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Anne Genetet : une macroniste pour la rue de Grenelle
Anne Genetet passe de la commission défense au ministère de l’Éducation nationale ce 21 septembre 2024. Le ton est-il donné ? La députée macroniste des Français de l’étranger est une des surprises du gouvernement Barnier. Aura-t-elle la volonté et le poids politique de défendre le budget de l’Education nationale ? Sa nomination confirme le cap choisi par le président Macron pour l’École qu’il considère comme « un domaine réservé ». Cette nomination n’est-elle pas à l’image du moment politique tant sur la méthode que sur le choix : un choix hors-sol, isolé et déconnecté du terrain faisant fi de la démocratie ? La passation de pouvoir est prévue ce lundi à 11h avec Nicole Belloubet.
Une macroniste pour la rue de Grenelle
Anne Genetet est la cinquième ministre de l’Éducation nationale en deux ans : elle succède à Pap Ndiaye, Gabriel Attal, Amélie Oudéa-Castera et à Nicole Belloubet. Cette dernière avait signalé sa volonté de rester rue de Grenelle, ses déclarations et son ton depuis la rentrée étaient marqués par une prise de distance avec les réformes Attal-Macron. Sans surprise, Nicole Belloubet a été exfiltrée, et sans surprise, la rue de Grenelle retrouve une fidèle macroniste. Le député LR Alexandre Portier sera auprès de la ministre quant à lui chargé de la « réussite scolaire et de l’enseignement professionnel ».
Depuis 2022, le deuxième mandat du président Emmanuel Macron est marqué par l’instabilité de ce ministère, ou plutôt de celles et ceux qui l’occupent. Car la politique menée est d’une stabilité déconcertante malgré l’opposition qu’elle suscite sur le terrain, par les personnels comme les familles, à l’image de la mobilisation contre la réforme du Choc des savoirs. Anne Genetet devrait cette nomination à l’ancien Premier ministre et ministre de l’Éducation nationale, Gabriel Attal. Elle pourrait passer de la commission Défense de l’Assemblée nationale à la défense … de la réforme Attal. En effet, le projet Attal de la réforme du Choc des savoirs, notamment celle des groupes de besoin sera au cœur des enjeux de l’année. Les enquêtes des syndicats ont montré ou plutôt confirmé la non-adhésion des personnels à son projet : la mise en œuvre est à géométrie variable, mais majoritairement l’esprit des groupes de niveaux a été mis en échec.
Quelle connaissance de l’Éducation nationale a cette médecin de formation, mère de quatre enfants ?
Au second tour, dans sa profession de foi de candidate aux élections législatives de 2024, Anne Genetet appelait « les électeurs à soutenir (sa) candidature contre le Nouveau Front Populaire, qu’(elle) critique pour son programme économique qu’(elle) juge désastreux ». Comment juge-t-elle le programme pour l’école sera une des questions à poser à la ministre au vu des résultats du NFP. L’éducation n’était pas au cœur de ses activités professionnelles ou parlementaires. La candidate aux élections législatives plaçait en 4e place la question éducative dans les priorités annoncées de son mandat.
« Éduquer et soutenir notre jeunesse », quatrième priorité de la candidate Anne Genetet pour la France
Dans la profession de foi de 1er tour, la députée sortante annonce ses 5 priorités pour la France et les français, l’éducation apparaît à l’avant-dernière place, juste avant « rendre la France forte dans une Europe indépendante » et après : « Inventer un nouveau modèle de développement », « Rétablir l’ordre » et « Pouvoir d’achat ». Et après les priorités, sa profession affiche le mot de soutien de Gabriel Attal.
Avec la nomination d’Anne Genetet rue de Grenelle, doit-on craindre un retour des marottes de Gabriel Attal ? Autant de sujets ou de méthodes qui détournent des véritables enjeux de l’École.
Djéhanne Gani
Extrait de cafepedagogique.net du 23.09.24
Le ministère penche vraiment à droite avec Alexandre Portier
Le choix du député Alexandre Portier (LR) aux côtés de la ministre de l’Éducation nationale macroniste Anne Genetet est un signal fort. Que nous dit ou confirme cette nomination du ministre délégué à la réussite scolaire et à l’enseignement professionnel ? Depuis l’élection du président Macron en 2017, la politique éducative menée s’inscrit dans une cohérence. Le deuxième mandat est marqué par une valse des ministres de l’Éducation nationale, mais le cap – à droite toute – est maintenu. Cette cohérence ne se traduit-elle d’ailleurs pas par le choix de son Premier ministre Michel Barnier (LR) ?
Un connaisseur de l’école privée rue de Grenelle, quel signal politique ?
Proche de Laurent Wauquiez dont il a été conseiller au cabinet de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2016, Alexandre Portier est député LR depuis 2022 dans la commission affaires culturelles et éducation. Âgé de 34 ans, il a été élu conseiller municipal en 2014, à l’âge de 24 ans. Il a été scolarisé dans un lycée privé et a étudié à l’Institut catholique de Paris où il obtient une licence de philosophie en 2011, qu’il complète par un diplôme de l’ENS et de sciences politiques.
La nomination d’un défenseur de l’enseignement privé n’est-elle pas un signal de mépris ou de provocation après les polémiques qui ont secoué le deuxième mandat du président Macron ? En effet, la question de l’enseignement privé a été placée au cœur du débat public, avec l’épisode Amélie Oudéa-Castéra et notamment la publication des différents rapports sur les financements publics.
Un lobbyiste du privé pour défendre la voie pro
Alexandre Portier a ardemment défendu le privé après la publication du rapport parlementaire Vannier -Weissberg sur le financement des établissements privés sous contrat. En avril 2024, il décrit la Nupes et la Macronie « main dans la main » pour « taper ensemble sur l’enseignement privé, avec un rapport totalement à charge ». Il poursuit : « Nous, à droite, on défendra toujours la liberté pour les familles de recourir à des modèles d’enseignement qui leur soient propres, qui correspondent à leurs attentes ». En mai 2024, il co-signe avec le député européen Bellamy dans Le Figaro une tribune « Rappelons à tous que l’enseignement privé prend toute sa place dans la mission de mixité et d’escalier social qui incombe à l’État » et demande « peut-on reprocher à l’enseignement privé de ne pas avoir abandonné tout ce qui a fait les beaux jours du public ? »
« Alors, ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse. »
Mardi 17 septembre 2024, il affirmait sur Sqool TV : « On fait de l’enseignement privé le bouc émissaire de tous les échecs de l’enseignement public. L’enseignement privé remplit même mieux ses missions de services public sur bien des objectifs ». Force est de constater la défense et la foi d’Alexandre Portier dans l’enseignement privé et … l’absence de confiance envers les missions de services publics de l’école publique !
Dans une tribune datée de novembre 2022 dans l’Opinion, il déclare que « l’Ecole est devenue incapable d’assurer la transmission des savoirs fondamentaux ». Il poursuit : « Alors, ne nous racontons pas d’histoire : le niveau des élèves baisse parce que celui des enseignants baisse ». On retrouve une vision de l’école et une série de marqueurs idéologiques comme l’abaya, l’uniforme, l’ordre, les fondamentaux. Comme une petite musique des discours du ministre de l’Education nationale Gabriel Attal.
Alexandre Portier, mixité et voie professionnelle
Le député du Rhône LR Alexandre Portier est chargé de la réussite scolaire et de l’enseignement professionnel. Dans une émission datée du 17 septembre, quelques jours avant sa nomination, il lance cyniquement que « Tous les gens qui font de grandes théories sur la mixité sociale poussent leurs enfants à aller au lycée professionnel ». Il souligne là notamment le fossé social qui sépare les élèves des lycées généraux des élèves scolarisés dans les lycées professionnels, qui sont majoritairement des enfants issus des milieux défavorisés. 70% des élèves de lycée professionnel, soit 1/ 3 des lycéens sont enfants d’ouvriers, d’inactifs ou d’employés. Que proposera le ministre délégué A. Portier pour l’enseignement professionnel afin qu’il soit plus attractif et non une voie de relégation, ressentie ou effective ?
Un ministre délégué à la réussite scolaire
Comme Gabriel Attal, Alexandre Portier défend le brevet comme condition au passage en Seconde. Alors que la réforme de brevet ne doit pas se mettre en place en 2025, il affirmait quelques jours avant sa nomination : « Je pense qu’il faut que le brevet serve à quelque chose comme le conditionnement du passage au lycée ». Pour lui, « le brevet des collèges, c’est plus de 3 millions d’euros pour l’organiser. Donc soit on le réforme, soit on le supprime ». La secrétaire générale du SNES-FSU, Sophie Vénétitay s’« inquiète de la création du ministère délégué à l’enseignement professionnel et à la réussite scolaire. Le reste du ministère va s’occuper de l’échec ou ne s’occupe pas de la réussite des élèves ? Ce n’est pas le projet commun et collectif porté ? »
Avec la ministre Anne Genetet et le ministre délégué Alexandre Poirier, Attal garde la main sur les réformes à venir et le cap donné rue de Grenelle.
Djéhanne Gani
Extrait de cafepedagogique.net du 23.09.24
Gouvernement Barnier : les ministres en charge de l’éducation
Anne Genetet a été nommée hier, 21 septembre, ministre de l’Education nationale. Députée, elle est élue "La République en marche" des Français établis hors de France depuis 2017 (11ème circonscription, de la Russie à la Nouvelle-Zélande). Née en 1963, elle est médecin, pédiatre, et elle a un diplôme en journalisme médical. Elle est installée à Singapour où, selon Wikipedia, elle a travaillé pour le groupe International SOS, puis pour diverses ONG, notamment autour des conditions de travail du personnel de maison. Elle a par ailleurs des attaches dans le Lot, elle est conseillère municipale du village d’Escamps. Dans une interview au "petit journal de Hong Kong" (ici), elle définit son engagement politique comme étant essentiellement motivé par des préoccupations sociales.
Alexandre Portier est ministre délégué auprès de la ministre de l’Education nationale, chargé de la Réussite scolaire et de l’Enseignement professionnel. Né en 1990, ancien élève de l’Ecole normale supérieure et de Sciences po, agrégé de philosophie, il est élu conseiller municipal de Villefranche-sur-Saône en 2014, nommé conseiller au cabinet du président de la région Auvergne-Rhône-Alpes en 2016, élu vice-président de la communauté d’agglomération Villefranche Beaujolais Saône en 2017, député (LR) en 2022. Il est co-auteur d’un rapport sur l’instruction des enfants en situation de handicap" (ici). Il avait apporté une contribution à un ouvrage de dialogue avec le recteur Bloch sur l’enseignement professionnel (ici).
Annie Genevard est ministre de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de la Forêt (et donc, aussi, de l’enseignement agricole), née en 1956, elle a été RPR, UMP puis LR, elle est professeure certifiée de Lettres classiques, elle a été maire de Morteau en 2002 à 2017, députée du Doubs à partir de 2012, elle est vice-présidente de l’Assemblée nationale de 2017, elle s’est opposée cette année à l’alliance avec le RN voulue par Eric Ciotti. Elle a notamment été membre du Conseil supérieur des programmes créé par Vincent Peillon en 2013 et elle est co-auteure avec et Fabrice Le Vigoureux (Renaissance) d’un rapport parlementaire sur l’apprentissage de la lecture et "approuve sans réserve" certaines des mesures mises en place ou annoncées avec le Choc des savoirs" (voir ToutEduc ici)
Gil Avérous est ministre des Sports, de la Jeunesse et de la Vie associative. né en 1973 à Issoudun, il est maire de Châteauroux et président de l’association Villes de France. Il a adhéré au RPR dès qu’il a été majeur, il a quitté LR pour s’opposer au choix d’E. Ciotti de faire alliance avec le RN. Il a une maîtrise en management des collectivités territoriales.
Patrick Hetzel est ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche. Né en 1964, il est professeur des universités en sciences de gestion, recteur de l’académie de Limoges en 2005, en 2007 il est "conseiller éducation, enseignement supérieur et recherche" du Premier ministre François Fillon, puis directeur général pour l’enseignement supérieur et l’insertion professionnelle. Il est élu député (UMP) en 2012
Didier Migaud est garde des Sceaux, ministre de la Justice (et donc en charge de la PJJ). Né en 1952, titulaire de deux DESS de droit public et de science politique, il est élu député de l’Isère en 1988, membre du groupe socialiste. En 2010 il est nommé premier président de la Cour des comptes, en 2020 président de la Haute Autorité pour la transparence de la vie publique.