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Un projet multi-partenarial d’émission radio sur la biodiversité mené par le coordonnateur ULIS du collège REP+ Barbara de Stains (le Café)

18 avril 2019

Hassan Touil : Les reporters de la biodiversité de Stains

Enseigner en ULIS, en REP+ et mener des projets ambitieux c’est possible, c’est même le quotidien d’Hassan Touil. Professeur des écoles depuis une vingtaine d’années, spécialisé (titulaire du CAPA-SH option D), il a enseigné très tôt auprès d’élèves à besoins éducatifs particuliers, en SEGPA mais aussi à l’Internat de Réussite Éducative de Mériel (95) qui scolarise les élèves en voie de décrochage scolaire de CM1, CM2 et sixième des établissements de Seine-Saint-Denis. Depuis 2015, il est coordonnateur de l’ULIS du collège Barbara de Stains (93). Cette année, ce sont les espaces verts de la ville qui sont au centre de son projet pluridisciplinaire « Les reporters de la biodiversité ». Un projet qui valorise les élèves en situation de handicap qu’il accueille.

Quand de la canicule naît un projet

Lors de la période de canicule du printemps 2018, les élèves d’Hassan ont constaté une différence de chaleur importante entre la salle accueillant leur dispositif et le reste de l’établissement. « Le questionnement qui a suivi nous a amené naturellement vers des questions plus larges d’environnement et de réchauffement climatique. Je leur ai alors suggéré alors de travailler ces questions à l’échelle de notre commune. Et pour mieux les mobiliser, j’ai proposé que ce travail de recherche, qui prendrait aussi la forme d’expériences, de visites et d’interviews, soit restitué sous la forme de reportages radio et photos ».

Un projet multi-partenarial

Le projet prenant forme, Hassan contacte différentes associations telles qu’E-graine, les petits débrouillards et Radio Raptz. « Nous avons, dans un premier temps, recensé les divers espaces verts de la commune. Puis, nous avons décidé de centrer notre travail sur la cité-jardin de Stains, les jardins ouvriers et les maraîchages qui bordent le collège. L’intervenant d’E-graine du projet Reporters de la biodiversité a mené avec nous des séances de découverte de la biodiversité et des séances d’éducation à l’image. Il nous a aidé à préparer les interviews des éco-gardes du parc de La Courneuve et le reportage photo. Avec l’intervenante de l’association Les petits débrouillards et le projet Reporters du climat, nous avons réalisé des expériences sur l’effet albedo. D’abord en classe, en essayant de comprendre que le pouvoir réfléchissant d’une surface pouvait être lié à sa couleur et à sa composition. Lors des sorties nous étions équipés de thermomètres et de luxmètres afin effectuer des mesures et constater des différences de températures entre les espaces avec et sans végétation. Cela nous a permis de comprendre ce qu’était un îlot de chaleur urbain. Pour finir, le projet a pu être finalisé sous forme d’émission radio grâce à Anne Gorry de Radio Raptz pour le volet technique ».

Une émission de radio, comme des pros

Faire écrire le script d’une émission radio à des élèves de collège est déjà un challenge, on pourrait croire que la spécificité du public d’ULIS aurait arrêté Hassan, bien au contraire. A croire que la devise « tous capables » n’est pas restée lettre morte chez ce professeur mais qu’il en a fait sa ligne directrice. Les textes ont donc tous été rédigés par les élèves eux-mêmes. Ils ont, collectivement, trouvé le fil conducteur de l’émission. « Parler devant un micro n’est pas évident pour la plupart des élèves, certains avait un texte et le lisait alors que d’autres, plus à l’aise, étaient capables d’improviser leurs propos. L’enregistrement a permis de dédramatiser la peur de se tromper ». Sur le volet technique, le soutien d’Anne Gorry a été fondamental mais pas que. Elle a aussi initié les élèves au travail journalistique. « Anne a fait découvrir aux élèves la règle des 5W, règle des cinq questions fondamentales : qui ? quoi ? quand ? où ? pourquoi ? que tout journaliste doit se poser pour construire un article. Ce qui leur a permis de rédiger les questions pour les interviews. Ils se sont aussi appropriés les techniques de prise de son, de montage et les règles à suivre autour d’un plateau radio en s’appuyant sur un conducteur (ndlr : feuille de route) construit en commun ».

Un projet qui mobilise quantités de compétences, qu’elles soient disciplinaires ou psychosociales

Hassan est très clair. Son projet, c’est surtout pour mettre du sens aux différents contenus des programmes. « Les objectifs étaient, d’une part, disciplinaires, mêlant la géographie, avec la découverte de l’environnement proche ; les sciences avec les expériences sur l’effet albedo, les îlots de chaleur, le travail sur la biodiversité ; mais aussi le français avec l’élaboration d’un conducteur et des interviews. D’autre part, j’avais des objectifs plus généraux liés aux compétences fondamentales : lire, écrire et parler, s’informer se documenter ». Hassan a découvert des élèves différents, dans un cadre où ils s’épanouissaient. « Des élèves, d’ordinaire, plutôt discrets voir inhibés se retrouvaient face au micro ou en interview extrêmement loquaces ». Des élèves qui ont aussi développé une forme de prise d’initiative et de confiance en soi, en interviewant des passants par exemple. Et pour finir, « l’adhésion à ce projet collectif a permis aux élèves de se « projeter », d’anticiper et de planifier un certain nombre de tâches. Ce qui parfois peut être difficile pour les élèves qui ont du mal à se repérer dans le temps et l’espace ».

Il souhaiterait que ses élèves partagent leur « expertise » dans le cadre d’un atelier radio qu’il veut mettre en place. « En initiant le projet, ils se retrouveraient dans une posture d’élève-expert. Une situation qui permettrait un autre regard de la part de leurs camarades et qui permettrait ainsi de renforcer une image de soi positive ».

Encore un exemple de projet ambitieux, en réseau d’éducation prioritaire renforcée avec des élèves en situation de handicap… Alors oui, ils en sont tous capables…

Lilia Ben Hamouda

Extrait de cafepedagogique.net du17.04.19.

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