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La réforme du bac avec Parcoursup a-t-elle réduit les inégalités dans l’orientation ultérieure ? Un rapport de l’IG et une Note du Sies (Le Café, ToutEduc)

27 janvier 2022

La réforme du lycée a t-elle amélioré l’orientation post bac ?
La première génération issue de la réforme du bac n’échappe pas aux inégalités. C’est ce que montrent les données publiées par le ministère de l’enseignement supérieur et le rapport des inspecteurs généraux Mélanie Caillot et Olivier Sidokpohou. Les maths, réduites aux spécialités maths physique, continuent à dominer les formations élitistes. L’ancienne filière ES option maths est al voie royale des écoles de commerce. Les boursiers se retrouvent dans les filières les moins recherchées. Si pour Caroline Pascal, cheffe de l’Inspection générale, "la réforme est très bien comprise par les élèves. Ils font des choix cohérents avec leur projet de formation", le nouveau monde ressemble beaucoup à l’ancien.

10% d’exclus de Parcoursup

Le rapport de Mélanie Caillot et Olivier Sidokpohou, tout comme la note de l’enseignement supérieur, portent sur les néobacheliers 2021 de l’enseignement général, la première génération à avoir suivi la réforme du bac avec ses choix de spécialité. D’où l’intérêt d’aller voir de plus près dans quelle mesure la réforme du lycée et Parcoursup ont modifié le devenir des jeunes.

La première constatation c’est que seulement 90% des bacheliers généraux ont accepté une proposition de Parcoursup. On n’a pas les données des bacheliers technologiques et professionnels. Mais on imagine qu’un pourcentage plus important n’a pas eu de réponse de Parcoursup ou de réponse acceptable.

Les doublettes et les voeux dans Parcoursup

La répartition des doublettes reflète les anciennes séries avec maths physique (20% des inscrits sur Parcoursup), maths svt (7%) , svt physique (13%). On retrouve aussi SES et maths (7%) et ses et hggsp (histoire) (13%). Les autres candidats s’éparpillent en une multitude de doublettes.

Si la réforme du bac a introduit un soupçon de fantaisie dans les doublettes, la répartition des voeux montre un lien étroit entre les doublettes et les formations désirées. Ainsi 52% des places en CPGE sont demandées par des élèves suivant la doublette maths physique et 10% pour maths SES. 75% des demandes pour école d’ingénieur viennent des doublettes maths physique. La moitié des demandes d’école de commerce vient de deux doublettes : SES HGGSP et Maths SES. La moitié des demandes pour PASS (médecine) vient des doublettes physique SVT, suivies de maths physique pour un quart et de maths SVT pour 13%.

Le devenir particulier des maths dans la réforme

Les maths ont donc une place à part dans le devenir des bacheliers. Et il s’agit bien des maths pas de l’enseignement scientifique qui, selon le rapport de l’IG, n’est pas utilisé pour la sélection du supérieur. " La particularité de l’enseignement des mathématiques au lycée dans le processus de sélection des élèves par les formations d’enseignement supérieur est qu’il semble encore être un passage obligé pour poursuivre certaines études supérieures, ceci pour des formations très différentes : scientifiques, économiques", reconnait le rapport Caillot - Sidokpohou.

Et ce n’est pas près de disparaitre selon le même rapport. " Le succès des options de terminales (complémentaires et expertes), qui sont bien identifiées par les formations. En revanche, la question du cadrage de ces options sans épreuves terminales se pose, les formations exprimant parfois des inquiétudes sur ce qui a été effectivement étudié, sur le niveau réel d’exigence et sur la question de leur évaluation".

Surtout, vu le niveau d’exigence de la spécialité maths, un tri violent s’opère chez les élèves, une partie n’osant pas s’engager dans cette voie. " La plupart des formations exprimant des besoins dans les domaines des statistiques et des probabilités (DCG, économie, psychologie) recommandent de suivre a minima l’enseignement de spécialité mathématiques en classe de première. Or, certains élèves, inquiets du niveau attendu en spécialité mathématiques en classe de première, qui prépare sans doute davantage à la poursuite d’études en sciences, renoncent à cet enseignement de spécialité dont l’exigence du programme n’est, par ailleurs, pas forcément en adéquation avec leurs besoins futurs. Ils peuvent ainsi se trouver écartés par les commissions d’examen des voeux de certaines formations, les privant de choix qui auraient pu correspondre à leurs souhaits de poursuite d’études", affirme le rapport de l’Inspection. Le rapport recommande d’ailleurs d’ " évaluer la pertinence de l’organisation et de la mise en oeuvre de la spécialité mathématiques de première au regard des objectifs d’équité, d’équilibre de genre et d’ouverture sociale".

Parce que si on en croit le rapport, "le niveau scolaire est, toutes choses étant égales par ailleurs, un élément explicatif fort des choix d’orientation d’une part, et, dans un processus de classement fortement basé sur les résultats scolaires, des choix des formations d’autre part. Or, niveau scolaire et choix de doublettes de spécialités ne sont pas des variables indépendantes". Le choix des maths est celui des bons élèves et aussi des élèves privilégiés socialement. C’est en maths physique qu’on va trouver le plus fort pourcentage de mentions très bien et le plus faible de boursiers. La réforme du bac prolonge avec l’option maths l’ancienne filière S spécialité maths.

Le tri par le lycée d’origine

L’inégalité sociale se fait aussi par le lycée d’origine. Le rapport a observé les procédures de tri dans les formations du supérieur. " La mission a systématiquement interrogé les formations sur la prise en compte du lycée d’origine, avec un résultat : ce critère est peu retenu par les formations mais pour celles qui l’intègrent, cette information apparait comme un élément notable dans le processus de classement alors même qu’aucune ne mentionne l’utilisation de ce critère dans les documents de communication à destination des familles et des élèves", écrivent les inspecteurs généraux. " Concrètement, les commissions modifient le classement de manière manuelle – les dossiers sont placés dans la pile des candidats à appeler prioritairement –, ou automatique". Le rapport recommande d’ailleurs de " rappeler aux formations l’interdiction d’utiliser, pour les candidats scolarisés dans des établissements publics et privés sous contrat, les résultats (taux de réussite, taux de mentions, etc.) de leur établissement d’origine comme des éléments pouvant affecter leur classement ; anonymiser le lycée d’origine".

Les inégalités de genre

Les inégalités de genre sont aussi bien là. " La réforme de la voie générale, en passant d’une logique de série à une logique de parcours, a-telle modifié la répartition femmes/hommes dans les grands domaines de formation ? Les classements opérés par les formations ont-ils eu un effet sur la répartition finale femmes/hommes ?" demande le rapport. "Pour ce qui est de la première question, et avec toutes les précautions qu’impose une analyse portant uniquement sur la première cohorte du nouveau lycée, il semble que la réponse soit négative et que la répartition femmes/hommes dans les grands champs de formations n’ait pas été bouleversée. En particulier, la part des femmes dans les formations scientifiques à fort contenu mathématiques, qui est un point d’attention depuis plusieurs années, est resté stable". On note même une chute de la part des femmes dans les STS et IUT du secteur de la production ainsi qu’en CPGE MPSI et MP21. Le rapport recommande "d’afficher des objectifs de mixité par formation" et "d’ examiner la possibilité d’évolutions réglementaires pouvant permettre à toutes les formations de favoriser la mixité dans leurs procédures de classement".

Un satisfecit trop rapide

Le rapport interroge aussi la compréhension de la réforme du lycée par les formations du supérieur. Il relève " une compréhension inégale de la réforme et notamment des enseignements de spécialité. Le tronc commun est à la fois compris et apprécié, alors que l’apport des spécialités est diversement appréhendé. Certaines formations ne s’y intéressent pas, d’autres les intègrent au travers des moyennes mais sans faire de distinction, d’autres enfin, en particulier scientifiques, valorisent les spécialités qu’elles jugent les plus en lien avec leurs attendus. Il convient cependant de noter que la spécialité mathématiques est apparue comme bénéficiant d’une importance parfois étonnante pour des formations où elle ne joue ensuite qu’un rôle assez mineur. Certaines formations du supérieur semblent ainsi s’être focalisées sur l’enseignement des mathématiques", comme nous l’avons déjà vu.

On trouvera dans le rapport des analyses précises des formations par doublette de spécialité. Les rapporteurs dressent malgré tout des conclusions générales très positives sur la réforme du lycée. " L’importance du choix donné à l’élève dans la construction de son parcours constitue un élément fort de continuité entre la réforme du baccalauréat général et la procédure d’affectation dans l’enseignement supérieur. L’analyse menée par la mission montre que les élèves / futurs étudiants ont pleinement intégré cette continuité et ont effectué des choix d’orientation post-bac dans la même logique que celle qui a prévalu pour leurs choix de spécialité". Mais, on le voit , la réforme du lycée avec Parcoursup a maintenu la ségrégation sociale et genrée dans les formations post bac.

François Jarraud

La note du SIES

Le rapport de l’Inspection générale

Extrait de cafepedagogique.net du 27.01.22

 

Réforme du lycée et Parcoursup : un fonctionnement cohérent, estime l’inspection générale

Parcoursup joue un rôle structurant, qui n’avait pas été "nécessairement totalement anticipé au début de la création du téléservice", estime l’IGESR. L’inspection générale de l’Education nationale, des Sports et de la Recherche voit publié, ce 26 janvier, son rapport sur l’ "analyse des vœux et affectations dans l’ESR des bacheliers 2021", et le ton de la conclusion est moins positif que lors de la conférence de presse qui l’a présenté.

Ses auteurs notent que Parcoursup est "à la fois" un dispositif d’information sur les formations et leurs attendus, "un outil de régulation des flux" et "un outil au service d’une politique publique". Ils plaident pour un renforcement de la transparence des opérations (donc des critères utilisés par les établissements d’enseignement supérieur, ndlr), et ajoutent qu’ "il importe, de signaler que l’équité du processus et la satisfaction des usagers ne peuvent être disjoints de l’offre d’enseignement supérieur disponible (...). La question de l’adaptation des enseignements en première année d’étude supérieure et des moyens dont disposent les établissements (...) pour accueillir la diversité des profils d’entrants et les conduire à la réussite de leurs parcours reste un élément décisif pour rendre le processus d’orientation moins angoissant et agir au final de manière forte sur la qualité du parcours – 3/+ 3 des jeunes". Les inspecteurs généraux soulignent qu’ils n’ont pas étudié "l’adéquation entre les besoins et la façon dont les capacités d’accueil sont déterminées".

Ils montrent néanmoins un certain nombre d’effets conjugués de la plateforme Parcoursup et de la réforme du lycée. "Les mathématiques ne sont plus seulement un outil de sélection", estiment-ils. En effet, "si le parcours accès spécifique santé (PASS) reste alimenté par des profils proches de l’ancienne série scientifique (S), un basculement s’est produit. Aujourd’hui, la majorité des admis en PASS, issus de la voie générale, a suivi les spécialités physique-chimie et SVT associées à l’option mathématiques complémentaires en terminale", donc ils ont fait moins de mathématiques pures que les élèves de l’ancienne série S qui tentaient mathématiques. De même, seuls 4 % des candidats à un IEP avaient pris l’enseignement de spécialité mathématiques alors qu’ils étaient précédemment 26 % à avoir fait S.

Ils constatent plus généralement que les pourcentages d’admis correspondent aux pourcentages de voeux émis. Autrement dit, les voeux des candidats étaient en cohérence avec les choix d’enseignements de spécialité qu’ils avaient faits, et les établissements d’enseignement supérieur ont admis la cohérence de ces choix, y compris avec des doublettes atypiques. Sont-ils pour autant prêts à diversifier les parcours pour tenir compte de la diversité des profils qu’ils assurent vouloir accueillir ?

Le mission fait plusieurs recommandations. Il faudrait notamment "afficher des objectifs de mixité (filles - garçons, ndlr) par formation" et "favoriser la mixité dans leurs procédures de classement" ; "augmenter significativement les taux de boursiers dans les formations très sélectives", "clarifier le type de critères qui peuvent être utilisés dans l’examen des vœux", "rappeler aux formations l’interdiction d’utiliser, pour les candidats scolarisés dans des établissements publics et privés sous contrat, les résultats (taux de réussite, taux de mentions, etc.) de leur établissement d’origine comme des éléments pouvant affecter leur classement" et "anonymiser le lycée d’origine".

Il faudrait aussi "valoriser auprès des élèves les compétences acquises en choisissant les enseignements de spécialités SI (sciences de l’ingénieur) ou NSI (numérique et sciences informatiques".

La mission recommande encore d’ "approfondir l’analyse sur le recrutement en BTS, notamment sur l’impact de la politique dite ’des quotas’ en notant que les trois systèmes à l’œuvre (pourcentage de boursiers, pourcentage à respecter par types de bacheliers et expérimentation d’avis favorable à la poursuite d’études des bacheliers professionnels) se superposent et interfèrent de façon complexe."

Il faudrait rappeler aux établissements d’enseignement supérieur la possibilité d’utiliser la variable "élèves encordés".

La mission recommande encore de ""réexaminer du côté des formations supérieures les besoins réels en mathématiques", "garantir l’équité d’accès à l’offre d’options mathématiques de terminale" et, en ce qui concerne le tronc commun, "évaluer la mise en œuvre de l’enseignement scientifique avec l’objectif de garantir le niveau de maîtrise par les élèves des compétences visées".

"Analyse des vœux et affectations dans l’ESR des bacheliers 2021 après la réforme du lycée" (ici)

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Extrait de touteduc.fr du 26.01.22

 

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