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Une enquête de Santé publique France sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle en France hexagonale (décembre 2024)

17 décembre 2024

Premiers résultats de l’étude nationale Enabee sur le bien-être et la santé mentale des enfants de 3 à 6 ans scolarisés en maternelle en France hexagonale

Contexte : La santé mentale et le bien-être des enfants sont des préoccupations majeures de santé publique, pouvant influencer les apprentissages, la vie sociale et, à court, moyen ou long terme, leur état de santé futur. À ce jour, nous ne disposions pas de données objectivant la santé mentale et le bien-être des enfants de 3 à 11 ans en population générale en France. Afin de pallier ce manque, Santé publique France a mené " l’Étude nationale sur le bien-être des enfants " pour la première fois en 2022 (Enabee 2022), avec le soutien du ministère chargé de la santé et du ministère de l’Éducation nationale. Enabee 2022 est la première étude nationale visant à mesurer la santé mentale et le bien-être des enfants scolarisés à l’école maternelle (enfants âgés de 3 à 6 ans) et élémentaire (enfants âgés de 6 à 11 ans) en France hexagonale. Cette étude a vocation à être répétée à intervalles réguliers afin de mieux comprendre comment évoluent la santé mentale et le bien-être des enfants en France.

Objectif : L’objectif du présent rapport était d’estimer la prévalence des difficultés émotionnelles, des difficultés d’opposition et d’inattention/hyperactivité probables, le niveau de bien-être, et d’évaluer le recours aux soins pour des raisons de santé mentale parmi les enfants scolarisés de la petite section à la grande section de maternelle (3 à 6 ans) en France hexagonale, en complément des résultats sur les enfants scolarisés en école élémentaire déjà publiés. Matériels et méthodes : Enabee 2022 est une étude transversale descriptive nationale réalisée dans les écoles françaises en 2022. Le plan d’échantillonnage probabiliste comporte trois degrés : les écoles, tirées au sort en premier ; ensuite jusqu’à quatre classes par école et, enfin, tous les élèves de chacune des classes sélectionnées. Les données ont été recueillies entre mai et juillet 2022. Pour chaque enfant, un des parents et son enseignant ont été interrogés au moyen d’un questionnaire en ligne sécurisé ou à défaut par téléphone. Les difficultés émotionnelles, d’opposition et d’inattention/hyperactivité ont été évaluées par les versions parent et enseignant de l’échelle standardisée Strengths and Difficulties

Questionnaire (SDQ) ; le bien-être avec la version parent de l’échelle standardisée Kindl (Kiddy-kindl). Différents indicateurs ont été calculés en tenant compte de l’informant (parent ou enseignant) ainsi que du retentissement de ces difficultés sur la vie de l’enfant. Enfin, les points de vue du parent et de l’enseignant ont été combinés, selon l’algorithme de combinaison du SDQ, pour estimer les prévalences de ces différents types de difficultés rencontrées par les enfants. Pour évaluer le recours aux soins, les parents ont déclaré l’éventuel recours à différents types de professionnels pour des difficultés psychologiques ou d’apprentissage de leur enfant. Résultats : Sur les 438 écoles tirées au sort qui avaient au moins un élève scolarisé en maternelle, 246 écoles ont participé (56,2 %). Sur les 9 038 enfants éligibles à l’enquête, un questionnaire enseignant a été complété et analysé pour 5 721 d’entre eux (63,3 %) et un questionnaire parent pour 3 785 enfants (41,9 %). Pour 2 683 enfants (29,7 % des enfants éligibles), un questionnaire parent et un questionnaire enseignant étaient disponibles. Les analyses par informant retrouvaient un faible niveau de concordance, rappelant que les appréciations respectives des symptômes et de leur impact, sont complémentaires notamment en raison de la différence de contexte d’observation de l’enfant. En intégrant le point de vue du parent et de l’enseignant sur ce dernier échantillon, 8,3 % [IC 95 % : 7,1-9,6] des enfants de 3 à 6 ans présentaient au moins un type de difficultés probables ayant un retentissement sur leur vie. Plus précisément, 1,8 % [1,3-2,5] des enfants présentait des difficultés émotionnelles probables avec retentissement, 5,9 % [4,8-7,2] des enfants présentaient des difficultés oppositionnelles probables avec retentissement et 1,9 % [1,4-2,6] présentait des difficultés d’inattention/hyperactivité probables avec retentissement. Environ un tiers des enfants qui présentaient au moins un type de difficultés probables ayant un retentissement sur leur vie avait consulté un professionnel de santé mentale (33,7 % [26,4-41,6]) au cours de l’année précédente en rapport avec ces difficultés. Les différents scores moyens des sous-échelles de bien-être variaient de 78,1 (bien-être famille) à 88,5 (bien-être émotionnel), sur une échelle de 0 à 100. Les comparaisons du niveau de bien-être selon le sexe de l’enfant n’avaient pas mis en évidence de différence significative entre les filles et les garçons.

Discussion : L’étude Enabee vise à mieux comprendre la santé mentale et le bien-être des enfants âgés de 3 à 6 ans. Elle constitue une 1re étape déterminante dans l’observation épidémiologique de la santé mentale des enfants jusqu’alors peu explorées en France. Après avoir interrogé parents et enseignants, l’étude suggère que de nombreux enfants expriment des symptômes évocateurs de difficultés d’opposition (de l’ordre de 6 %) et dans une moindre mesure des difficultés émotionnelles ou d’inattention/hyperactivité (de l’ordre de 2 %) et ce dès la maternelle, en cohérence avec les rares données épidémiologiques disponibles sur cette tranche d’âge. À ces âges précoces, les attentes des adultes et leurs évaluations peuvent diverger ; de plus les problèmes de comportements et émotionnels peuvent évoluer rapidement : il importe donc d’être prudent quant à l’interprétation des résultats. Il ne s’agit pas d’identifier ou de stigmatiser tel ou tel enfant, mais bien d’avoir une représentation épidémiologique des besoins des enfants dans leur ensemble et de pouvoir développer à terme une politique de prévention plus adaptée et pertinente, répondant aux besoins des nouvelles générations. La méthode d’évaluation repose sur les symptômes et le retentissement perçus par le parent et l’enseignant de l’enfant et la combinaison de leurs perceptions. L’évaluation de la santé mentale des enfants très jeunes, à partir de plusieurs informants adultes, est complexe et nécessite de prolonger la réflexion méthodologique afin d’améliorer, si nécessaire, la performance des outils psychométriques utilisés. Néanmoins, ces premiers indicateurs et la reconduite à intervalles réguliers de cette étude permettront de suivre leur évolution au cours du temps et d’accompagner les actions nationales de prévention et de promotion de la santé sur cette tranche d’âge. Parmi ces actions, figurent notamment les politiques publiques développées dans les suites du rapport " 1 000 premiers jours " de l’enfant, visant à créer un environnement favorable à son développement ou encore la stratégie interministérielle de développement des compétences psychosociales chez les 3-25 ans, permettant notamment d’améliorer les compétences de régulation des émotions des enfants. L’Éducation nationale a en outre, développé une politique dans le cadre de l’École promotrice de santé et, à la suite de la crise sanitaire du Covid-19, des mesures pour repérer et orienter les élèves en situation de mal-être psychologique.

Auteur : Monnier-Besnard Stéphanie, Decio Valentina, Delorme Richard, El Haddad Maria, Kovess-Masfety Viviane, Motreff Yvon, Perrine Anne-Laure, Sentenac Mariane, Regnault Nolwenn
Année de publication : 2024
Pages : 58 p.
Collection : Études et enquêtes

Extrait de santepubliquefrance.fr du 10.12.24

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