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Zéro pointé ?, une histoire politique de la violence à l’école, par Eric Debarbieux, Edit. Les liens qui libèrent, janvier 2025 (présentation ToutEduc)

22 janvier

Additif du 13.01.25

Extrait de liberation.fr du 23.01.25

 

Une histoire de la violence en milieu scolaire et des fausses solutions qui y sont apportées (E. Debarbieux)

"Ce qui est frappant dans les analyses politiques à l’emporte-pièce sur l’ensauvagement’ de la jeunesse est le retour d’archaïsmes si anciens qu’on les dirait éternels (...). Quant aux solutions envisagées, elles sont bien trop souvent illusoires ou même aggravent les problèmes." Eric Debarbieux signe "une histoire politique de la violence à l’école", quand trop souvent "les solutions les plus simplistes, les rodomontades les plus grotesques, les postures martiales tiennent bien trop lieu de pensée publique et empêchent la vision de vraies stratégies de long terme". L’auteur, qui a été instituteur spécialisé, aujourd’hui universitaire (émérite) respecté, ancien président de l’Observatoire international de la violence à l’école, a été, pendant plus de quarante ans, un observateur privilégié et un acteur de ces politiques, notamment lorsqu’il était délégué ministériel chargé de la prévention et de la lutte contre les violences en milieu scolaire (2012-2015).

Le récit est parfois pittoresque, quand E. Debarbieux évoque sa rencontre avec Claude Allègre, "les pieds en chaussettes posés sur la table basse devant lui", ou plus grave, son renvoi après la victoire de J. Chirac en 2002. "Dehors le chercheur de gauche, infâme soutien des pédagogistes ! Quasiment plus aucun contact pendant huit ans avec le ministère, qui va jusqu’à (lui) interdire de participer aux formations de chefs d’établissement", avant d’être finalement rappelé par Luc Chatel et par Vincent Peillon ensuite.

L’inconséquence des politiques de tous bords n’empêche pourtant pas que des progrès aient été accomplis, et si l’auteur se méfie des remèdes magiques, la MPP par exemple (la "méthode de préoccupation partagée" vantée par J-M Blanquer) ou la vidéo-surveillance, il n’en trace pas moins quelques pistes, "l’absolue nécessité de développer la prévention précoce" à l’école primaire, la prise en compte des "microviolences répétées", avoir conscience que la violence en milieu scolaire est "massivement une violence interne" et non pas le fait d’agressions venues de l’extérieur. Elle est d’ailleurs le produit des structures même de l’Education nationale : le type de management y a "pour conséquence inévitable l’isolement des personnels et des souffrances psychologiques lourdes. Quand il n’est plus cimenté par une idéologie partagée, le paradoxe d’un système pyramidal est que, pour le faire tenir, il ne reste plus que les qualités individuelles, les charismes personnels." Que dire dès lors de tel chef d’établissement qui s’enferme, du matin au soir, dans son bureau quand son adjointe a peur des élèves ? Ou de tel ministre ?

L’auteur dénonce la succession des "plans", pour la plupart inefficaces, les postures et les contre-vérités. On ne peut pas dire que la violence soit un phénomène récent, pas plus que sa répression. Erasme, en 1541, écrivait "On ne dirait pas que c’est une école, mais une salle de torture : on n’y entend que le crépitement de férules, sifflements de verges, cris et sanglots, menaces épouvantables."

Mais la "violence en milieu scolaire" (et non pas la "violence scolaire") a d’abord pour causes les relations entre adultes, dans un établissement, mais peut-être aussi au niveau de l’ensemble de la société. L’auteur décerne un "zéro pointé" à la situation politique présente, mais aussi "à la manière dont nous, les adultes, habitons ensemble la Cité", à la manière dont les discriminations nourrissent les violences.

Zéro pointé ?, une histoire politique de la violence à l’école, Eric Debarbieux, Les liens qui libèrent, 320 pages, 22,90€

Extrait de touteduc.fr du 21.01.25

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