Voir à gauche les mots-clés liés à cet article
L’alternance favorise l’insertion des jeunes de QPV, en particulier ceux qui sont diplômés du secondaire (CEREQ)
L’alternance favorise-t-elle l’insertion professionnelle des jeunes issus des QPV ? Elsa Personnaz et Arthur Félix W. Sawadogo étudient la question dans la dernière note Bref du Centre d’études et de recherches sur les qualifications publiée le 29 août, prenant pour appui la plus grande difficulté d’accès à l’emploi des jeunes résidant dans les quartiers prioritaires de la politique de la ville.
Le taux de chômage des 15-29 ans dans ces quartiers est en effet “deux fois plus important que dans les quartiers environnants“ (30 % vs 15 %) selon les données de l’Observatoire national de la politique de la ville, constatent-ils.
En cause, ces jeunes ont “davantage de difficultés scolaires“, 26 % sont non-diplômé·es (vs 10 % de leurs “voisins“, à savoir ceux qui n’y résident pas) et seulement 27 % sont diplômés du supérieur (vs 54 %). De même, le territoire même “tend à entraver leur insertion“, que ce soit en raison de l’éloignement des opportunités d’emploi, de l’inadéquation locale entre les compétences/qualifications des demandeurs et celles attendues par les entreprises, mais aussi de potentielles “pratiques discriminatoires“.
Aussi, parce qu’elle “permet une immersion plus rapide dans le milieu professionnel tout en favorisant le développement des compétences attendues, et par conséquent l’employabilité“ des jeunes de QPV sur le marché du travail, l’alternance pourrait dès lors favoriser leur accès à l’emploi.
Accès à la formation
Or les jeunes des quartiers prioritaires font leurs premiers pas sur le marché du travail “en ayant moins souvent été formés en alternance“. Ils s’orientent ou sont plus orientés (leurs choix correspondant moins à leur premier vœu) vers le voie professionnelle que leurs voisins (71 % vs 54 %), suite à quoi 9 % seulement signent un contrat en apprentissage (pour 16 % de leurs voisins).
Le CEREQ constate que cet accès inégal à l’alternance selon le territoire d’origine “perdure au fil de la scolarité“ pour afficher, tous niveaux de formation confondus, un écart de 10 points entre les jeunes issus de QPV et leurs voisins (23 versus 33 %). Ainsi, l’apprentissage constitue pour les jeunes issus de QPV “un nouveau sas de sélection déplacé en amont de la période d’insertion, lors de la phase d’orientation“ pouvant contribuer à l’arrêt des études. Et ce d’autant plus que les jeunes sont moins diplômés, “l’accès diminu(ant) à mesure de l’élévation du niveau d’études“, tandis que paradoxalement l’alternance “semble favoriser l’obtention du diplôme de fin d’études“.
Accès à l’emploi
Une fois engagée, l’alternance facilite l’insertion professionnelle, et ce “quel que soit le lieu de résidence“, trois ans après la sortie d’études, plus souvent à durée indéterminée, une plus-value qui “semble particulièrement jouer pour les jeunes des QPV“, ce qui leur permet “de compenser en partie le retard à l’insertion accusé par rapport à leurs voisins“, même si pour ces derniers le taux d’emploi en octobre 2020 reste supérieur de 12 points à celui de leurs homologues des QPV. Et après trois ans de vie active (donc une fois entré dans l’emploi), les 15-29 ans originaires des QPV ou des unités urbaines englobantes formés en alternance “occupent dans les mêmes proportions un emploi en EDI“ que leurs voisins (83 % vs 84 %), ce qui montrerait un effet de gommage des difficultés d’insertion remarquées précédemment.
Bénéfice dans le secondaire
Le Centre d’études et de recherches sur les qualifications précise que cet avantage “s’avère plus élevé dans le secondaire que dans le supérieur“. Par exemple, 58 % des alternants diplômés du secondaire issus de QPV ont connu une trajectoire dominée par l’emploi, contre 39 % des jeunes passés par la voie scolaire. Un écart en faveur des alternants qui “n’est plus que de 7 points chez les diplômés du supérieur“.
Pour améliorer l’insertion des jeunes issus de QPV et “réduire, in fine, les inégalités d’insertion observées sur le marché du travail“, le CEREQ préconise, par exemple dans le cadre des Cités éducatives, de “renforcer et faciliter l’accès“ à l’alternance notamment en développant “l’accompagnement des jeunes tout au long de leur parcours scolaire“, et particulièrement dans l’enseignement secondaire, jusqu’à leur insertion professionnelle.
La note du Cereq ici (PDF) [L’alternance, un plus pour les jeunes des QPV, à condition d’y accéder]