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L’obligation d’instruction à trois ans et ses enjeux, avec Viviane Bouysse. Compte rendu par Tout Educ de la Rencontre OZP du 20 novembre 2019

21 novembre 2019

Maternelle à 3 ans, quelles conséquences ? (V. Bouysse, OZP)

"Avec l’abaissement à 3 ans de l’obligation scolaire, la maternelle ne pourra plus être une variable d’ajustement pour l’administration de l’Education nationale", estime Viviane Bouysse. L’inspectrice générale honoraire était, hier 20 novembre invitée par l’OZP (l’observatoire de l’éducation prioritaire) à examiner les conséquences de cette réforme dont elle a détaillé les enjeux du point de vue des enfants, des familles et de l’institution. Celle-ci va en effet devoir changer de regard.

Jusqu’à présent, elle a souvent considéré que plus les enfants étaient petits, plus on pouvait remplir les classes, alors que le travail sur le langage suppose de parler avec les enfants, et non pas aux enfants collectivement. De même, les remplacements n’étaient pas une priorité. Se pose aussi la question des décharges des directeurs, qui ne sont pas calculées de la même façon que pour les écoles élémentaires, comme si leur travail était plus facile, et celle de la formation, initiale et continue, des enseignants aux spécificités de ces âges.

Le discours officiel porte sur la "valorisation de l’école maternelle" qu’induit cette réforme, "mais peut-être induit-elle aussi quelque chose d’autre qu’on ne connaît pas", et qui passerait par les programmes puisqu’il a été demandé à la présidente du CSP (Conseil supérieur des programmes) de regarder les progressions. Viviane Bouysse craint qu’on ne change de logique. Les programmes actuels, publiés en 2015 partent des besoins des enfants qui arrivent en maternelle et des apprentissages qui peuvent y répondre, pour s’élever progressivement. Il serait dommage de partir des besoins de l’enseignement en CP, de se demander comment y répondre en GS, puis en MS, puis en PS, de manière descendante.

La gestion des ATSEM, les locaux pour la sieste

La réforme pose également questions aux collectivités, notamment en ce qui concerne le nombre et la gestion des ATSEM. "Il n’est pas nécessaire d’avoir continuellement une ATSEM par classe en grande section, mais on a parfois besoin de deux ATSEM en petite section." Les communes devront sans doute aussi s’inquiéter des toilettes et des dortoirs. "Dans certaines écoles, il n’y en a pas et les enfants dorment assis, la tête sur leur table, avec un petit oreiller."

La sieste et avec elle l’assiduité scolaire l’après midi pour des enfants qui n’ont pas encore toujours acquis la propreté, alors que les locaux font souvent défaut font évidemment problème. S’y ajoute une autre conception de l’école : jusqu’à présent, les parents pouvaient y entrer, accompagner leurs enfants jusque dans la classe. Ils en sont reconnaissants, rapporte une directrice d’école dans la salle : "on ne nous les a pas arrachés", ont dit ces mamans. Or le nouveau statut de cette école combiné aux règles de sécurité imposées par Vigipirate pourraient changer la donne.

Un accrochage culturel et cognitif

Ce souci de bienveillance ne signifie pas qu’il faille en rabattre sur les apprentissages, estime Viviane Bouysse qui évoque un "accrochage culturel et cognitif" décisif au moment où "les différences deviennent des inégalités". Certains enfants n’ont jamais vu un livre à la maison, à d’autres, on a lu une histoire chaque soir. Certaines "fonctions exécutives", la persévérance, la capacité à anticiper les résultats de ses gestes et donc à ne pas se lancer tête baissée dans l’action, la possibilité de discipliner son attention, autant de compétences qui sont "déjà travaillées dans les familles culturellement favorisées". D’autres apprentissages préparent à la lecture, comme le fait de comprendre qu’il y a un lien entre les signes écrits et les sons et d’en repérer quelques uns. "Mais il ne s’agit pas, jusqu’à aujourd’hui, d’enseigner tout le code. Il ne s’agit pas non plus d’exposer l’enfant aux savoirs, comme on l’a entendu, mais qu’il s’y implique."

Extrait de de touteduc.fr du 21.11.19

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