Hervé Vieillard-Baron, dont les travaux sont rappelés par le précédent commentaire, a publié en 1994 l’ouvrage « Banlieues, ghetto impossible ». Editions de l’Aube, 170 p.
Voici un extrait de la présentation de l’éditeur : Les "banlieues-ghettos" jouent le rôle du bouc émissaire dans la cité. Elles portent une charge qui les dépasse et qui concerne l’ensemble de la société : urbanisation outrancière, chômage grandissant, immigration non contrôlée, rupture familiale, délinquance exacerbée...
Le thème du "ghetto", banalisé à l’extrême, doit être mis en relation avec les grandes peurs contemporaines : drogue, sida, repliement minoritaire, intégrisme religieux, nationalisme aveugle... De l’émotion personnelle devant la mort annoncée à l’émotion collective des banlieues, le lien est moins ténu qu’il ne semble. L’explosion toujours imminente des quartiers sensibles fait écho aux débats actuels sur la vulnérabilité de l’existence. Elle est emblématique du malaise de la civilisation en cette fin de millénaire où toute vie et toute ville paraissent constamment au bord du désastre.
Voir aussi la Rencontre de l’OZP du 7 juillet 2007 animée par Hervé Vieillard-Baron sur le thème : Education prioritaire et territoires : que peut la géographie ?
Voilà un article à lire par les coordos de RAR-RRS et par les acteurs de la politique de la ville. Une prochaine thèse étant annoncée, on verra sur quoi reposent toutes ces affirmations. Déjà, dans ce court article repris par l’Observatoire des inégalités, on trouve beaucoup de bonnes choses. Pour ma part, je noterai quelques points à discuter :
– 1°) L’usage du mot « ghetto » pour qualifier les cités de banlieue a été condamné depuis bien plus longtemps qu’indiqué ici. Ainsi, dans les années 80, Hervé Vieillard-Baron, enseignait dans l’académie de Versailles qu’il ne fallait pas utiliser ce mot à tort et à travers.
– 2°) La spacialisation des problèmes sociaux et l’image du ghetto ne date pas « des années 90 » mais est bien plus ancienne. On peut voir à la British Library un plan de Londres, ilot par ilot, indiquant pauvreté / richesse avec des couleurs variées selon le degré, daté de 1901, de quoi bâtir une « politique de la Ville » à la Jospin-Delebarre. Mais on peut remonter, en France, plus loin avec la description de l’état d’illettrisme du quartier de la Salpêtrière nouvelle, à Paris, sous Louis XIV. L’éducation prioritaire et la politique de développement social des quartiers (DSQ) ont bien comme base la spacialisation des problèmes sociaux et éducatifs et datent de 1981.
– 3°) A plusieurs reprises, ce texte insiste sur « le renouvellement de la population » qui peut « expliquer le maintien de la pauvreté du quartier ». J’ai constaté ce phénomène de façon manifeste lors d’une étude de cohorte dans ma commune : aucun des élèves de 3ème n’avait été inscrit à l’école maternelle du quartier, bien que tous aient suivi une scolarité maternelle. Comment, dès lors, estimer l’efficacité de l’éducation prioritaire dans un territoire donné, même en observant les résultats sur 10 années consécutives, si les élèves ne sont plus les mêmes ? Il est dommage que l’auteur du texte ne semble pas, ici, beaucoup intéressé par les questions scolaires : sans doute, dans sa thèse, les abordera-t-il en détail.
– 4°) La recherche de l’entre-soi est « une caractéristique des catégories populaires » lit-on ici. En effet. Comme pour les toutes les catégories sociales. Et Richard Hoggart est cité. Cela est curieux car s’il a décrit ce phénomène en 1957 dans « La culture du pauvre » et en a reparlé plus tard dans « 33, Newport Street », il a montré qu’existait aussi toujours dans les milieux populaires une force contraire, plus silencieuse, dont son parcours montre un exemple réussi, force inexistante dans les catégories sociales supérieures. La résorption des cités de transit (1983-1998) a clairement montré qu’il n’y avait pas d’entre-soi recherché chez les moins de 25 ans et que ce sentiment, très fort au-delà de 60 ans, était celui émis par les chefs de famille mais absolument pas par les familles dès lors qu’on interrogeait chaque membre de plus de 11 ans (entrée au collège). Sur ce point, ce texte semble donc tomber dans l’apparent et non énoncer le réel comme il entend le faire sur tous les points abordés.
– 5°) « La conception négative des effets de quartier occulte ainsi les nombreuses ressources que l’ancrage local peut offrir aux milieux populaires » lit-on, à l’appui de Retière, 1994, et de Renahy, 2005. Ceci est très important et concerne directement les coordos, IEN et principaux de collèges en RAR et RRS car ce sont eux, surtout le premier des trois, qui vont établir le projet de contrat de réussite scolaire définissant la politique du réseau. De plus, ils vont participer à la définition du CUCS où la question va aussi se trouver posée : comment définir le quartier, sa population et des élèves dans le diagnostic initial à partir duquel tout sera construit. Le texte indique plus loin : « Les habitants y sont définis soit par leurs manques, soit par des dispositions faisant obstacle à leur intégration sociale. » A juste titre, l’auteur veut voir les choses dans l’autre sens et répertorier les ressources locales. C’est ce que font, depuis 20 ou 30 ans, les bons coordos.
– 6°) Cela dit, on ne suivra pas l’auteur jusqu’au bout de son raisonnement. Car il y a tout de même à repérer et à prendre en compte des éléments du réel qui différencient collectivement et sont sources de difficultés, les habitants d’une ZUS par rapport aux moyennes nationales. Ainsi pour le niveau de langue. Celui-ci est capital, on le sait, non seulement pour la scolarité mais aussi, tant individuellement que collectivement, pour l’intégration sociale (il ne s’agit pas ici de questions liées à l’immigration). Même si ceux qui parlent haut ou qu’on fait parler dans les médias ou qui sont l’objet des faits divers… ne sont pas représentatifs (c’est justement souligné dans le texte), le niveau de langue auquel ils se trouvent a toute chance d’être, lui, représentatif. Et c’est bien là un défi à relever par les services publics, au premier chef par l’Education nationale.
– 7°) Citons encore un extrait : « Ce sont donc les ressources de la proximité, si importantes pour les milieux populaires, que la rénovation urbaine tend à déstabiliser. » Les acteurs de la rénovation urbaine (parmi lesquels se trouvent inévitablement les coordos) seront, dans un premier temps glacés d’effroi ! Ou exploseront. Comment peut-on dire cela ? Voilà un argument de choix pour le Front national et autres politiciens qui souhaitent laisser les choses en l’état, c’est-à-dire les laisser se dégrader encore plus. A la réflexion, on pensera qu’il ne s’agit pour l’auteur que de dénoncer les actions de rénovation sociale qui se font sans tenir compte des habitants : dans ce cas, en effet, il y des effets déstabilisateurs (pas plus pour les habitants des ZUS que pour une population aisée soumise à une rénovation urbaine, dans un quartier historique, par exemple). Mais ces effets négatifs doivent, selon la loi, être traités, modérés ou supprimés. On constate même, dans le Plan national de rénovation urbaine, des cas où une dynamique positive a pu se mettre en place, l’ensemble de la population se sentant promue par ses propres actions entrant dans le cadre de ce plan. Tel qu’il est présenté ici, c’est-à-dire sèchement, cet inconvénient subalterne de la rénovation sociale est bien dangereux.
Ces réflexions ne doivent pas cacher le grand intérêt général du texte auquel on souhaite une large diffusion.
Note : le passage signalé par un lien est extrait du compte rendu de l’examen par le Sénat du Projet de Loi des finances pour 2011. Enseignement scolaire
Extrait de Sénat.fr le 29.11.2010
Re,
Je ne me suis pas exprimée sur la fin de votre commentaire mais pour moi tour de magie pour faire baisser les stats me convient bien. Il faut se rappeler qu’à chaque montée du chômage ces contrats sont utilisés. De TUC à SIVP, CES, CAE, CA et j’en oublie sûrement il y a un véritable brassage de ces contrats aidés. Et je n’aime pas ce terme de contrat aidé j’estime que nous percevons un salaire pour un travail fourni. Ce sont les employeurs qui sont le plus aidés financièrement. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous bénéficié d’un suivi particulier pour la suite de votre parcours professionnel ? Je pense que peu sont dupes et que les personnes qui acceptent ces contrats connaissent très bien l’issue cest à dire retour à la case départ au bout de 2 ans. Ca permet tout au plus de nouvelles expériences à ajouter sur un CV et le travail peut être intéressant mais quant à espérer une suite là c’est se faire des illusions. Je préfère garder les pieds sur terre.
Bonjour,
Médiatrice aussi depuis 2009 je n’ai pas la chance de vivre la même expérience satisfaisante qu’ a été la votre. J’ai d’ailleur déjà laissé un commentaire sur ce site justement dans le but de savoir si j’avais joué de malchance ou si c’était pareil pour d’autres. Par contre pour répondre à votre question j’ai lu que à priori les médiateurs de réussite scolaire ne seraient pas reconduits en 2011. C’était apparemment encore un feu de paille comme tous les autres contrats aidés. Je vous laisse l’adresse où j’ai pris connaissance de cette information. Je n’en sais pas plus. Je pense qu’il faut attendre la fin de nos contrats pour daigner être informé.
http://www.senat.fr/commission/fin/pjlf2011/np/np13/np135.html.
Bonjour à toutes et tous,
En poste depuis 2 ans dans un lycée pro, nous sommes trois médiateurs, et nous nous permettons d’intervenir.
En effet, certains M.R.S, font part de leur désarroi quant aux missions confiées qui sont bien faibles.
Quant à nous, nous avons la chance d’être dans un établissement, ou nous avons été intégrés de la meilleure façon qui soit, même si dans les débuts ce fût difficile avec certains personnels. Malgré ces contraintes, nous avons pu assurer du mieux nos diverses missions (suivi de l’absentéisme, tutorat, participation aux cellules de veilles et autres réunions). Quant à l’absentéisme, nous sommes régulièrement en contact avec les parents d’élèves et cela se passe très bien.
Nous participons aux réunions mais y intervenons également, et nos paroles sont prises en compte, et les équipes nous font confiance.
Nous avons cette chance d’être dans un établissement favorable à notre présence. Notre deuxième année, à mieux commencée que la première, car une certaine confiance s’est instaurée avec les différents personnels (enseignants, élèves et parents, COP, A.S, Infirmière, CPE et Direction), le terme Médiateur, révèle bien les changements survenus avec ces différents personnels.
Cependant, nos regrets quant à ce poste, sont dus au gouvernement et ce pour plusieurs motifs. Tout d’abord, pour pouvoir exercer nos missions au mieux, dans l’intérêt des élèves, il aurait été préférable que nous soyons présent plus souvent au sein de l’établissement (35h), et ce car il nous faut nouer des relations de confiance avec ceux-ci et en 20h il est difficile d’être disponible pour eux en permanence.
Ensuite, malgré une baisse du taux d’absentéisme non négligeable depuis notre arrivée (hormis mouvement de grève), le gouvernement prend la décision sauf information non parvenue, que nous disparaissons à la fin de l’année scolaire. Par ces motifs, nous ne comprenons pas vraiment notre gouvernement, car sur ces critères, il est de mesure de se demander si la création de ce poste l’a été pour l’éducation. De plus, la majorité des MRS, étaient au chômage à leur entrée en poste, et 2 ans plus tard on y les renvoi, de quoi se poser des question : Education de nos enfants ou Tour de magie du Gouvernement pour faire baisser les stats ?
Nous pensons avoir fait le tour de la question,
La dernière réunion de la Commission Permanente du collège (lundi 28 février) a été introduite par la Principale en ces termes :
“Une bonne nouvelle : l’Inspecteur d’Académie a donné 4 heures de plus à la dotation horaire du collège pour poursuivre l’activité tennis.”
C’est un soulagement pour tous les enfants qui participaient à la section tennis et pour leurs familles . En leur nom, que soient remerciés tous ceux qui -parents d’élèves du collège, professeurs, parents d’élèves des écoles primaires, membres du club tennis, élus- ont aidé à combattre la fermeture de la section tennis.
L’inspection accepte un compromis proposé par le professeur de tennis de regrouper les enfants par niveaux (et plus par classe), afin de réduire à 4h la dotation horaire consacrée à cette activité.
Cette décision présente 2 avantages et un inconvénient :
+ Les enfants de la section tennis du collège, dans les classes de 6ème, 5ème et 4ème, pourront prolonger en 2011-2012 le travail et la dynamique amorcés au Collège.
+ Les enfants de CM2 intéressés pourraient se porter candidats pour l’option tennis du collège l’an prochain.
– Cependant la section sportive tennis n’est pas reconduite en tant que telle, ce qui aurait garanti sa pérennité durant 3 ans supplémentaires.
Il faudra donc se battre de nouveau l’an prochain (probablement en convergence avec la lutte contre d’autres économies), pour assurer la poursuite de l’activité tennis sur les heures allouées au collège. Mouvement à poursuivre donc...
Monsieur Chatel fait n’importe quoi et s’en prend aux plus fragiles, les enfants de moins de 6 ans. C’est une honte, vous avez créé, monsieur, une situation monstreuse qui rappelle la chine. On ne laisse plus grandir nos enfant à leur rythme, on les bouscule, on les juge, on juge les parents, on les persécute, VOUS et les soi disant professionnels de l’enfance, vous salissez nos familles.
Tous les moutons de panurge (instit. vieux pédiatres, psychologues, PMI), vous suivent pour ne pas perdre leur emploi. Peu importe qui souffre.......nous aimons nos petits et nous les sortirons de vos griffes.
Quand on perçoit la prime ZEP depuis de nombreuses années sur un poste dit "sensible" mais qui n’est pas en zone ZEP, peut-on bénéficier du point ZEP pour le tableau d’avancement à la hors-classe de professeur des écoles ?
Quand on s’appelle "Pic de la Mirandole" on sait que les "maîtres formateurs" connaissent les élèves et travaillent avec eux la plupart du temps : son coup de patte tombe donc mal. Dommage car il pourrait certainement nous apprendre beaucoup de choses intéressantes.
S’agit-il de transformer des postes d’instituteurs en classe en des postes de maîtres formateurs ? Ou s’agit-il d’implanter des postes surnuméraires de maîtres formateurs ?
Les postes seront-ils pourvus ? Existe-t-il un protocole d’évaluation de cette expérimentation intéressante ou s’agit-il juste de répartir les moyens ?
Si un lecteur de la Sarthe a l’information ou pouvait se renseigner ... Merci !
Ça va leur faire drôle : ils vont voir des enfants en vrai !
Bonjour
Essayez sur cette page de l’ANARE nationale
http://association-anare.blog4ever.com/blog/contact-338955.html
Cordialement
L’OZP
Bonjour,
Comment les PRE peuvent ils s’y inscrirent ?
Cordialement.
Virginie
Merci de ce témoignage.
ToutEduc s’est contenté de relever le ton de plusieurs journaux. A vrai dire, nous avions été surpris de la concordance.
Votre témoignage est très intéressant, et nous serons heureux de le reprendre. Nous y autorisez-vous ? Pouvez-vous nous joindre pour que nous le complétions (06 32 56 54 44 ou redaction@touteduc.fr ou bouchard-pascal@orange.fr)
En vous remerciant par avance
P Bouchard