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Deux analyses de la Note d’analyse et un communiqué par les Cahiers pédagogiques

16 décembre 2020

Additif du 17.12.20

La maternelle mérite mieux que cela

Rien ne peut nous convenir dans la note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes sur la maternelle !
Il s’agit de changer les programmes seulement cinq ans après la promulgation des précédents, en expliquant au passage aux enseignants que désormais, ils vont véritablement enseigner, tandis que jusqu’ici ils n’apprenaient rien de sérieux aux élèves.
Le CSP s’appuie exclusivement sur les recherches qui lui conviennent et vont dans sons sens, sans tenir compte de la complexité du sujet ni des résultats divergents. Il ne tient pas compte de ce que sont réellement des enfants de maternelle pour imposer une vision finalement très idéologique et des « protocoles » d’apprentissage inadaptés. Il crée une hiérarchisation des contenus enseignés, pour en mettre certains au service d’autres (en l’occurrence les mathématiques et le français). Des aspects essentiels, comme les apprentissages liés au corps, aux activités artistiques et à la vie en collectivité, comme la coopération et l’entraide, sont jetés aux orties.

En outre, le CSP ne tient pas compte et ne cherche peut-être même pas à prendre l’avis des enseignants, qui n’a certes pas valeur d’évangile mais vaut tout de même quelque chose !
Enfin, bien sûr, il entend tout piloter en fonction d’évaluations institutionnalisées, dès la petite section, et par la négative, en mesurant ce qui n’est pas acquis par rapport à une norme, en vue du CP où les évaluations en septembre, déjà, portent sur ce qui doit être acquis au cours de l’année voire plus tard encore.
Alors certes, il y a quelques passages intéressants (sur le jeu et le langage, par exemple, ou les effectifs des classes), quelques mots qui subsistent (sur l’école « bienveillante » et « accueillante »), mais c’est tout de même un projet bien inquiétant, et peu apte à redonner confiance aux enseignants !

Contact presse : Cécile Blanchard, rédactrice en chef des Cahiers pédagogiques : 06 82 81 39 05
Le 16 décembre 2020

 

Programmes de maternelle
Une note discordante

Yannick Mével

Au-delà d’une nouvelle modification des programmes de l’école maternelle, cinq ans après la publication des précédents, que se joue-t-il dans la note d’analyse et de propositions du Conseil supérieur des programmes (CSP) sur l’école maternelle ? Décryptage des glissements, objectifs, références scientifiques et autres syllogismes.

[...] Ce qui est présenté comme l’objectif ce sont des « meilleurs résultats » -et non de « meilleurs apprentissages ». Dès trois ans, les enfants entrant à l’école maternelle sont mis devant une obligation de résultat, de performance, qui doit leur permettre de s’inscrire, au nom de « l’égalité des chances » dans la concurrence à la réussite, la lutte de tous contre tous dont le corollaire est l’échec scolaire. Quand il est question de collectif dans ce texte, c’est pour le situer au niveau de l’appartenance à la « communauté nationale » ! Absurdité d’échelle, qui révèle à nouveau une conception de la société et de l’école comme un rassemblement d’égos mis en concurrence dès 3 ans et entre lesquels il ne resterait que le sentiment national pour faire ciment. [...]

Yannick Mével
Formateur Inspé dans l’académie de Lille-Hauts de France

[Extrait de cahiers-pedagogiques.net du 15.12.20

 

La maternelle, « enfin » une école ?
Rachel Harent

Le Conseil supérieur des programmes (CSP) a rendu publique une Note d’analyse et de propositions sur le programme d’enseignement de la maternelle, le ministre de l’Éducation nationale lui ayant confié pour mission de se pencher sur ce niveau en 2020-2021. Cette note a provoqué beaucoup d’émoi chez les professeurs des écoles, en particulier ceux enseignant en maternelle : elle semble préfigurer des programmes centrés sur l’enseignement quasi exclusif des mathématiques et du français, et destinés à faire réussir aux élèves les tests passés à l’entrée en CP, plutôt qu’à leur faire apprendre ce qui leur sera nécessaire pour réussir au cours de leur scolarité.

« Quel nouveau programme ? », « Ah bon ? Qui a dit ça ?! », « C’est quoi cette histoire encore ? », « Ce n’est pas sûr encore… Si ? », « Encore ?! Ras le bol ! », « Mais faut vraiment qu’ils mettent leur grain de sel partout ! », « Et ça va servir à quoi de changer de programme ? », « Et c’est encore le yo-yo ! Un coup c’est ci, et après ça, et maintenant re-ci, pfffff... », « Et c’est quoi le but ? »

Voici quelques réactions qui ont surgi quand j’ai demandé à mes collègues s’ils étaient informés qu’un nouveau programme pour l’école maternelle allait surgir du chapeau ministériel. Pour faire simple, la première réaction a été une surprise, parfois agacée, parfois teintée de lassitude blasée. Un orage, ça finit toujours par passer…
[...] Tous ces ajustements, ces biffures et ces ajouts aux programmes actuels peuvent sembler anecdotiques, mais en disent long sur le projet ministériel. Vous pensiez bien faire votre travail ? Eh bien non ! Vous demandiez de la formation pour améliorer vos pratiques ? Eh bien, vous aurez un nouveau programme pour préparer vos élèves à répondre à des évaluations. Vous pensiez être enseignants ? Non c’est maintenant que vous allez le devenir puisque la maternelle est « enfin » une école… Mais pour quel projet de société ?

Rachel Harent
Professeure des écoles dans le Finistère

Extrait de cahiers-pedagogiques.net du 14.12.20

 

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