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Les écoles et les établissements de la Seine-Saint-Denis s’engagent contre le harcèlement
Le 9 novembre est la journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Ce jeudi matin-là, plusieurs classes de CM1 et CM2 des écoles [REP+] Ambourget 1 et 2 d’Aulnay-sous-Bois ont assisté à une séance de sensibilisation contre le harcèlement animée par le directeur, M. Baptiste Bergoin.
Dans cette école, les élèves ont déjà répondu au questionnaire : 10 % des élèves se disent victimes de harcèlement. Celui-ci se définit comme une violence répétée qui peut être verbale, physique ou psychologique.
Cette violence se retrouve aussi au sein de l’école : elle est le fait d’un ou de plusieurs élèves à l’encontre d’une victime qui ne peut se défendre. Lorsqu’un enfant ou un adolescent est insulté, menacé, battu, bousculé ou reçoit des messages injurieux à répétition, on parle donc de harcèlement.
L’ambiance était studieuse et attentive parmi les écoliers. Quelques parents d’élèves étaient présents au fond du hall converti pour l’occasion en agora. Les élèves se sont installés sur des bancs autour de l’écran où étaient projetées des affiches des campagnes de sensibilisation "Non au harcèlement". Le directeur a fait réagir les élèves qui se sont empressés de lever le doigt pour les commenter et esquisser, rapidement, des premières solutions : « Il se fait harceler, mais ses amis sont venus le voir pour l’aider », « Il ne faut pas rester seul, il faut en parler ». Le numéro national, le 30 18, a alors été rappelé : une plateforme téléphonique ouverte tous les jours, de 9h à 23h, de façon gratuite, anonyme et confidentielle pour tout élève, enseignant ou parent, pour tout renseignement ou signalement.
Victime, harceleur, témoin
Le directeur a ensuite énoncé les différents rôles.
La victime, d’abord, et ce qu’elle peut faire : « appeler », « en parler », « [il ne] faut pas qu’elle reste seule ou fermée » ont commenté les élèves.
Puis l’agresseur. Que risque-t-il ? « Il peut avoir des problèmes » et les sanctions (pénales, notamment) ont été rappelées. Depuis la loi du 2 mars 2022, le harcèlement scolaire est reconnu comme un délit, et pourra être puni de 10 ans de prison et 150 000 euros d’amende en cas de suicide ou de tentative de suicide de la victime harcelée.
Vives exclamations sur les bancs lorsque les élèves ont réalisé la gravité des faits à l’aune de l’échelle des sanctions.
Mais ce n’est pas la seule notion de punition qui a été abordée. A également émergé l’idée, par la réflexion des enfants, que les harceleurs peuvent aussi devenir des victimes, s’ils ne l’ont pas déjà été avant. Tous se sont alors mis d’accord sur l’importance de l’empathie : comprendre la situation des autres, se mettre à la place de son camarade pour pouvoir, si nécessaire, s’interposer entre l’agresseur et sa victime. Dans une vidéo réalisée dans une école dans le cadre du prix "Non au harcèlement" et montrée ce jour là, c’est bien cette situation qui est présentée : quelques élèves finissent par intervenir, tandis que d’autres préviennent les adultes et que la victime, elle-même, en parle à ses parents. Spontanément, quelques enfants ont applaudi à la fin du film.
Le témoin, enfin. Que peut-il faire ? Et que risque-t-il ? La notion de non-assistance à personne en danger a à ce moment été abordée. Ce troisième rôle est en effet essentiel, car bien souvent le harcèlement est d’abord un spectacle, mis en scène par et pour le harceleur a alors confié Marie Ehouman, médiatrice prévention violence scolaire de la circonscription
Les différentes formes de harcèlement, et ses réponses
Enfin ont été abordés les différents lieux et formes du harcèlement : à l’école, mais qui peut aussi se prolonger ailleurs. Sur l’écran sont alors apparus les contours inquiétants d’un homme qui enlevait un masque derrière lequel ne se voyait qu’une tête sous une cagoule. « C’est un voleur ? », a demandé l’un. « Il se cache, pour ne pas donner son identité ». Cette image illustrait le cas du cyber harcèlement, lequel amplifie et aggrave le harcèlement, notamment sur les réseaux sociaux où l’auteur pense bénéficier de l’anonymat et où les rumeurs et les images peuvent circuler à toute vitesse. Quand ont défilé à l’écran les logos des principaux réseaux, il est apparu que les élèves les connaissaient très bien puisqu’ils les ont énoncés en chœur... et pourtant, depuis juillet 2023, la loi instaure une majorité numérique à 15 ans pour pouvoir s’inscrire sur ces réseaux.
Le cas des jeux vidéo en ligne a aussi été rappelé, un espace où les échanges peuvent devenir très violents durant les parties.
La séance a duré une heure. Tous n’ont pas pris la parole, mais les élèves ont bien reçu le message. Suffisant ? Non, bien entendu, mais cette sensibilisation s’inscrit sur un plus long terme, dans le projet d’école et des travaux déjà entamés l’année précédente. Les affiches qui avaient alors été réalisées sont toujours affichées sur le grand mur du hall. Et cette année, les classes du cycle 3 construiront des exposés sur la lutte contre le harcèlement et les présenteront à leurs pairs du cycle 2.
La journée de sensibilisation à l’école Ambourget d’Aulnay-sous-Bois témoigne de l’engagement concret des établissements de la Seine-Saint-Denis dans la lutte contre le harcèlement scolaire. À travers des séances comme celle-ci, les élèves sont armés de connaissances et donc plus à même de participer à la construction d’un environnement scolaire où la bienveillance et le respect sont des maîtres mots.
L’éducation contre le harcèlement est une mission collective qui s’inscrit dans la durée pour un climat scolaire apaisé.
Comment agir dans les écoles et les établissements ?
Dans les écoles comme dans les établissements, les stratégies d’équipe jouent un rôle de premier plan dans l’amélioration du climat scolaire. Le programme pHARe, dont l’objectif est d’impliquer 100 % des écoles et collèges, et la formation des professeurs sont deux des piliers du plan interministériel de lutte contre le harcèlement scolaire. Dans les collèges et les lycées, le ministère a lancé en 2015 le programme des ambassadeurs "Non au harcèlement" qui permet de donner des responsabilités aux élèves au sein de leur établissement.
Les équipes pédagogiques sont invitées à se saisir du prix "Non au harcèlement". Pour l’année 2023-2024, une catégorie inter-degrés est créée pour permettre aux équipes éducatives des écoles et des établissements du second degré de travailler ensemble sur la prévention du harcèlement en milieu scolaire. Les élèves doivent réaliser un support de communication, qui accompagne le projet de lutte contre le harcèlement qu’ils souhaitent mener dans leur établissement. Les participants devront envoyer leur production et leur projet au référent harcèlement de l’académie, en choisissant entre deux supports : une affiche, qui doit comporter un élément de texte, de type slogan et être lisible à une distance de 2 à 3 mètres ; ou une vidéo d’une durée maximale de 2 minutes.
• Dans le premier degré
Outre les séances de sensibilisation comme à Aulnay-sous-Bois, les équipes pédagogiques peuvent s’appuyer sur les ressources comme le petit film « C’est quoi le harcèlement à l’école ? » (sur Lumni.fr) ou s’appuyer sur les vidéos réalisées par les lauréats du prix "Non au harcèlement".
• Dans le second degré
Les classes du second degré peuvent aussi s’appuyer sur les travaux lauréats du prix "Non au harcèlement" et conduire leurs propres projets. [...]
Autre dispositif, "La journée du droit dans les collèges", qui portait justement cette année sur la thématique du « harcèlement et de la lutte contre les discriminations ».
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