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Deux notes de l’Igésr sur le suivi de la mise en place des CLA

15 mars 2022

Additif du 22.03.22

Les premiers contrats locaux d’accompagnement ont produit des effets positifs

Appelés à remplacer les réseaux d’éducation prioritaire, les premiers contrats locaux d’accompagnement, mis en place à titre expérimental depuis la rentrée 2021 dans trois académies, ont produit des effets positifs, selon des notes récentes de l’IGÉSR.

Les premiers contrats locaux d’accompagnement (CLA) ont produit des effets positifs, selon les premières notes d’étapes récemment mises en ligne par la mission de suivi ad hoc issue de l’inspection générale de l’Éducation, du Sport et de la Recherche (IGESR).
Les CLA sont expérimentés depuis la rentrée 2021 dans les académies d’Aix-Marseille, Lille et Nantes. Ils ont, à terme, vocation à remplacer les réseaux d’éducation prioritaire (REP) – tandis que les réseaux renforcés REP+ seraient pour leur part maintenus – et visent à introduire une progressivité dans l’allocation des moyens en faveur d’écoles et établissements proches des critères de zonage actuels de l’éducation prioritaire mais qui en sont aujourd’hui exclus.
Le premier enseignement des notes de l’IGESR porte sur les délais de mise en place des expérimentations : "Malgré de fortes contraintes, chaque académie s’est organisée pour faire aboutir le processus de mise en œuvre du dispositif dans les premières semaines de la rentrée", se félicite la mission. [...]

[...] La mesure de l’impact des CLA sur la réussite des élèves est encore prématurée, selon la mission. Néanmoins, celle-ci identifie "quelques effets immédiats, qui ont été systématiquement évoqués dans les structures visitées". Tout d’abord, le CLA est un vecteur de reconnaissance de l’engagement des personnels et des difficultés auxquelles ils sont confrontés. "Il permet de rompre avec un sentiment d’abandon institutionnel qui érodait leur capacité à s’engager dans un mouvement de rénovation pédagogique", souligne la mission. Ensuite, le CLA est perçu comme un dispositif de relance des dynamiques pédagogiques et éducatives. "Les inspecteurs de circonscription et les chefs d’établissement rencontrés ont unanimement souligné l’effet rapide et positif du CLA dans la conduite de l’action collective", précisent encore les notes de l’IGÉSR.

Extrait de banque des territoires.fr du 21.03.22

 

Suivi de la mise en place des contrats locaux d’accompagnement (CLA). Note 2

Par demande de la secrétaire d’État chargée de l’éducation prioritaire en date du 1er septembre 2021, l’IGÉSR a été saisie d’une mission de suivi des "Contrats locaux d’accompagnement", dispositif d’allocation progressive des moyens expérimenté depuis la rentrée 2021 dans les trois académies d’Aix-Marseille, Lille et Nantes. Cette mission a été mise en œuvre sur l’année scolaire 2021-2022 par l’équipe constituée des correspondants académiques des académies expérimentatrices.

Le contenu du rapport
Deux notes d’étape ont été remises à la secrétaire d’État en novembre 2021 et janvier 2022. Elles ont pour objectif de faire émerger des points d’attention permettant de guider la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation du dispositif. Elles ont fait l’objet d’une présentation en réunion du comité de pilotage national.

La note de novembre 2021 repose sur une analyse des documents transmis par les autorités des trois académies expérimentatrices : projets, contrats et courriers d’allocation des moyens. Les inspecteurs généraux se sont attachés à identifier les éléments qui permettent de formaliser une démarche d’observation. Cette dernière, présentée dans un tableau, doit être mise à l’épreuve du terrain avant de constituer le socle – ou une modalité – de l’évaluation du dispositif.

La note de janvier 2022 s’est nourrie de visites de terrain réalisées en décembre 2021. Les échanges se sont fondés sur une documentation très riche et sur le retour d’expérience des équipes des écoles, collèges et lycées rencontrées ainsi que des pilotes du dossier ; tous partagent un fort engagement et une volonté d’investir le nouveau dispositif. La note, volontairement brève, recense les premiers effets constatés après quelques semaines seulement de fonctionnement puis, tout en validant le tableau des observables proposé en novembre, interroge les objectifs, les orientations de la démarche d’évaluation et les éléments de son opérationnalisation qui devront être portés par le comité de pilotage des CLA.

Un bilan annuel de l’expérimentation sera établi par la mission en juin 2022.

Les auteurs
Ghislaine Desbuissons, Yves Delécluse (pilotes)
Déborah Bé, Jean Michel Coignard, Jean Michel Paguet, Aziz Jellab

Télécharger le rapport (19 p.)

EXTRAIT DE LA NOTE 2

[...] 3. L’évaluation du CLA
En premier lieu, il s’agit d’interroger l’usage du terme « évaluation ». Si les premiers effets relevés par la mission semblent démontrer la pertinence du modèle CLA pour engager la relance de dynamiques locales confrontées à de fortes difficultés sociales, économiques et scolaires, il apparaît tout aussi clairement qu’une approche trop abrupte de la mesure de l’efficacité du dispositif pourrait réduire, voire annuler rapidement, le fragile gain de sa mise en place. Les équipes demandent à disposer d’un temps suffisamment long (durée u contrat) et sans contrainte évaluative excessive pour faire la démonstration de l’efficacité de leurs démarches.
Dans la plupart des structures visitées, « l’évaluation d’un dispositif » est un concept lié à la mesure d’une performance qui détermine le maintien ou le retrait des moyens octroyés. Elle n’est pas envisagée comme une composante à part entière du projet permettant de mieux maîtriser la conduite et l’orientation de l’action24. Afin d’éviter les malentendus, les inspecteurs généraux préconisent l’emploi du terme « démarche
d’observation » qui devra être accompagnée d’une dimension participative rendant les équipes actrices de l’analyse des résultats. L’enjeu est que cette « évaluation » soit perçue comme élément porteur d’une dynamique, pour consolider l’existant, pour améliorer ce qui doit l’être, pour élargir le champ des actions engagées avec l’objectif de générer les progrès des élèves par un mieux-être à l’école mais aussi au travers de leurs apprentissages.
Si toutes les équipes rencontrées ont exprimé la crainte de l’arrêt brutal des aides allouées alors qu’elles n’en sont qu’aux prémices de la mise en place, elles ne contestent pas – voire adhèrent – au principe de « rendre compte » de l’action conduite. Elles reconnaissent l’utilité d’un cadre national qui permettrait de guider la
réflexion interne. À ce titre, la grille proposée par la mission25, par le choix qui est fait des champs et des domaines à observer26, répond aux préoccupations et attentes des acteurs. Un accompagnement des corps d’inspection et des services statistiques académiques sera nécessaire pour garantir la pertinence et la robustesse des indicateurs qui seront retenus pour mesurer les plus-values du dispositif. La mission recommande qu’un nombre limité d’indicateurs soit mobilisé, en puisant dans les données déjà disponibles (par exemple les évaluations nationales) mais aussi en sollicitant les équipes qui doivent prendre conscience de l’utilité et du sens de ces outils.

Si L’usage d’indicateurs non / mal appropriés peut se révéler contre-productif (ex. l’impact des projets sur les publics allophones), la définition d’indicateurs qualitatifs, dans une durée qui est somme toute assez courte, permettra de donner sens à l’action réalisée : par exemple, pour le climat scolaire, la qualité des relations avec les parents, les collectifs professionnels et la manière dont leurs thématiques de travail sont identifiées, les besoins en formation, le pilotage et sa qualité.
Enfin, le format et le calendrier de cette évaluation restent à définir. Si, telle qu’inscrite dans les termes de la plupart des contrats, la formalisation d’un bilan relevant d’une pratique « auto-évaluative » est attendue de manière annuelle, la réalisation de l’évaluation du dispositif devra avoir lieu au terme du contrat. Elle peut relever soit d’une démarche interne (autoévaluation ou synthèse des bilans annuels), soit d’une démarche externe qui nécessitera la mobilisation d’experts académiques, soit d’un format « dialogue de gestion » conduit par les autorités académiques au regard du principe d’allocation spécifique sur lequel repose le contrat ; elle peut aussi être la combinaison de ces éléments.

 

Suivi des CLA : “dans de nombreux cas, la réflexion a surtout porté sur la périphérie de la classe“ (IGESR)

Les correspondants académiques de l’inspection générale (COAC) ont été mandatés pour effectuer une mission de suivi des “contrats locaux d’accompagnement“, dispositif d’allocation dit “progressive“ des moyens, expérimenté depuis la rentrée 2021 dans plusieurs établissements (de la maternelle au lycée) des académies de Lille, Nantes, et Aix-Marseille. L’IGESR présente dans un rapport publié vendredi 11 mars, deux notes “pour faire émerger des points d’attention permettant de guider la mise en œuvre, le suivi et l’évaluation des CLA.“

Indicateurs scolaires

Projets, contrats et courriers d’allocation des moyens... La première note, une analyse des documents transmis par les autorités des académies expérimentatrices, indique que le CLA est “perçu comme une reconnaissance institutionnelle des difficultés auxquelles les équipes sont confrontées“. Elle ajoute que “si l’identification des structures reste très liée aux indicateurs scolaires, quelques données renvoient aux politiques interministérielles et aux spécificités locales et devraient permettre d’impliquer les acteurs locaux dans la dynamique de contrat“ et conclut que, “bien que ces acteurs soient identifiés dans les projets des écoles et des EPLE, une communication académique en leur direction reste à développer.“

La deuxième note identifie quelques effets immédiats des CLA, défauts et qualités. Elle juge en revanche qu’il semble “trop tôt“ pour mesurer l’impact du dispositif sur la réussite des élèves. Pour les inspecteurs généraux, le CLA est à la fois un vecteur de reconnaissance de l’engagement des personnels, un dispositif de relance des dynamiques pédagogiques et éducatives, ainsi qu’une démarche contractuelle qui s’adapte aux particularités de chaque degré d’enseignement.

Ils notent cependant que les équipes rencontrées “se sont interrogées sur les critères qui avaient conduit à l’identification de leur école ou de leur établissement et nourrissent encore quelques inquiétudes sur les finalités et le devenir du dispositif".

“Véritable reconnaissance des difficultés“ auxquelles elles sont confrontées, celui-ci permet en revanche “de rompre avec un sentiment d’abandon institutionnel qui érodait leur capacité à s’engager dans un mouvement de rénovation pédagogique".

Marges de manœuvre et périphérie

Par ailleurs, les équipes “apprécient de bénéficier, dès cette rentrée, de marges de manœuvre supplémentaires pour conduire les actions qui leur semblent les plus adaptées aux besoins des élèves“ et soulignent le caractère concret de la démarche. Exemple donné, les CLA favorisent une plus grande souplesse dans l’organisation du travail collectif et permettent une juste rémunération des engagements individuels.

Les inspecteurs de circonscription et les chefs d’établissement interrogés au cours de la mission d’évaluation ont “parfois regretté l’urgence de la phase d’élaboration du projet“, mais ont souligné l’effet rapide et positif du CLA dans la conduite de l’action collective. De même, les personnels “ont plus facilement accepté d’entrer dans la logique du diagnostic réalisé par les équipes de direction et la compréhension des indicateurs permettant d’objectiver les choix et la ventilation des moyens.“

En revanche, “dans de nombreux cas, la réflexion a surtout porté sur la périphérie de la classe“ souligne l’IGESR qui cite l’acculturation des élèves aux comportements attendus, la relation aux familles, la "sécurisation" ou encore la prise de confiance des élèves. Il serait, “nécessaire, pour entrer véritablement dans la mise en question des pratiques enseignantes, de mettre en place des temps de formation qui visent à déplacer les centres d’intérêt de la réflexion des équipes vers le cœur de la classe et la prise en charge directe des difficultés des élèves".

Si les CLA sont analysés comme “une sorte de levier qui vient rendre plus aisée la mise en place d’actions que l’on souhaitait mener auparavant mais qui, faute de moyens et de démarche diagnostic partagée, ne pouvaient avoir lieu“, la majorité des actions conduites relèvent, “à ce stade, plus de la poursuite ou du ‘recyclage‘ d’actions à la périphérie de la classe que d’une véritable volonté d’innovation permettant de transformer durablement l’action formatrice conduite sur les temps d’enseignement“.

Evaluation

Même si le modèle est défini comme “pertinent pour engager la relance de dynamiques locales confrontées à de fortes difficultés sociales, économiques et scolaires“, une “approche trop abrupte de la mesure de l’efficacité du dispositif pourrait réduire, voire annuler rapidement, le fragile gain de sa mise en place“, les équipes demandant “à disposer d’un temps suffisamment long (durée du contrat) et sans contrainte évaluative excessive pour faire la démonstration de l’efficacité de leurs démarches“.

Concernant “l’évaluation du dispositif“, les inspecteurs généraux soulignent que “le format et le calendrier “restent à définir. Ils ajoutent qu’un “accompagnement sera nécessaire pour garantir la pertinence et la robustesse des indicateurs qui seront retenus pour mesurer les plus-values du dispositif".

“Toutes les équipes rencontrées ont exprimé la crainte de l’arrêt brutal des aides allouées alors qu’elles n’en sont qu’aux prémices de la mise en place“, indique le rapport. L’idée de l’évaluation est associée à “une mesure d’une performance qui détermine le maintien ou le retrait des moyens octroyés“ et “n’est pas envisagée comme une composante à part entière du projet permettant de mieux maîtriser la conduite et l’orientation de l’action.“

Enfin, les équipes de direction, “souvent en retrait sur les questions liées à la pédagogie par crainte, notamment, de la réaction des enseignants, devront, avec l’aide des corps d’inspection, entrer davantage dans l’analyse des effets du projet pour en garantir la pérennisation et interroger les besoins de transformation, d’innovation.“

Extrait de touteduc.fr du 14.03.22

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