussite" (L’AEF n°88029), en présence de 300 enseignants, inspecteurs et chefs d’établissements des académies de Reims, Rouen, Amiens et Lille.
"L’attente à l’égard des corps d’inspection, exprimée fortement lors des ateliers de réflexion, a été entendue", indique à L’AEF Marie-Martine Boissinot, sous-directrice de la vie scolaire et des établissements à la DGESCO. "De nouvelles relations de confiance réciproques se mettent en place entre les enseignants et les inspecteurs pour clarifier les démarches pédagogiques", estime-t-elle.
Cette formation a aussi permis de réaffirmer la place centrale qu’occupent les enseignants référents dans les réseaux ambition réussite. "Ils sont au cœur des RAR mais chaque RAR a sa bonne façon d’utiliser son professeur-référent", souligne Marie-Martine Boissinot, pointant ainsi la diversité des fonctionnements locaux. "C’est parfaitement normal et souhaitable, car cela dépend des personnalités et des cultures professionnelles, des besoins des élèves, des cultures d’établissements : nous n’avons pas la volonté de proposer un moule unique, mais au contraire celle de laisser chaque équipe construire son projet."
EN PREMIÈRE LIGNE
Les enseignants des réseaux ambition réussite subissent "de plein fouet" les changements que connaît l’institution scolaire, estime Christiane Cavet, directrice du centre Alain-Savary de l’INRP, lorsqu’elle dresse la synthèse des ateliers. "La situation est telle qu’elle ne peut plus être gérée dans le format scolaire traditionnel : l’élève réel est entré dans l’école, alors que l’école est faite pour un élève type, supposé à l’aise dans cet environnement et aidé par les familles." Dès lors, "le dispositif classe est bousculé, les enseignants cherchent des solutions pour gérer le temps autrement". Les objectifs du système scolaire ne sont plus les mêmes : alors que l’École s’engageait à établir "l’égalité de traitement" entre les élèves, elle vise aujourd’hui "l’égalité des acquis" en promouvant le socle de compétences.
"On vous demande de garantir que tous les élèves vont réussir", souligne Christiane Cavet à l’adresse des enseignants. "Cela suppose d’être convaincu que tous les élèves ont des potentialités extensives." Dans ces conditions, le système doit "porter" chaque élève : la logique de remédiation par le redoublement ou le soutien scolaire laisse la place à l’organisation d’un suivi constant, à l’intérieur de la classe. Selon Christiane Cavet, "ce changement du format scolaire s’accompagne de changements dans les modes de travail". Le travail en équipe remplace le travail "cellulaire" de l’enseignant.
HÉRITIERS ET MUTANTS
"Nous sommes dans une double posture, d’héritier et de mutant", résume Jean-Pierre Barrué, inspecteur général de l’Éducation nationale. "Les équipes se mettent en marche et voient émerger de nécessaires nouvelles compétences, construites en même temps qu’elles avancent", confirme Odile Denier, IA-IPR, responsable académique ambition réussite pour l’académie de Rouen. "Les solutions qui sont encore tolérées ailleurs ne passent plus. Pour accompagner ce basculement, les enseignants ont besoin de l’étayage de l’institution. Pour les aider à mettre à plat leurs difficultés, il faut être dans le parler-vrai. Des relations plus directes doivent s’établir avec les inspecteurs."
"Depuis 25 ans, l’Éducation nationale est oublieuse de ses expérimentations", regrette cependant Jean-Pierre Barrué. Il s’adresse aux enseignants et aux chefs d’établissements présents dans la salle : "Vous ne disposez pas assez des travaux qui ont été menés au sujet des collèges expérimentaux et d’autres initiatives. Il faut mettre à votre disposition cette documentation pour vous aider à situer votre propre action. Ce que vous manipulez aujourd’hui ne vient pas d’une génération spontanée." De plus, "il faut garder en tête que toute expérience risque d’avoir des effets néfastes", prévient-il, filant la métaphore scientifique. "Il faut donc garder une grande modestie dans la réussite locale : on verra avec le temps ce qui peut être généralisé." Sentiment partagé par Marie-Martine Boissinot : "Qu’il y ait des tâtonnements, quoi de plus naturel ? Le travail pédagogique est nécessairement modeste et pragmatique : il est fait de tâtonnements et de réajustements."
Les acteurs des RAR expriment aussi "la nécessité absolue de veiller aux articulations entre les cycles et les degrés", selon Christian Wassenberg, IA-DSDEN de la Haute-Marne dans l’académie de Reims. "Cela permettra aux enseignants d’avoir un regard sur les effets à long terme de leur action et de savoir ce que deviennent les élèves", remarque-t-il. "Un tel suivi vise à éviter la fragmentation des responsabilités", approuve Marie-Martine Boissinot.
Sylvain Marcelli. Lille, Lundi 10 décembre 2007, 18:09:04
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