Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
« Supprimer les procédures d’orientation au collège pour faire respirer le système éducatif »
TRIBUNE
Bernard Desclaux,
Directeur honoraire de centre d’information et d’orientation
Jean-Marie Quairel,
Directeur honoraire de centre d’information et d’orientation
Les directeurs honoraires de centre d’information et d’orientation Bernard Desclaux et Jean-Marie Quairel jugent, dans une tribune au « Monde », que les procédures d’orientation au collège, et le tri social auquel elles conduisent au lycée, nuisent à la performance de l’école dans son ensemble.
En France, des décisions d’orientation privent bon nombre de jeunes et de familles d’un pouvoir sur leur devenir et contribuent à l’ambiance de défiance et de ressentiment qui mine notre société. Au collège, les procédures d’orientation gèrent le passage ou le redoublement en classe supérieure. En 3e, elles gèrent le redoublement, mais surtout la répartition entre les deux voies de formation : le lycée général et technologique d’un côté, et le lycée professionnel de l’autre.
Ces procédures d’orientation ont également un effet sur la forme pédagogique. Celle-ci vise à produire les différences que ces procédures réclament et ne permet pas d’atteindre réellement l’objectif de l’acquisition par tous du socle commun. Enfin, elles ont un effet de « feed-back » sur l’organisation interne du collège. Afin d’être acceptable en fin de parcours, la différenciation s’organise très tôt et contourne l’homogénéité du collège unique.
Lire aussi : Article réservé à nos abonnés Au lycée, de nouvelles données révèlent l’ampleur du « tri social » entre les voies générale et professionnelle
Pour ces trois raisons, nous pensons qu’il est nécessaire de supprimer les procédures d’orientation au sein du collège, afin de mettre en œuvre une réelle « égalité des droits » entre citoyens et citoyennes. En plaçant un interdit pour la voie générale [en cas de niveau trop faible], on provoque, de fait, une disqualification des autres voies dans l’esprit des personnes concernées, qui restent sourdes à toute information ou conseil et rendent vaine toute tentative de revalorisation de la voie professionnelle.