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"Feu sur l’école !" Manière de Voir, n° 131 (un dossier du Monde diplomatique qui fait la part belle aux inégalités scolaires)

27 septembre 2013

Manière de Voir, n° 131, octobre - novembre 2013, « Feu sur l’école », 8,50€

Depuis lundi, la nouvelle livraison de Manière de Voir, le trimestriel du Monde diplomatique, est disponible chez tous les marchands de journaux.

Avec un dossier intitulé « Feu sur l’école ! », ce numéro tranche avec le traitement médiatique traditionnel des questions éducatives. D’abord par sa volonté d’aborder les enjeux scolaires avant tout sous l’angle du social. La première partie, intitulée « La reproduction des inégalités » rappelle que l’école française non seulement reproduit mais légitime et accentue les écarts sociaux. Elle se distingue même, dans cette spécialité, parmi les différents pays de l’OCDE. Et « Tout commence par le code postal » nous préviennent d’emblée Jean-Christophe François et Franck Poupeau.

Ensuite, l’intérêt de cette publication, vaut par une ouverture à l’international, assez peu habituelle dans les réflexions consacrées à l’éducation. [...]

Grégory Chambat

Extrait de questionsdeclasses.org du 17.09.2013 : Manière de Voir n° 131 : Feu sur l’école !

 

Manière de voir - « Feu sur l’école » - numéro 131, octobre - novembre 2013, 100 pages.

Sait-on encore ce qu’on attend de l’école ?
Qu’elle résolve les maux de la société, face auxquels les dirigeants politiques se disent impuissants ?
Qu’elle fournisse aux entreprises des salariés « compétents » ?
Ou, plus simplement, qu’elle se concentre sur sa mission initiale : former des citoyens critiques ?

Numéro coordonné par Renaud Lambert et Allan Popelard

Sommaire

Ni le problème ni la solution, Renaud Lambert et Allan Popelard
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Glossaire

I. La reproduction des inégalités

Aux yeux de l’éditorialiste américain Nicholas Kristof, cela ne fait aucun doute : la mesure qui, aux Etats-Unis comme ailleurs, contribuerait le plus à réduire les inégalités sociales serait d’« améliorer l’éducation ». Parmi les dirigeants politiques, les intellectuels en vue, les « experts » en tout genre qui peuplent les plateaux de télévision, l’analyse est largement partagée : les connaissances acquises sur les bancs de l’école offriraient le plus solide remblai pour combler le fossé séparant dominants et dominés.

Et si c’était tout le contraire ? Et si, plutôt que de les atténuer, le système d’enseignement contribuait à consolider les hiérarchies qui structurent la société ?

« Les idées dominantes d’une époque n’ont jamais été que les idées de la classe dominante. » L’observation de Karl Marx et Friedrich Engels pourrait s’appliquer à l’école, tant la méritocratie sur laquelle repose le système scolaire épouse les caractéristiques de la culture bourgeoise. Indépendamment des efforts et des convictions du personnel enseignant, cette institution masque les déterminants de la réussite : l’inégale répartition du capital économique, culturel et social. Et, au prétexte de promouvoir les « méritants », légitime une injustice. Car ce sont les fils et filles de bonne famille qui obtiennent les diplômes les mieux valorisés et qui accèdent aux positions de pouvoir.

- Tout commence par le code postal, Jean-Christophe François et Franck Poupeau
- Apprendre à lire, toute une histoire..., Jean-Pierre Terrail
- Des menottes pour les élèves new-yorkais, Chase Madar
- En Egypte, des classes en quête de révolution, Warda Mohamed
- Le sexe des sciences, Ingrid Carlander
- Un tableau noir dans les salons américains, Julien Brygo
- « Tu seras Pelé, Zidane, Maradona » ou... rien, Johann Harscoët

II. Sous l’emprise du privé

« Autonomie », « projets », « objectifs », « compétences »… En matière d’éducation, le vocabulaire utilisé par l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE) sonne étrangement. Emprunté aux pédagogues du début du XXe siècle les plus opposés à la transformation capitaliste de l’école, il sert aujourd’hui à justifier la libéralisation des systèmes éducatifs et à édifier cette « nouvelle école » que l’obsession du privé semble le mieux caractériser.

Accélérant le rythme de cette métamorphose, les politiques d’austérité pourraient fournir l’occasion de réaliser le projet dont tant de conservateurs rêvent encore : privatisation, marchandisation et conversion de l’école en « annexe » de recrutement des entreprises. En mettant les salariés en concurrence, la société libérale incite parents et élèves à adapter leur conduite — parfois au prix d’un lourd endettement — en portant leur choix sur les établissements et les filières débouchant sur les titres scolaires les plus facilement monnayables sur le marché du travail.

Privé des moyens de remplir sa mission, le service public de l’éducation se trouve dégradé, délégitimé, tandis que croît la souffrance d’enseignants désireux d’œuvrer à l’émancipation collective et que prospèrent les entrepreneurs scolaires…

Devant une telle offensive, les appels à la « sanctuarisation » font figure de vœu pieux : comment l’école pourrait-elle se constituer en îlot de coopération au beau milieu d’un océan de compétition ?

- Comme si l’école était une entreprise..., Christian Laval et Louis Weber
- Décentraliser l’éducation pour mieux la privatiser. — F. P.
- D’où viennent les manuels scolaires ?, Paolo Bianchini
- Le lycée japonais découvre la gratuité, Emilie Guyonnet
- Dans les télécollèges mexicains, Anne Vigna
- Vers une pédagogie de marques, Isabelle Brokman
- Les sirènes du multimédia, Philippe Rivière
- Des enseignants mis au pas, Gilles Balbastre
- Scène ordinaire d’un tribunal scolaire, G. B.
- En Europe, le retour du livret ouvrier, Nico Hirtt
- Les Eglises contre la laïcité, Eddy Khaldi

III. Les voies de l’émancipation

« Les éducateurs du peuple ne feront une œuvre pleinement efficace que lorsqu’une philosophie politique et sociale réglera et animera leur effort d’éducation », proclamait Jean Jaurès au début du siècle dernier. Adossée à un projet politique suffisamment puissant, l’école ne se limiterait donc pas à sa fonction de reproduction des inégalités. Elle retrouverait son rôle premier : produire du savoir.

Les penseurs et les militants progressistes ne s’y sont pas trompés. Conscients qu’il n’existe pas de force intrinsèque des idées vraies, ceux-ci ont de tout temps misé sur l’éducation pour former leurs militants, aiguillonner les consciences et mettre en mouvement les foules. Des bancs de l’école aux partis politiques, en passant par les discussions informelles sur le lieu de travail, les ateliers de formation syndicale, les conférences prononcées dans le cadre des activités d’une multitude d’associations d’éducation populaire, l’édification des forces sociales susceptibles de bousculer le statu quo constitue un travail de tous les instants.

Et sans certitude d’accumulation. Car il se heurte à une autre forme de pédagogie : celle de la soumission, élaborée à longueur d’antenne, page après page, par les éditorialistes et commentateurs attitrés des médias dominants. Pour ceux-là, une seule urgence : engendrer l’apathie et la « non-participation » que la très conservatrice Commission trilatérale identifiait, dès 1975, comme essentielles au « fonctionnement efficace d’un système démocratique »…

- Le rêve égalitaire de la société finlandaise, Philippe Descamps
- L’enseignement professionnel, cul-de-sac ou ligne de front ?, Gilles Moreau
- L’ardent défi des maîtres sénégalais, Maurice Lemoine
- Pour une « école commune », J.-P. T.
- Former les citoyens ou les cultiver ?, Franck Lepage
- Pour ne plus avoir peur de perdre, Valter Pomar

Iconographie
Cartographie
Portraits
Textes de référence
Extraits littéraires

Extrait de monde-diplomatique.fr : Feu sur l’école

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