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15 ans de rénovation urbaine : - quels effets sur le logement social, le peuplement et la pauvreté ? (France Stratégie, février 2024) - Portraits de 12 quartiers rénovés (Dossier de la Fnau, février 2024)

9 février

15 ans de Pnru : quels effets sur le logement social et le peuplement

Le Programme national pour la rénovation urbaine (PNRU), lancé en 2003, a officiellement pris fin en 2021. Il visait à restructurer les quartiers socialement défavorisés dans un objectif de mixité sociale et de développement durable, via des opérations lourdes sur l’habitat. Après quinze ans, peut-on dire que le PNRU a eu un impact significatif sur l’offre de logements et sur le peuplement dans les quartiers rénovés ?

Pour répondre à cette question, France Stratégie, avec l’économiste Nina Guyon, a exploité les données de la base Filocom. Sur l’ensemble des quartiers classés « zones urbaines sensibles » ou assimilés en 2003, on distingue 497 quartiers ciblés par le PNRU et 240 quartiers « contrôles », aux caractéristiques similaires mais non rénovés. Par la méthode de la différence des différences, on compare l’évolution en matière d’habitat et de peuplement dans ces deux types de quartiers : si la tendance y était similaire jusqu’en 2003, alors toute divergence observée après 2003 peut être attribuée aux effets du programme de rénovation.

Dans les quartiers où la rénovation a été la plus intense − soit un quart des quartiers ciblés −, on constate une baisse de 6 points de pourcentage de la part des logements sociaux (qui restent majoritaires) et une réduction de 5 points de la part des ménages les plus pauvres (premier décile de niveau de vie). Cette dernière réduction s’est faite au profit d’un accroissement du poids des ménages de niveau de vie modeste et moyen. La part des plus pauvres descend ainsi à 25 % en 2019, comblant l’écart avec les quartiers non ciblés. Cet effet a été causé principalement par la démolition des logements qui accueillaient le plus de ménages pauvres et dans une mesure nettement moindre par la construction de logements accueillant des ménages moins souvent pauvres.

Dans les trois quarts restants des quartiers ciblés, où les interventions ont été moins intenses, l’impact moyen du PNRU est quasi nul et n’a pas permis d’empêcher une légère augmentation de la part des ménages les plus pauvres, évolution que l’on retrouve dans les quartiers contrôles n’ayant pas bénéficié du PNRU.

[...]
CONCLUSION
Un des objectifs du PNRU était de changer la sociologie des quartiers ciblés par une action sur le bâti. Y est-il parvenu ? De nos analyses, il ressort que le PNRU a eu un impact causal significatif à la fois sur l’o-re de logements et sur le peuplement des quartiers ciblés. Mais cet impact s’observe essentiellement dans les quartiers où les opérations de démolition ont été les plus intenses, des quartiers en moyenne nettement moins peuplés que les autres quartiers ciblés par le PNRU.
Cet impact se traduit par une diminution de la part des logements sociaux, initialement prépondérante, et par une réduction de la part des ménages les plus pauvres. Cette réduction s’est faite essentiellement au profit d’un accroissement de la part de ménages de niveau de vie modeste à moyen. Ainsi, dans le quart de quartiers où les démolitions ont été les plus intenses, qui accueillent ensemble 6,5 % de la population de l’ensemble des quartiers rénovés, le PNRU a causé une baisse de 6 points de pourcentage de la part des logements sociaux ainsi qu’une baisse de 5 points de la part des ménages du premier décile, portant cette part à 25 % en 2019 et comblant ainsi totalement l’écart avec les quartiers non ciblés. Cet effet a été causé principalement par la démolition des logements qui accueillaient le plus de ménages pauvres, et dans une mesure nettement moindre par la construction de logements sociaux accueillant des ménages aux profils un peu plus aisés.
Dans les trois quarts restants des quartiers ciblés, où les interventions ont été moins intenses, l’impact du PNRU est en revanche quasi nul et n’a ainsi pas permis d’empêcher une légère augmentation de la part des ménages les plus pauvres, évolution que l’on retrouve dans les quartiers pauvres n’ayant pas bénéficié du PNRU.

Bien entendu, le PNRU ne peut être jugé à la seule aune de son effet sur la part des ménages pauvres et moins pauvres. Son impact devrait également être évalué en termes d’amélioration du cadre de vie pour les habitants, quel que soit leur niveau de ressources, ainsi qu’en termes environnementaux. Le remplacement d’un parc de logements dégradés par un ensemble de logements neufs constitue, en lui-même, un bénéfice pour les personnes qui accèdent au nouveau parc. Mais pour vraiment juger de l’efficacité du PNRU pour les habitants des quartiers ciblés, il convient d’aller plus loin et de mesurer ce que le programme a changé en termes de sécurité, d’accès à l’emploi, de réussite éducative, ou encore de mobilité sociale et géographique. Sur le plan environnemental, il semble en outre essentiel, pour une politique urbaine d’une telle ampleur, d’évaluer les gains de long terme présumés en termes de consommation énergétique, après prise en compte du coût environnemental élevé des opérations de
démolition et de reconstruction. Il s’agit d’un programme d’évaluation ambitieux, car il devra être mené avec des données plus difficiles à réunir au niveau national.

Extrait de strategie.gouv.fr de février 2024

 

Les dossiers Fnau, n° 58, février 2024
Contribution à l’évaluation du programme national de rénovation urbaine (PNRU)

Portraits de quartiers rénovés : diversité des projets et leurs impacts

SOMMAIRE
ÉDITORIAL

INTRODUCTION
Contexte de l’étude
Principaux enseignements
Le programme national de rénovation urbaine :
portraits de 12 quartiers diversifiés

MONOGRAPHIES
Brest - Pontanézen
Pontanézen dix ans après le PNRU :
du grand ensemble évité au quartier intégré ?

Dunkerque - Banc vert
Quelle réussite du PNRU dans le retournement
d’image et la couture urbaine du quartier ?

Grand-Charmont - Les Fougères
Un quartier transformé en profondeur, mais pour
lequel certaines problématiques sociales demeurent

Laxou, Maxéville, Nancy - Plateau de Haye
Une approche environnementale ambitieuse
pour améliorer le cadre de vie des habitants

Le Havre - Bois de Bléville, Mont-Gaillard, Mare-Rouge
De l’isolement au renouveau : une mutation urbaine
profonde et des fragilités qui persistent

Lingolsheim - Tiergaertel - Les Hirondelles
Le PNRU du quartier « Tiergaertel - Les Hirondelles »,
une mutation complète

Les Hauts de Melun
Une relative diversification de l’offre d’habitat

Mons-en-Barœul - Nouveau Mons
De la ZUP à l’Écoquartier

Montreuil - Bel Air - Grands Pêchers
Un projet écologique au bénéfice des habitants du quartier

Saint-Étienne - Crêt de Roc
Le Crêt de Roc, un quartier central en mutation

Strasbourg - Meinau - Canardière
PNRU Meinau - Canardière, un quartier en mutation

Toulouse - Empalot
Quels premiers effets du projet de rénovation urbaine ?

Extrait de fnau.org. de février 2024

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