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"Le scandale des exclusions ponctuelles de cours", par Didier Bargas, in "Administration & Education"

28 octobre 2014

"Les exclusions abusives de cours sont un véritable fléau, une face noire de l’éducation nationale, une des causes importantes de perte des heures d’enseignement dues aux élèves" écrit l’inspecteur général Didier Bargas dans Administration & Éducation. Il estime leur nombre à 100 à 500 par an en collège, 500 à 1000 en lycée. Et autant d’heures de classes perdues. Voire plus car il n’est pas rare que l’exclu saisisse l’occasion pour disparaitre une demi-journée. D Bargas pointe alors le risque de décrochage et d’échec scolaire.

En principe les exclusions de cours devraient être très rares. Une circulaire de 2000 rappelle qu’elle n’est justifiée que "par un manquement grave" et qu’elle doit demeurer "exceptionnelle". Une nouvelle circulaire de 2011 revient sur ce caractère "exceptionnel" pour exiger "une prise en charge de l’élève". Elle inscrit pour la première fois ces exclusions dans la liste officielle des punitions scolaires. Malgré cette tentative de domestication, les exclusion de cours restent en fait gérées par ’usage fort variable selon les établissements.

Et malgré leur caractère "exceptionnel" régulièrement rappelé elles sont banales. Une étude réalisée par Agnès Grimault-Leprince publiée en 2007 portant sur près de 3000 élèves montre une très grande diversité des pratiques. "On observe dix fois plus d’exclusions par élève pour le collège zone violence que pour le collège favorisé", écrit-elle. La diversité est également dans les motifs. L’agitation vient en tête (environ 4 cas sur 10). Mais on trouve aussi des faits beaucoup moins graves voire sans rapport avec la gêne d ela classe : l’absence de matériel (un cas sur 10) ou le bavardage (1 sur dix aussi).
L’étude de Grimault-Leprince montre aussi l’inégalité sociale devant la sanction : "la catégorie socioprofessionnelle du père (notée par le CPE suivant les déclarations de l’élève exclu) a également un effet net significatif sur l’exclusion de cours. Les élèves de milieu défavorisé ont en effet une probabilité 2,4 fois supérieure d’être récidivistes, toutes choses égales par ailleurs".

[...] La question des exclusions de cours a beaucoup à voir avec d’autres questions soulevées en ce moment, comme le redoublement par exemple. On peut toujours constater les dégâts qui sont bien réels. On peut faire des circulaires et aborder la chose administrativement. On peut crier à l’abus ou au scandale et prendre la question sous l’angle moral. C’est en pure perte. Pour une bonne raison : l’exclusion de cours, si elle est néfaste pour la scolarité de l’élève, a son utilité dans le système tel qu’il est. Elle y a sa source et y est utile. Plus que de circulaires c’est de réponses dont ont besoin les enseignants. Qui s’y colle ?

Etude Grimault Leprince

Extrait de cafepedagogique.net du 23.10.14 : Le "scandale des exclusions de cours"

 

Note du QZ : L’auteur de l’article, Didier Bargas, est membre du bureau de l’OZP.

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2 Messages de forum

  • Ce n’est pas une heure perdue de temps en temps qui fait plonger dans l’échec. Ce n’est pas d’être présent dans une salle de cours qui permet d’apprendre : il faut être attentif et avoir une démarche active pour mémoriser.
    Par contre, la France est le pays où on perd le plus de temps à faire de la disciple, où les élèves se plaignent le plus du climat scolaire.
    Mon avis est que ce texte se base sur une analyse fausse. Il faut le temps de présence en situation d’écoute dans la classe.

    Mon avis est que stigmatiser les profs à tort de cette manière ne permet pas d’avoir une ambiance propice au travail.

    Il faudrait donner les moyens de faire une véritable politique d’améliorer l’ambiance scolaire et arrêter de refuser de voir les conséquences pour les autres élèves quand on oblige les profs à garder les perturbateurs quoi qu’il arrive.

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    • l’exclusion de cours peut revêtir un caractère éducatif qu’à condition qu’elle eut été avertie et expliquée.

      C’est pourquoi, même si elle doit rester exceptionnelle, je pense qu’elle doit faire l’objet à postériori d’un entretien mené par un cadre (qui fera office de tiers)entre l’adulte (ayant pris la décision)et le jeune exclu.

      L’exclusion systématique remet en cause, l’autorité et surtout la crédibilité du professeur (ou formateur), lequel est quand même garant et responsable, un minimum, du cadre éducatif.
      Enfin, l’exclusion favorise l’exclusion. En effet un jeune exclu a peut-être eu ce qu’il voulait... Faut-il alors lui donner raison ?

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