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Grève d’enseignants contre la violence dans le collège REP de Saint-Florentin (Yonne)

15 janvier 2006

Extrait de « L’Yonne républicaine » du 14.01.06 : Des moyens revendiqués au collège Marcel-Aymé de Saint-Florentin

Un certain ras-le-bol règne au sein des personnels du collège, enseignants et autres, concernant le manque de respect, les violences diverses. Le manque de moyens est aussi dénoncé

Le dernier jour de cours de l’année 2005, le 16 décembre, veille des vacances de Noël, les professeurs du collège Marcel-Aymé se sont mis en grève une demi-heure, en solidarité avec une assistante d’éducation. Quelques jours avant, celle-ci s’était fait injurier gravement par une élève, puis par la mère de celle-ci. Les enseignants, par l’intermédiaire de quelques-uns, ont tenu à expliquer leur action et leurs préoccupations.

« On a été très solidaires sur ce point-là », note Brigitte Gueniffey, professeur d’anglais.

« C’est l’incident qui a fait déborder le vase. Il y avait eu d’autres incidents, avec d’autres collégiens. Il y a de nombreux élèves qui posent problème », explique Danièle Varet, professeur d’histoire-géographie.

L’élève avait dans un premier temps été exclue deux jours, à titre conservatoire, et devait passer devant une commission de discipline.

Elle avait en outre refusé de s’excuser et de reconnaître ses torts, ce qu’elle a finalement fait. Mais elle passera en conseil de discipline, ne s’étant pas présentée à la commission.

Le principal du collège, Jean-Claude Prost, le reconnaît : il y a eu des dérapages. « Le nombre de sanctions au mois de novembre a été multiplié par 1,5 par rapport à d’habitude, du fait des événements nationaux.

 » Et d’ajouter que la commission disciplinaire aurait permis aux différentes parties de s’exprimer, puisqu’il y a eu des échanges verbaux de part et d’autre, et que la présence de l’élève est obligatoire pour décider d’une sanction. En conseil de discipline, une sanction sera prise, que l’élève soit là ou non, ou soit représentée ou non.

Violence sociale et scolaire

Décembre est aussi, selon le chef d’établissement, un mois difficile avec une montée de la tension due aux conseils de classes, aux rencontres parents-élèves... « Cette violence a deux causes. Une, sociale, et on n’y peut rien ; l’autre, due au système scolaire, et là on aimerait agir », souligne Patrick Tapin, professeur de français et latin.

Et de dénoncer une perte de moyens au niveau du collège, pourtant classé en ZEP (Zone d’éducation prioritaire). « Ce qu’on voit ici, c’est que tout ce qu’on a fait a été supprimé ».

Supprimée il y a deux ans, la troisième d’insertion professionnelle qui accueillait des élèves, avec un enseignement en alternance dans des entreprises.
« D’autres actions devaient la remplacer et elles n’ont jamais vu le jour, comme les quatrièmes et troisièmes « Découverte des métiers ». » Les enseignants ont essayé de pallier ce manque en montant divers projets qui n’ont jamais été acceptés. « Cela a fermé des portes à un certain nombre d’élèves en difficulté ».

« Nous avons quand même obtenu des moyens en heures supplémentaires pour les quatrièmes et les troisièmes », nuance Jean-Claude Prost. Il y a quelques années, la classe de remédiation de sixième a été, elle aussi, supprimée. Elle permettait aux élèves en difficulté d’avoir un gros soutien en français et autres matières.

Un projet en cours

« On nous reproche de trop faire redoubler des sixièmes.
Au sein du collège, les professeurs vont déposer un projet pour limiter ces redoublements. Une équipe travaillerait sur les sixièmes et cinquièmes sur trois ans. On axerait sur le rattrapage en français, langue vivante, etc. C’est un projet très élaboré, et on nous annonce déjà qu’il sera refusé car ce n’est pas dans l’air du temps », rapportent les professeurs. Le principal, quant à lui, reste sceptique sur l’étalement sur trois ans.

En revanche, il est favorable au projet d’apprentissage à partir de 14 ans. De plus, depuis la rentrée, les heures de soutien en maths et en français pour les sixièmes et cinquièmes ont diminué : elles sont passées de deux heures sur les deux matières à 1 h 30.

Au niveau des parents d’élèves, certains faits sont aussi soulignés.

« Plusieurs parents se sont plaints de violences au collège envers leurs enfants.

Les sanctions ne sont pas forcément ce qu’elles devraient être. En fin de trimestre, la réunion avec les parents a fait remonter deux faits : une agitation croissante en classe, dont les professeurs font état, et d’autres problèmes de violences entre élèves », a noté Sylvie Vernerey, présidente de l’Association des parents d’élèves.

Suite à l’incident du 16 décembre, l’association a rencontré les professeurs et les a soutenus dans leur action. « Ce que l’on veut, ce n’est pas une sanction particulière, mais que cet événement de trop soit le déclic et que le personnel se sente soutenu. Tous les élèves qui sont laissés à l’écart en veulent au système et c’est nous le système. Actuellement, il y a des dérapages verbaux envers les adultes, et des dérapages physiques entre les élèves. »

Florence Stagno

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2006 : une rentrée délicate

Si la rentrée 2005 s’est plutôt bien passée, avec le maintien des moyens (classes et postes) malgré une baisse d’effectifs, 2006 sera toute autre.

En effet, une baisse d’effectifs assez sérieuse, autour de cinquante élèves, est annoncée. « Il y aura des fermetures de classes et une diminution de la dotation horaire et donc des suppressions de postes », commente le principal du collège. D’où, peut-être, des classes plus chargées. Des incertitudes planent aussi sur le classement en ZEP (Zone d’éducation prioritaire), puisque le gouvernement est en train de le remanier. Il y aurait trois classements ZEP : l’un qui concernerait 250 collèges en France, qui auraient des moyens supplémentaires ; le second où les collèges en ZEP garderaient leurs moyens actuels et le troisième où les autres perdraient leurs moyens supplémentaires sur trois ans.

Dans quelle zone sera Saint-Florentin ?

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